Ce mercredi 21 février 2024, Gabriel Attal a annoncé l'élaboration d'une nouvelle loi Egalim pour une rémunération plus juste des agriculteurs. Des annonces fortes du Premier ministre qui n'ont pas manqué de faire réagir le milieu agricole en Haute-Saône.
Sa prise de parole était très attendue. Comme on pouvait s'y attendre, le discours de Gabriel Attal à l'hôtel Matignon était majoritairement tourné vers les agriculteurs, dans l'espoir de calmer leur colère. Le successeur d'Élisabeth Borne a annoncé qu'un nouveau projet de loi Egalim est en cours, et sera présenté dans quelques mois.
Une nouvelle loi pourrait-elle être la réponse aux difficultés rencontrées dans le monde agricole ? Marc Saumont, président de la coordination rurale de Haute-Saône, n'y croit pas vraiment. Selon lui, il faut premièrement appliquer les mesures déjà mises en place avec le texte actuel. "La loi Egalim 4 est une machine à gaz. Beaucoup d’annonces, une colère assez légitime, la population avec nous... Mais rien n’a bougé. Il n’y a pas besoin de pondre des lois à rallonge, juste respecter les clauses actuelles", justifie-t-il.
La matière première qui rentre en France doit respecter les normes du pays.
Marc SaumontPrésident de la coordination rurale de Haute-Saône
En cause, la protection de la matière première française. "On ne peut pas laisser rentrer ce qui ne correspond pas à nos normes, il faut lutter contre cette concurrence déloyale. Si on n’a pas le droit de produire en France, pourquoi on en laisse rentrer ? Ça résoudrait beaucoup de choses."
Xavier Jarrot, secrétaire général FDSEA 70 et administrateur à la fédération nationale des producteurs de lait, préfère attendre avant de se prononcer sur ce nouveau projet de loi. "Ça peut nous rassurer, si la loi est réellement appliquée. Il faut construire le prix depuis le producteur. Il doit être défini par lui, et ça doit faire le prix du fromage avec la transformation et la distribution derrière. Il faut un renforcement des contrôles sur la distribution et la transformation pour voir si le producteur touche bien ce qu’il doit toucher."
La loi Egalim 4 sur trois axes majeurs
Et Gabriel Attal semble l'avoir entendu. Le Premier ministre a dégagé trois enjeux majeurs dans l'élaboration de cette nouvelle loi, dont la construction du prix en marche avant. "On ne peut pas accepter qu’un industriel conclue un prix avec un distributeur avant de se retourner vers le producteur et lui imposer ce prix. La construction du prix doit partir d’abord du producteur avec l’industriel, puis ensuite la grande distribution", indiquait-il à l'hôtel Matignon.
La place des indicateurs de coûts de production va également être revue. "Ils doivent être plus centraux dans la construction du prix."
🔴 "Nous agissons pour mettre en place un dispositif Egalim au niveau de l'Union européenne"
— franceinfo (@franceinfo) February 21, 2024
Gabriel Attal s'exprime depuis Matignon
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Dernier sujet, les centrales d’achats européennes. "Il faut renforcer le poids de nos agriculteurs dans les négociations commerciales et améliorer leurs revenus." Un dispositif Egalim sera également mis en place au niveau de l’Union Européenne. "Le chantier a été ouvert par la commission européenne, pour lutter contre les pratiques abusives et régler la question des centrales d’achats européennes que certains utilisent pour contourner la loi française."
Arnaud Gaillot, admet une certaine avancée depuis le début du mouvement. Le président national des Jeunes agriculteurs, également franc-comtois, a pris la parole depuis Paris. "Comme Gabriel Attal l'a reconnu lui-même, bien sûr que ça ne va pas assez vite pour nos agriculteurs. Chaque jour qui passe est un jour de trop. Mais nous serions aussi malhonnêtes de ne pas reconnaître que les choses bougent et qu’elles tendent à aller vers le bon sens."
Ce dernier attend toutefois une prise de position ferme du président de la République, qui doit se rendre au Salon de l'agriculture samedi 24 février. Pendant ce temps, les actions se poursuivent en Haute-Saône. Pour rappel, dans la nuit de mardi 21 à mercredi 22 février, une trentaine de producteurs a vidé un camion-citerne de Lactalis transportant 28 000 litres de lait, près d'un site de collecte à Vallerois-le-Bois. Mécontents de leur rémunération, les manifestants ont déversé le liquide dans un champ et récupéré une partie pour nourrir leurs animaux.