La BA-116 installée en Haute-Saône est pointée du doigt par une enquête du Monde pour sa forte contamination aux PFAS. Ces substances chimiques aussi connues sous le nom de polluants éternels, favorisent l'apparition de maladies graves telles que le cancer ou encore l'obésité.
« La Base aérienne 116 ‘Lieutenant-colonel Tony Papin’ de Luxeuil Saint-Sauveur n’est pas producteur de PFAS », tient à préciser la BA-116, dans un communiqué, ce mercredi 1er mars. Une réaction attendue puisque le site de Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône) figure dans l'enquête du Monde réalisée avec 16 autres médias européens. D'après la journaliste Stéphane Horel qui a publié le long papier, la BA-116 se situe « à proximité d’un des endroits où la contamination aux PFAS est la plus élevée de tout le pays ».
Les PFAS, substances per- et polyfluoroalkylées, sont appelés « polluants éternels », puisqu'ils se dégradent très difficilement. Ces perfluorés, utilisés aussi bien pour des revêtements de poêle que pour des emballages alimentaires, semblent liés à l’apparition de pathologies telles que le cancer, l’obésité ou les troubles de la thyroïde. En Franche-Comté, l'usine Solvay de Tavaux fait aussi partie des hots spots, c'est-à-dire des lieux où la concentration en PFAS est supérieure à 100ng/L, à savoir un seuil jugé « dangereux » pour la santé humaine par les autorités européennes.
Des mousses anti-incendie pointés du doigt
Prélèvements de l'ARS à l'appui, la BA 116 confirme être à proximité d'une zone à « une forte concentration de PFAS ». Tout en ajoutant que « l’ANSES [avait] émis l’hypothèse que l’utilisation d’émulseurs anti-incendie sur l’aire de feu de la BA116 pourrait en être à l’origine ». Les mousses anti-incendie comportent en effet des polluants éternels, utilisés pour ses propriétés ignifuges. La BA 116 précise que « ces produits ne sont plus utilisés sur la BA116 depuis plus d’une quinzaine d’années, le processus en cours est transparent ».
Grands utilisateurs de mousses anti-incendie de type B pour éteindre les feux d’hydrocarbures, les bases militaires comportent un plus grand risque de contamination en raison de la fréquence des exercices d'entraînement. Dans un entretien accordé à France 3 Franche-Comté, la journaliste du Monde Stéphane Horel avait confirmé que la grande majorité des hot spots connus et sous surveillance à travers l’Europe étaient dus « à l’usage de ces mousses anti-incendie ».
Le commandement de la base aérienne affirme que « toutes les analyses qui ont été réalisées sur la BA 116 n’ont pas révélé de concentration particulière de PFAS, d’autres recherches vont se poursuivre », et garantit que la BA 116 « participe régulièrement à des comités de pilotage PFAS à la Préfecture de Haute-Saône ». Et de conclure : « La BA 116 s’engage à continuer à collaborer pleinement à des campagnes de prélèvements au sein du site militaire avec les organismes concernés et les collectivités locales. En l’absence de certitude sur l’origine de la pollution, les études se poursuivent et la base est engagée au côté des différentes institutions. »
Six fois plus de PFAS que le seuil jugé dangereux
Le principal lieu de contamination identifié à proximité de la base aérienne est Breuches-les-Luxeuil, un puits qui alimente 3 500 habitants des 15 communes alentours. Sollicitée par le journaliste de France 3 Franche-Comté Emmanuel Rivallain, l’Agence régionale de Santé de Bourgogne-Franche-Comté écrit avoir mis en place « une surveillance des PFAS au niveau de trois captages de la nappe du Breuchin fournissant de l’eau à destination de la consommation humaine ».
Parmi les trois captages, le taux de concentration en PFAS de celui de Sainte Marie dépasse largement la limite fixée par les autorités européennes, atteignant jusqu'à 625ng/L soit six fois plus que le seuil jugé dangereux. Sur les neuf mesures, les deux autres puits dépassent plusieurs les 100ng/L. L'ARS précise que « 12 molécules de PFAS sont recherchées ». Il en existe plus de 5000.
L'autorité sanitaire assure mener « un travail commun » avec les services de l'Etat pour « mieux évaluer cette contamination et définir les mesures de gestion pour rétablir la qualité de l’eau ». L'ARS affirme ainsi que « des études ont été engagées afin de définir le fonctionnement de la nappe, de situer le panache de contamination, d’en identifier la ou les sources et de prévoir dans un second temps des mesures de gestion. » Si les perfluorés ne sont pas encore recherchés dans les eaux destinées à la consommation humaine, ils le seront « à partir de janvier 2026 ».