Dans le département du Jura, à Villers-les-Bois, un agriculteur a retrouvé un veau dévoré ce mardi 29 novembre. Pour lui, c’est le loup, pas de doute. Les analyses de l’Office Français de la biodiversité sont en cours.
La colère et le ras-le-bol. Nicolas D. est un jeune agriculteur de 28 ans. Ce mardi 29 novembre au matin, sur la commune de Villers-les-Bois entre Dole et Poligny, il a retrouvé un veau totalement décharné. “Un veau de trois mois, il était resté dehors avec quelques vaches que je n’ai pas pu rentrer. Toutes mes bêtes étaient pour l’hiver à l’étable. On l’a retrouvé ce matin dans un pré, dans des buissons, il est sans doute mort depuis plusieurs jours” confie l’éleveur.
"Pour les services de l'Etat, L'animal n'avait pas été vu vivant par l'exploitant depuis plusieurs jours. Dans ces conditions, il n'est pas évident qu'il sera conclu à une prédation. Néanmoins, l'éleveur concerné bénéficie d'ores et déjà d'un arrêté de "tir de défense simple" (TDS) en cours de validité, à la suite de deux constats effectués en octobre dernier" nous indique la préfecture du Jura.
Depuis le mois d’octobre, cet agriculteur a perdu quatre bêtes. Pour la première, il n’a pas sollicité d’expertise. Pour les deux autres, la piste du loup s’est avérée exacte, dit-il. “Lundi soir, le loup, je l’ai vu, il était 21h15, quand je suis allée dans la parcelle, il a fini par repartir. Le loup était à 50 mètres des habitations”.
L’agriculteur se dit écœuré par cette nouvelle perte.
Ce sont des animaux de rente, certes mais on aime nos animaux, on ne les élève pas pour que cela se finisse comme ça.
Nicolas, agriculteur dans le Jura
Comme le veut la procédure, il sera indemnisé. Un arrêté de tir de défense simple est en cours sur son exploitation. En cas de situation d’attaque, le loup pourra être tiré par les lieutenants de louveterie mandatés par la préfecture du Jura. “Je vais accepter ces tirs, si c’est le loup, il faut faire quelque chose” réagit l’éleveur de 28 ans qui pour l’instant était resté discret sur ces attaques. "Je pense que maintenant, les gens ont le droit de savoir, le loup, ça se passe à 100 mètres de habitations".
“Je ne suis pas contre le loup, je ne dis pas qu’il faut l’exterminer. Le loup n’a plus peur de l’homme. Il faut le chasser, et pour le chasser, il faut l’abattre, leur faire comprendre qu’il doit retourner dans les bois” confie l’éleveur à nos journalistes Emmanuel Rivallain et David Martin venus à sa rencontre.
Ce dernier craint maintenant pour ses bêtes pourtant rentrées à l’abri. “J’ai la crainte d’attaques. Le loup, je ne pense pas que ça va le déranger de rentrer dans les stabulations où il y a des bovins ou autres”.
Des attaques de loups qui se multiplient dans le Jura et le Doubs
Dans le Jura, comme dans le Doubs, les loups sont passés à l’attaque de multiples fois cette année.
Depuis de le début de l'année 2022, 17 constats ont fait l'objet d'une conclusion "prédation du loup non exclue" par les services de l’État dans le département du Jura.
Une trentaine d’attaques sont à déplorer depuis le début de l'été, rien que dans le Doubs, 26 bêtes ont été tuées au moins à la fin octobre, 25 blessées selon les derniers chiffres en notre possession fin octobre. Dans le Jura, la préfecture a prévu de recruter de nouveaux lieutenants de louveterie pour faire face à ces attaques. En France, 19% de la population de loups peut être tuée cette année. Ces tirs sont strictement encadrés, mais dénoncés par les associations qui estiment que ces tirs ne règlent rien et que la seule issue reste la protection des troupeaux.
Les agriculteurs du Haut-Doubs et Haut-Jura estiment pour beaucoup que cette protection est impossible au vu des configurations d’élevage de bovins dans les pré-bois et alpages. Ce mardi 29 novembre, des agriculteurs venus du monde entier se sont réunis en Isère pour demander le "déclassement" du prédateur protégé par la Convention de Berne et la directive Habitats de l’Union Européenne. Un statut qui en fait une espèce protégée.
La Suisse qui a fait une demande de rétrogradation du statut de protection du loup a vu sa demande rejetée ce mardi 29 novembre par la Convention de Berne, réunie à Strasbourg. La Suisse souhaitait faire passer le loup de la liste des "espèces de faune strictement protégées" à celle des "espèces de faune protégées.