11 NOVEMBRE. "Cette transmission de la mémoire, ce sont les jeunes qui doivent l’assumer" : 105 ans après la fin de la première Guerre mondiale, quel sens aux commémorations ?

Ce samedi, 11 novembre 2023, ce sera la 105ᵉ fois que l'Armistice de la Grande Guerre de 14-18 sera célébré, avec un hommage rendu aux Poilus et, depuis 2012, à tous ceux qui sont morts pour la France. Les jeunes prennent le relais de la mémoire.

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Jour de commémoration de l'armistice de la Première Guerre mondiale, le 11 novembre s'est au fil de la décennie peu à peu transformé. Désormais journée d'hommage à tous les morts pour la France, le jour férié et ses cérémonies sont devenus un rendez-vous pour les acteurs mémoriels. Avec une question : comment transmettre ce devoir de mémoire aux générations futures ?

Le 11 novembre marque chaque année l'anniversaire de l'Armistice de la Première Guerre mondiale, le 11 novembre 1918. On y célèbre tous les ans la victoire et la paix, et on y rend un hommage à tous les "Poilus", les soldats morts pendant les quatre années du conflit.

Depuis 2012, sous l'impulsion du président de la République d'alors, Nicolas Sarkozy, l'hommage rendu s'étend également à tous les morts pour la France, des conflits anciens ou actuels. De cette façon, sont honorés aussi tous ceux décédés lors d’opérations extérieures, les Opex.

Le centenaire de la Flamme du souvenir

Cette année, en 2023, ce 11 novembre prend une couleur particulière : on célèbre le centenaire de la Flamme du souvenir de l’Arc de Triomphe. En 1923, deux ans après l'inhumation du soldat inconnu, représentant tous les soldats anonymes de la Grande Guerre, sous l'Arc de Triomphe, le ministre de la Guerre, André Maginot, y allume pour la première fois la Flamme du Souvenir.

Désormais élément central des cérémonies du 11 novembre, cette flamme du souvenir sera présente cette année le 11 novembre lors des cérémonies dans chaque ville préfecture du territoire national.

Le 26 octobre, des jeunes de Haute-Saône, sont allés chercher la Flamme à Paris et l’ont ramenée dans une lampe tempête. Cette Flamme du Souvenir a été honorée mercredi 8 novembre à Luxeuil-les-Bains, le jeudi 9 à Lure et vendredi 10 à Vesoul. Ces jeunes, cadets de la gendarmerie et équipiers de "Air Jeunesse de Luxeuil", participeront à la soirée de commémoration vendredi 10 novembre et à la cérémonie du 11 novembre. Ils doivent allumer la vasque du monument aux Morts.

François Eschbach, directeur de l’ONACVG, (Office National des Combattants et Victimes de Guerre) de Haute-Saône, se félicite de la mobilisation des jeunes : "Nous avons beaucoup de jeunes qui participent aux cérémonies commémoratives comme le 8 mai et le 11 novembre" déclare-t-il. "Tout dépend de l’engagement des enseignants et des chefs d’établissement. De plus, les jeunes ont généralement besoin de leurs parents pour les conduire, donc, ils les emmènent également…"

Un passage de relais pour les années à venir

"Faire passer la flamme" mais, cette fois-ci, de la mémoire : c’est l’objectif du Lieutenant-Colonel Bernasconi qui intervient régulièrement dans les collèges, auprès des élèves de troisième dans le Jura.

Ce militaire y a échangé pendant trois heures avec les jeunes : "je parle du rôle de la défense, des responsabilités du président de la République et du Parlement, du drapeau français ou encore de la Marseillaise ou du défilé du 14 juillet qui montre la subordination de l’armée au représentant du peuple, à savoir le président de la République" énumère-t-il.

Il affirme que les adolescents sont attentifs et réceptifs, surtout depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie : "Je ne suis pas encore intervenu depuis le 7 octobre, date de l’attaque du Hamas en Israël, mais les enseignants me disent que depuis presque deux ans maintenant, date du début de la guerre en Ukraine, les jeunes sont inquiets." 

Les jeunes discutent plus de ces sujets, ils manifestent davantage d’intérêts

Lieutenant-Colonel Bernasconi

D’ailleurs, signe qui ne trompe pas : David Bernasconi est de plus en plus sollicité par les collèges et les professeurs. Plus de 80 % des collèges du Jura ont fait appel à lui.

Des voyages scolaires lourds de sens et indispensables

L'association "Souvenir Français" se tourne également vers les jeunes. Cette association mémorielle a pour but principal l’entretien des tombes des soldats et des stèles. Mais, elle œuvre aussi pour le "devoir de mémoire", pour que les plus jeunes générations prennent le relais alors que les acteurs-témoins de ces périodes de guerre sont décédés.

Luc Barthelet, responsable départemental pour le Jura, a assisté à la disparition de l'une de ces générations : "mes grands-parents avaient combattu en 14-18. J’avais avec eux un lien, je les ai connus, j’ai eu des témoignages directs de leur part" se souvient-il. "Ils ne sont plus là pour raconter, ceux de 39-45 non plus, dans la plupart des cas. Même ceux qui ont fait la guerre d’Algérie disparaissent peu à peu".

Cette transmission de la mémoire, ce sont les jeunes qui doivent l’assumer.

Luc Barthelet, responsable du Souvenir Français dans le Jura

L'association s'appuie sur d'autres modes de transmissions de ce souvenir : "nous finançons, en partie, des voyages scolaires sur des lieux de mémoire comme autour de Verdun, au musée de la Résistance et la Déportation de Besançon, ou, plus loin, dans des camps de concentration" explique Luc Barthelet

Pour mieux connaître les lieux de mémoire près de chez soi

Dans les quatre départements de Franche-Comté, des monuments évoquent les dernières guerres, de 1870-1871, la Première Guerre mondiale, ou la Seconde Guerre mondiale, avec des faits de résistance ou encore des hommages aux hommes et aux femmes morts en déportation.

Par exemple, les nécropoles militaires ont accueilli les corps des soldats morts au combat. À noter, celle de Rougemont, dans le Doubs, celles de Belfort et de Morvillars dans le Territoire de Belfort. À voir sur le site des Chemins de Mémoire. Ou encore un reportage sur les Monuments aux Morts du Doubs.

Ne pas oublier de commencer la visite des lieux emblématiques par le Musée de la Résistance et de la Déportation qui a rouvert ces portes à Besançon après plusieurs années de travaux.

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