Mardi 23 avril 2024, plus de 400 personnes, en cure aux thermes de Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône), ont participé à un exercice incendie. L'opération les a conduits dehors, en maillots de bain, sandales et peignoirs, sous une météo assez fraîche. Une mésaventure qui a suscité le mécontentement de certains clients. La direction juge, elle, ces réactions disproportionnées.
Ils étaient venus pour se prélasser et prendre du plaisir. Mais pour certains, la balnéothérapie s'est transformée en douche froide. Mardi 23 avril, le centre thermal de Luxeuil-les-Bains, institution historique de Haute-Saône, avait prévu d'effectuer un exercice incendie.
Rien d'exceptionnel jusque-là. L'opération était même prévue depuis de longues semaines, et, selon les dires du directeur des lieux, Eric Chavanne, s'est "très bien déroulée". "Vers 11h45, nous avons demandé à nos 430 curistes et aux 70 membres de notre personnel de quitter les thermes pour se réunir dans la cour extérieure" explique-t-il. "On l'a fait dans les conditions du réel, très rapidement. J'en suis très satisfait, même si quelques-uns ont pu grogner".
Dans le froid pendant plusieurs minutes
C'est peu de le dire. En effet, plusieurs curistes se sont indignés de la façon dont a été mené cet exercice incendie, soutenant à France 3 Franche-Comté avoir été obligé de "se tenir dans le froid pendant plusieurs minutes avec des peignoirs trempés". C'est le cas de Chantal *. Âgée de 65 ans, cette Haut-saônoise dénonce les conditions de cette opération, réalisée alors que le matin même, on trouvait des températures négatives dans tout le département. Le mercure était descendu par endroits à -3 degrés en cette fin d'avril.
On a entendu une alarme. On est sorti des bains pour enfiler nos peignoirs, puis on nous a fait sortir par un escalier, à l'arrière. On avait nos maillots de bain mouillés, nos sandales, et je suis sortie alors qu'il devait faire 7 degrés.
Chantal*
Après cinq minutes "dans un froid glacial", Chantal* est alors revenue à l'intérieur et n'a pas voulu se rendre au point de ralliement. "Il aurait fallu faire le tour de l'établissement" reprend-elle. "Avec cette météo, je ne pouvais pas. Certaines personnes n'ont même pas voulu sortir. Certains encadrants de l'exercice se sont alors adressés à nous de manière véhémente, en nous disant qu'on était obligé d'y aller, qu'en cas d'incendie, nous n'aurions pas le choix ou alors qu'on était des râleurs".
"On pouvait très bien faire le test sans sortir dehors"
La sexagénaire précise que certains curistes présents à ses côtés "étaient plus âgés que moi et d'une santé fragile. La plupart des curistes ont des soucis de santé. Il aurait fallu s'adapter". "J'entends bien qu'il est important de s'exercer" continue-t-elle. "Mais au vu des conditions climatiques, on pouvait très bien nous arrêter devant les portes, à l'intérieur et nous indiquer le point de ralliement, sans nous y traîner". Après plusieurs minutes de discussions houleuses, Chantal* et les curistes réfractaires ont pu rester à l'intérieur.
Du côté de la direction, on estime que ces témoignages sont "exagérés, déformés et amplifiés". "Certains ne voulaient pas sortir, c'est vrai" estime Eric Chavanne, le directeur de la station thermale. "Mais ils ne se rendent pas compte de l'importance de ce type d'exercice. Grâce à cela, des vies peuvent être sauvées en cas d'incendie. Et puis il était impossible de le reporter".
La date et horaire de l'exercice ont été décidés par les pompiers présents, permettant ainsi une formation optimale et dans des conditions réalistes des équipes des Thermes de Luxeuil.
Réponse des thermes de Luxeuil-les-Bains à un mail de Chantal*
Eric Chavanne affirme également que son équipe a "distribué des peignoirs secs" à tous les curistes, ce que Chantal* dément. "Ce n'a pas été mon cas" s'exclame-t-elle. "Et bizarrement, je suis tombée malade à la suite de cet événement. J'étais en cure depuis une semaine, mais depuis deux jours, je reste chez moi avec une bonne grippe, et je pense que c'est lié à cet exercice".
Malgré une dizaine de séjours déjà effectuée aux thermes de Luxeuil, Chantal*, n'y mettra "plus les pieds, et je ne suis pas la seule". "C'est dommage, le personnel et les soins sont très bien" regrette-t-elle. "Et quand j'entends les justifications de la direction... J'invite donc le directeur à faire l'expérience et à sortir en maillot de bain mouillé, en sandale et en peignoir, avec le même temps. Il changera peut-être d'avis".
Pour rappel, les établissements publics et privés recevant du public ont l'obligation d'effectuer des exercices incendies tous les ans. Si la météo du jour s'est avérée plus hivernale que printanière, ces opérations permettent de réaliser de précieux entraînements, afin que sapeurs-pompiers et salariés des lieux puissent réagir au mieux et au plus vite si un incendie se déclenchait réellement.
*Le prénom a été modifié