La hausse du chômage en Franche-Comté pousse de nombreux frontaliers à candidater en Suisse

Chez notre voisin helvète, la conjoncture n'est pourtant pas meilleure qu'en Franche-Comté. Mais les jobs des frontaliers en Suisse sont moins menacés qu'avant en cas de mauvaise conjoncture. Explication du phénomène avec deux experts. 

Si le chômage a légèrement baissé au mois de mai en Bourgogne-Franche-Comté (-2,5%), le nombre de personnes en recherche d'emploi reste très élevé. Avant les mesures de confinement liées à l'épidémie de Covid-19, il y avait moins de 120 000 chômeurs dans la région selon les chiffres de Pôle Emploi. En mai, ils étaient plus de 150 000 à chercher un travail. En Franche-Comté, les départements frontaliers ont également enregistré de fortes hausses. Il y avait 9 690 demandeurs d'emploi en mars dans le Jura, contre 12 400 en mai. Dans le Doubs, ce chiffre a grimpé de 26 090 à 33 410 chômeurs. 
 
Pour les frontaliers francs-comtois voisins de la Suisse, le marché de l'emploi helvète où le taux de chômage reste beaucoup plus bas qu'en France ressemble donc à un eldorado. Ce que confirme David Talerman, le fondateur du très populaire site web travailler-en-suisse.ch. "Sur notre site, on constate une hausse significative du nombre de demandes de candidats qui souhaitent rédiger un CV pour l'adapter au marché Suisse ou suivre un tutoriel pour mieux connaître les exigences des recruteurs suisses", confie t-il. 


Les frontaliers ne servent plus de mesure d'ajustement en Suisse

Pourtant, le marché du travail fait également grise mine en Suisse avec les dégâts économiques provoqués par l'arrivée du nouveau coronavirus. Mais pour Sylvain Weber, chercheur à l'Institut de recherches économiques de l'université de Neuchâtel, les frontaliers payent moins les pots cassés qu'il y a quelques années en cas de conjoncture difficile. 
 

"Dans les années 80, 90, les frontaliers servaient de tampon en cas de crise économique. Ils perdaient plus facilement leur emploi que les nationaux dans les entreprises suisses. Cela devient de moins en moins vrai. Aujourd'hui, la Suisse emploie une main d'oeuvre frontalière beaucoup plus qualifiée qui est plus pérenne sur le marché du travail".

Sylvain Weber, chercheur à l'université de Neuchâtel


Selon l'économiste suisse, la montée du chômage à l'échelle européenne entraîne très probablement "une hausse des postulations de frontaliers pour des emplois en Suisse", notamment parmi les actifs francs-comtois. Même s'il n'y a pour le moment pas de chiffres officiels pour le confirmer. 

"On a encore pas mal de gens qui entrent en Suisse"

À partir des offres d'emplois d'employeurs suisses qu'il enregistre sur son site, David Talerman constate lui que certains employeurs helvètes recrutent toujours en France malgré la crise. "Le chômage n'est pas du tout homogène selon les secteurs. On a encore pas mal de gens qui entrent en Suisse car il y a des portes qui s'ouvrent tout de même". Auteur du livre "Travailler et vivre en Suisse", David Talerman constate aussi une hausse des ventes de ce guide pratique pour les résidents et frontaliers. "Avec la demande actuelle, nous avons imprimé une sixième édition de l'ouvrage", note t-il.

Comme quoi, il y a toujours des gagnants en période de crise. 
 
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