Depuis plusieurs semaines, des mutilations de chevaux et autres équidés ont lieu un peu partout en France. Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, s'est rendue dans l'Yonne, au Ranch de l'espoir où trois animaux ont été attaqués.
Il y a trois mois, le 16 juin 2020, Marine Le Pen faisait un rapide déplacement en Bourgogne, suite aux affrontements qui avaient opposé des ressortissants tchétchènes à des habitants du quartier des Grésilles, à Dijon, sur fond de trafic de drogue.
Ce jour-là, la responsable d'extrême droite avait été accueillie par des manifestants devant l'hôtel où elle donnait sa conférence de presse. Les policiers avaient dû faire usage de lacrymogènes pour que la présidente du Rassemblement national (RN) puisse entrer dans l'établissement.
Cette fois, c’est sous une étiquette beaucoup plus consensuelle que Marine Le Pen a placé cette nouvelle visite en Bourgogne, celle de la défense de la cause animale. La responsable du RN est venue apporter son soutien à un de ses sympathisants, Nicolas Demajean, propriétaire du Ranch de l'espoir, à Villefranche-Saint-Phal, où trois équidés ont été attaqués par des inconnus dans la nuit du 24 au 25 août.
Deux poneys notamment avaient été victimes de lacérations longues de 25 à 50 centimètres et le propriétaire du refuge animalier avait été blessé avec une serpette à l'avant-bras gauche.
Grâce à ses renseignements, les gendarmes ont pu dresser le portrait-robot d'un des agresseurs, mais les malfaiteurs courent toujours et de nouvelles atrocités ont été commises dans plusieurs régions de l'Hexagone.
En Bourgogne, la dernière victime de ces actes sadiques est une jument découverte morte à Champvoux, dans la Nièvre, le 18 septembre : l'animal a été retrouvé mutilé au niveau de la tête et des parties génitales.
Comment le RN veut améliorer la situation des animaux en France ?
Depuis, Nicolas Demajean se dit traumatisé, comme tous les propriétaires de chevaux. "Aujourd’hui on vit dans la peur. Il n’y a pas que moi, tout le monde vit dans la peur", dit-il. "Il faut que les politiques se bougent un peu plus. J’espère qu’avec la venue de Marine Le Pen, certains vont se réveiller, sortir un peu de leur coquille et venir sur le terrain, mais pas que chez moi, parce qu’il n’y a pas que moi qui ait été attaqué. "
Face à la multiplication de ces actes de barbarie, la présidente du Rassemblement national adopte une position conciliante.
"Il y a des réflexions à avoir, il y a des débats à avoir. Ces débats semblent être sur la table tant mieux. Il y a plusieurs personnes qui travaillent sur ces sujets, nous-mêmes au Rassemblement national nous y travaillons. Il y a des projets de référendum. Il y a des recommandations qui ont été faites il y a peu de temps par un sénateur En Marche que j’ai regardées avec intérêt. Donc, tant mieux.
Toutes ces initiatives vont dans le sens de réconcilier tous les amis des animaux, dans lesquels il y a aussi, évidemment, les agriculteurs, les chasseurs. Je pense que des millions de Français sont attachés à améliorer la situation des animaux dans notre pays. Il faut mettre tout le monde autour de la table et arriver à trouver des solutions, qui soient des solutions utiles ", a déclaré Marine Le Pen.
Reportage de Baziz Djaouti, Yoann Etienne et Carlos Zappalá à Villefranche-Saint-Phal (Yonne) le 21 septembre 2020
A quoi va servir la nouvelle association "SOS Chevaux mutilés" ?
En attendant, après avoir reçu de nombreux appels de propriétaires d’équidés, le propriétaire du Ranch de l'espoir a décidé de créer une association baptisée SOS Chevaux mutilés. "Aujourd’hui, environ 85 personnes sont prêtes à devenir membres pour faire le combat, trouver les agresseurs et récupérer des fonds pour sécuriser les propriétaires qui n’ont pas assez de moyens pour sécuriser leurs prés et mettre des caméras de chasse, pour qu’on puisse dormir sur nos deux oreilles car, actuellement, on ne dort pas. "Depuis l’agression "des bénévoles se relaient toutes les nuits pour vérifier que les clôtures sont bien en place, que les chevaux vont bien. Et en plus, depuis une semaine, on a des caméras qui enregistrent 24 heures sur 24 tout ce qui se passe dans les prés". icolas Demajean se dit aussi reconnaissant vis-à-vis des gendarmes : "la nuit on voit qu’ils sont là, qu’ils tournent autour du refuge. Ils mènent l’enquête, mais c’est très compliqué. "
"Tout ne va pas se faire en une journée", ajoute le responsable du Ranch de l'espoir. "Mais, il faut qu’il y ait une loi derrière qui protège tous nos animaux sur le territoire, parce qu’aujourd’hui il n’y a pas assez de lois qui les protègent. Un agresseur, il a deux ans de prison et 30 000 euros d’amende. Ça veut dire que dans même pas un an il est en liberté, il va être relâché, il va recommencer ses conneries sur d’autres animaux. Non, il faut vraiment qu’il y ait des lois qui le punissent de longues peines", estime Nicolas Demajean.