Non à la haine de l'autre : à Dole, des citoyens arrachent les banderoles du collectif Némésis d'extrême droite

Un militant communiste, et d’autres personnes ont arraché la banderole “violeurs étrangers dehors” et des pancartes brandies par le collectif d’extrême droite Némésis lors du festival “Cirque et fanfares” dimanche 20 mai 2024 à Dole (Jura). Après la braderie de Lille et le carnaval de Besançon, les jeunes militantes poursuivent leurs interventions, malgré les plaintes déposées à leur encontre pour “incitation à la haine raciale”.

La scène dure quelques secondes. Alors que des spectacles étaient en cours, deux jeunes militantes du collectif ont déployé leur banderole : "Violeurs étrangers dehors". Le collectif Némésis qui établit le lien entre immigration et violences sexuelles en France, avait fait en sorte de filmer son action très vite relayée ensuite sur ses comptes réseaux sociaux.

Sur la courte vidéo, on voit un homme puis un autre s'en prendre à la banderole puis à des pancartes brandies par les jeunes femmes. Le premier homme à intervenir est un Bisontin, il a expliqué avoir agi seul au départ, puis avoir été rejoint par un autre homme. 

Jamais, je ne laisserais s’instaurer dans notre société la haine de l’autre, nos valeurs humaines et républicaines en dépendent.

Le militant du PCF qui est intervenu pour saisir la banderole

Le Progrès

Le militant qui a arraché la banderole en face de l'esplanade de la médiathèque est, depuis cette action, harcelé sur les réseaux sociaux. Il a déposé plainte pour harcèlement et menaces. Il a dû fermer ses comptes réseaux sociaux dès dimanche soir, indique Christophe Lime, bisontin et candidat pour le PCF aux élections européennes. “Je ne pensais pas qu’on irait vers un tel déferlement de haine, des messages de menaces de mort” estime ce dernier.

À chaque fois, les personnes, les élus qui s’opposent aux idées de Némésis subissent alors une forme de harcèlement. La maire de Besançon a déposé plainte au printemps, elle aussi pour cyberharcèlement après une action de Némésis. 

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Pourquoi avec cette banderole déployée à Dole, cibler les “violeurs étrangers” ? “L’objectif de notre association est de lever des tabous” justifie Alice Cordier, directrice du collectif. La militante estime faire partie d’une “génération qui a été marquée par le harcèlement sexuel”. Et de poursuivre : “On a décidé de se “spécialiser”, si vous me permettez ce terme, sur d’autres formes de violences dont on parle moins parce qu’il y a un gros tabou autour de la question migratoire”

Alice Cordier estime “mettre en avant une situation connue par beaucoup de Françaises et qui fait réagir”. Cette "situation" ne semble pas être la préoccupation principale des Français. Selon le dernier sondage Ipsos réalisé en mars 2024, l’inflation reste toujours en tête des préoccupations (43%) de Français. Les préoccupations à l’égard du contrôle des flux migratoires arrivent en quatrième position derrière les thèmes de la pauvreté/inégalités et de la criminalité/violence.

La responsable de Némésis annonce vouloir continuer ce type d’actions en dépit des enquêtes judiciaires en cours. “On vise tous les événements, qu’ils soient culturels, politiques, à partir du moment où il y a du monde et que l’on peut prévenir ces personnes-là sur la question de l’insécurité qui aujourd’hui malheureusement entache de plus en plus la vie des femmes” explique-t-elle. 

En avril 2024, lors de la session du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, le collectif Némésis avait reçu le soutien des élus d’extrême droite de la collectivité. Ils avaient brandi, eux aussi, des affiches avec le slogan "violeurs étrangers dehors". Si le président du groupe RN au conseil régional, Julien Odoul, estimait que cette inscription n'évoque "pas tous les étrangers", Marie-Guite Dufay, la présidente socialiste du conseil régional rétorquait que "l'amalgame 'il est immigré, donc violeur' était patent". La présidente avait suspendu la session suite aux pancartes.

En septembre 2023, Némésis avait déployé, quelques instants, des banderoles dénonçant "l’insécurité grandissante et l’islamisation de Lille". Trois militantes avaient été placées en garde à vue et la maire socialiste de Lille Martine Aubry avait alors déposé plainte pour “incitation à la haine raciale”. Même procédé cette fois-ci au carnaval de Besançon en avril dernier. Une poignée de militantes d’extrême droite avait déployé une banderole à partir d’une fenêtre et brandit des pancartes. Cette fois encore, la maire de la ville, Anne Vignot (EELV) dépose plainte, elle aussi, pour incitation à la haine raciale”.

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Les deux militantes de Némesis ont, dimanche 19 mai, pour cible un festival de cirques et fanfares, qui a réuni près de 40.000 personnes durant deux jours dans les rues de Dole dans une ambiance très familiale, festive. Une première banderole revendicative installée au dessus d'un appartement du centre-ville a été arrachée par des festivaliers avant que la police n’ait le temps d’intervenir, explique à France 3 Franche-Comté le maire de Dole, Jean-Baptiste Gagnoux (Les Républicains).

"Quelles que soient les revendications, dans un festival tel que Cirque et Fanfares qui se veut avant tout familial, la ville de Dole ne peut admettre ce genre d’actes. Ces deux individus n’avaient rien à faire sur le festival. La ville de Dole a donc décidé de déposer une plainte contre ce collectif pour "troubles à l’ordre public" réagit la mairie dans un communiqué. 

L’action de Némésis aura duré quelques minutes, mais elle inquiète cet élu de la République, car chaque action de Nemésis relayée par les médias donne une visibilité de plus à ce collectif.

On voit que ça reflète bien un climat ou les extrêmes montent… le problème, c'est qu’aujourd’hui, elles sont deux, et que dans un an, elles soient 15. À force ça va finir par des troubles et des bagarres.

Jean-Baptiste Gagnoux (Les Républicains)

Le parti communiste soutient ces citoyens qui s'opposent à la haine

Christophe Lime, élu à la mairie de Besançon et candidat aux européennes pour le PCF condamne fermement l’action menée à Dole par Némesis après celle du Carnaval de Besançon le 7 avril 2024” ou la même affiche “Violeurs étrangers dehors" avait été déployée en pleine rue. 

“Des propos qui font écho aux heures les plus sombres de notre histoire, dont la célèbre affiche rouge, lorsqu’elle fut tirée en tract, comportait un texte accusatoire associant étrangers et criminels”. Pour l’élu à la mairie de Besançon, les citoyens et ce militant du PC ont eu raison d’intervenir. “La première fois à Besançon, on a pu être surpris. Une deuxième fois sans rien faire, ça veut dire qu’on est complices” réagit Christophe Lime à France 3 Franche-Comté.

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