Ce 31 juillet 2024, le tribunal de commerce de Dijon (Côte-d'Or) a approuvé la reprise de l'entreprise Metalliance, ancienne filiale du groupe Gaussin, par une société franco-américaine. Une décision qui fait peur aux salariés Gaussin du site d'Héricourt (Haute-Saône) qui accuse les repreneurs de Metalliance de vouloir "voler leur travail".
La décision du tribunal de commerce de Dijon (Côte-d'Or) est tombée ce 31 juillet, aux alentours de 16h. La fin d'un dossier long de plusieurs mois, qui a défrayé la chronique. Ce mercredi, les juges ont approuvé l'offre de rachat de l'entreprise Metalliance, basée à Saint-Vallier (Saône-et-Loire) par l'homme d'affaires Steve Filipov, tête de gondole de la société franco-américaine Corail-SM.
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Une bonne nouvelle pour les salariés saône-et-loiriens, puisque Steve Filipov, joint par France 3 Franche-Comté, assure "conserver 145 emplois et investir 10 millions d'euros". Mais une catastrophe pour les 74 travailleurs haut-saônois du groupe Gaussin, sur le site d'Héricourt. En effet, Metalliance était, avant son rachat, une filiale de Gaussin, qui y faisait construire sa spécialité, c'est-à-dire des véhicules logistiques électriques.
"C'est rageant"
Les travailleurs de Haute-Saône sont ainsi persuadés que les nouveaux acquéreurs de Metalliance leur "voleront leur travail pour les remplacer". "Nos machines sont là-bas, nos stocks sont là-bas, une partie de nos plans est là-bas" énumère Nathalie Pelissard, représentante du CSE des salariés d'Héricourt. "M.Filipov avait voulu reprendre en premier notre entreprise. Et puis on retrouve notre ancien distributeur, qui connaît tous nos clients, tous nos marchés, dans sa nouvelle société".
C'est choquant, rageant. Notre justice a permis un vrai piratage industriel. Ils n'ont pas tenu compte de notre mobilisation. C'est un coup dur.
Nathalie Pelissard,représentante du CSE des salariés d'Héricourt
Les salariés de Gaussin s'étaient en effet mobilisés pour faire entendre leurs inquiétudes. Manifestation devant le tribunal de commerce dijonnais, entrevues avec des hommes politiques locaux... Ils réclamaient, tout comme la direction de leur entreprise, que la chaîne de production et les stocks des véhicules logistiques soient ramenés en Haute-Saône. Ce à quoi s'opposaient les repreneurs.
"Je ne suis pas un financier" assure le repreneur de Metalliance
Finalement, seules trois machines repartiront à Héricourt. "On garde le stock" assure Steve Filipov. "On fera l'inventaire et on part au combat dès demain". Et l'homme d'affaires nie tout "vol de savoir-faire". "La justice a tranché : il n'y a aucune atteinte à la propriété intellectuelle. Je ne suis pas un financier, je suis un industriel ancré dans le territoire. Je ne suis pas venu en priorité pour les véhicules logistiques, mais aussi pour la tunnellerie, activité principale de Metalliance".
Il faut arrêter les fausses informations. La production va rester en France. Nous sommes ici sur le long terme.
Steve Filipov,repreneur de l'entreprise Metalliance
Quid de l'avenir du site Gaussin d'Héricourt, alors que l'entreprise est déjà en difficulté financière ? Les salariés ont peur de perdre leur emploi, mais ne veulent pas verser dans la sinistrose. "On encaisse, mais on ne veut pas se laisser abattre" reprend Nathalie Pelissard. "On va continuer à pousser pour montrer qu'on est victime d'une basse-manœuvre. On va tout donner pour trouver un nouveau plan de production, de nouvelles activités, pour arriver à reprendre le travail normalement à la rentrée".
Privée de son activité phare, la construction de véhicules logistiques électriques, le site d'Héricourt arrivera-t-il à survivre ? Voilà la question. Contactée par France 3 Franche-Comté à l'issue de la validation du rachat de Metalliance, la direction du groupe Gaussin ne nous avait pas encore répondu avant la publication de cet article.