Le gouvernement suspend pour six mois la hausse de la fiscalité sur le carburant et les tarifs du gaz et de l'électricité n'augmenteront pas pendant l'hiver. Les annonces d'Edouard Philippe sont diversement accueillies en Bourgogne.
Les principales annonces
Le gouvernement suspend pour six mois la hausse de la fiscalité sur le carburant et les tarifs du gaz et de l'électricité n'augmenteront pas pendant l'hiver, a affirmé le Premier ministre lors d'une allocution télévisée depuis Matignon, mardi 4 décembre 2018. Il a également annoncé que la concertation locale sur la transition se tiendra du 15 décembre au 1er mars."Fixer le cap et le tenir est une nécessité pour gouverner la France, mais aucune taxe ne mérite de mettre en danger l'unité de la Nation", a souligné le chef du gouvernement, ajoutant qu'il "faudrait être sourd" pour ne "pas entendre la colère" des Français.
"Le gouvernement a fait des propositions. Peut-être sont-elles insuffisantes, ou inadaptées. Les solutions doivent être différentes dans les grandes villes et les campagnes. Parlons-en, améliorons-les. Complétons-les. J'y suis prêt", a déclaré Edouard Philippe.
Les réactions
• Gilets jaunes : les premières réactions sont mitigées en Bourgogne. Reportage au Creusot et à Fontaine-les-Dijon de Christophe Tarrisse et Romy Ho-A-Chuck.• Les travaux publics : vent debout depuis l’annonce en septembre dernier, de la suppression des tarifs réduits de taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TCPE) au 1er janvier 2019, ils étaient prêts à entrer dans le mouvement. Pour les entreprises du secteur, cette suppression risquait d'entraîner une forte hausse des coûts et donc, une baisse des investissements.
Vincent Ducroux, directeur général Sivignon TP à Vandenesse-les-Charolles, en Saône-et-Loire, estime que ces mesures vont dans le bon sens.
• Du côté de l'opposition :
François Sauvadet, président (UDI) du Conseil départemental de Côte-d'Or "regrette le jusqu'au-boutisme affiché par Emmanuel Macron et son Premier ministre. Car ce qui aurait sans doute permis de désamorcer la crise et calmer les gilets jaunes au début du conflit risque de ne pas suffire maintenant que la chienlit s'est installée et que la colère est à son comble.
Selon lui, il faut "réformer l'Etat, et vite !"
Si on veut baisser les impôts tout en maintenant un haut niveau de services publics, il est impératif de s'attaquer à la réforme du pouvoir central. C'est la mère des réformes. Toute autre réforme sera vouée à l'échec. Et s'apparentera à mettre un cautère sur une jambe de bois. Un sparadrap pour une hémorragie interne.
Guillaume Larrivé député (LR) de l'Yonne, somme le président "de ne pas briser le contrat social".
"La paix civile ne tient que si le contrat social a encore un sens. Que le président de la République prenne garde à ne pas le briser et à provoquer, demain, les prémices d'un désastre".https://t.co/b61XvQGcT9 pic.twitter.com/ihYoowQsRX
— ?? Guillaume Larrivé (@GLarrive) 4 décembre 2018
Alain Houpert sénateur (LR) de Côte-d'Or s'interroge sur le dispositif de sécurité et la "doctrine d'emploi des forces de l'ordre."
« Ils vont changer leur doctrine d’emploi des forces de l’ordre en cas de danger » ça veut dire qui doctrine ? pic.twitter.com/z3bJ37gpZ2
— Alain Houpert (@alainhoupert) 4 décembre 2018
Pour Julien Odoul, président du groupe Rassemblement National au Conseil régional, "le gouvernement se trompe s'il pense que tout le monde va rentrer à la maison avec un petit moratoire."
Si le gouvernement pense qu’il va faire rentrer tout le monde à la maison avec un petit moratoire sur les hausses de taxes, il se trompe lourdement. Pour le peuple, c’est un préalable et non une fin en soi. #GiletsJaunes
— Julien Odoul (@JulienOdoul) December 4, 2018
• Du côté de la majorité
François Patriat, sénateur de Côte-d'Or et chef de file des sénateurs LREM, dénonce une "volonté de putsch" par une minorité dans le mouvement des "gilets jaunes". L’élu de Bourgogne critique aussi certains responsables politiques de droite comme de gauche, qui sont dans une ambiguïté extraordinaire, n'appellent pas à ce que cessent les manifestations" et "l'état de guerre civile".
Jean-Baptiste Lemoyne, Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères et ex-sénateur LR de l’Yonne.
"On est sur la voie d'une forme de totalitarisme qui ne dit pas son nom et c'est très inquiétant", déclare-t-il. "Il y a un moment où pour dialoguer il faut être deux."
Raphaël Gauvain député (LREM) de Saône-et-Loire, reprend les propos d'Edouard Philippe sur "la colère de la France qui peine à joindre les deux bouts."
#directPM???@EPhilippePM :
— Raphaël Gauvain (@Gauvain_Raphael) 4 décembre 2018
« Il faudrait être sourd et aveugle pour ne pas voir ni entendre cette colère. Je l’entends et j’en mesure la réalité, la force et la gravité. C’est la colère de la France qui travaille dur et qui peine à joindre les deux bouts. »#GiletsJaunes pic.twitter.com/8d4c3yIemO
Fadila Khattabi députée (LREM) de Côte-d'Or, a assisté mardi 4 décembre au matin à la réunion de groupe à l'Assemblée, lors de laquelle le Premier ministre a présenté les mesures. Elle estime "que la situation est grave (...) et qu'il faut donner des signes d'apaisement afin de renouer le dialogue.
Perrine Goulet députée (LREM) de la Nièvre reprend le détail de ces mesures.
De même que Didier Martin député (LREM) de Côte-d'Or, pour qui il faut "empêcher le désordre public".
#DirectAN ▶️@EPhilippePM fera des annonces cet après-midi.
— Didier Martin (@dmartindijon) 4 décembre 2018
Pour répondre à la colère des Français qui travaillent et qui ne veulent pas "basculer" dans la pauvreté.
Pour empêcher le désordre public, œuvre des casseurs et de ceux qui se laissent entraîner vers la violence. pic.twitter.com/DktidQ8I5E
Ce mercredi 5 décembre, les quatre députés En Marche de Côte-d'Or appellent dans un communiqué commun à saisir "la main tendue du Premier ministre".
"Les annonces du Premier ministre sont un signal fort d’apaisement et un premier pas décisif vers une grande concertation nationale dans tous les territoires, indiquent-ils. Les gilets jaunes de Côte-d’Or que nous avons reçus et rencontrés sur le terrain et dans nos circonscriptions respectives ont exprimé leur désarroi et leur colère. La levée de l’augmentation des taxes sur le carburant était la condition préalable à la reprise du dialogue. Depuis hier, c’est chose faite".
Ils ajoutent : "La main tendue du Premier ministre doit être saisie. Tout en maintenant le cap des réformes qui permettront la transition écologique et énergétique de la France, Édouard Philippe entend la colère profonde et légitime des Français."