Le tribunal de commerce de Nevers a placé lundi 15 juillet le Cornemuse, institution dans le petit village d'Arleuf, en liquidation judiciaire, malgré la cagnotte lancée en fin de semaine dernière. Le bar-restaurant du Morvan ferme donc immédiatement ses portes, tandis que le cogérant Nicolas Petiot dresse le bilan de cette aventure populaire.
L'espoir est resté intact jusqu'au bout, mais cela n'a pas suffi. Le tribunal de commerce de Nevers a placé le bar à concerts le Cornemuse, véritable institution du petit village d'Arleuf dans le Morvan, en liquidation judiciaire, dès le 31 juillet prochain.
"Une ambiance incroyable"
Depuis l'annonce de la décision du tribunal par l'établissement sur sa page Facebook ce lundi soir, le Cornemuse fait face à une pluie de commentaires de soutien, de remerciements et de déception. Tous sont rédigés par des adeptes du lieu, qui regrettent pour la plupart la disparition d'un endroit "très spécial" avec une "ambiance incroyable", espérant voir les équipes "rebondir".
24 000 euros collectés en 72 heures, en vain
Vendredi dernier pourtant, le 12 juillet, le cogérant du lieu Nicolas Petiot essayait de rester optimiste, espérant encore "sauver la machine" en lançant une cagnotte express durant le week-end, afin de combler les dettes de l'établissement qui atteignaient 40 000 euros. 72 heures plus tard, malgré une puissante mobilisation de tous les habitués du lieu, celle-ci n'a pas pu dépasser les 24 000 euros, et n'a donc pas suffi pour que le Cornemuse tienne bon et soit placé en redressement judiciaire par le tribunal.
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Bien qu'un peu sonné par les événements de ces dernières heures, Nicolas Petiot et ses équipes se disent "sidérés par les proportions que cette initiative a pris, tant en termes de communication et de participations", et "très touchés de voir que les gens se soient autant mobilisés financièrement, que pour discuter de l'après".
Très sincèrement, je pense que le tribunal a raison de nous arrêter là, c'est le plus sage, parce que le vrai souci autour de tout ça, c’est notre difficulté à être viables toute l’année, notamment l'hiver.
Nicolas Petiotà propos de la décision du tribunal de commerce de Nevers
Il assure que cet élan de générosité exprimé par le biais de cette cagnotte n'a "pas servi à rien", même si cette dernière sera clôturée dans les prochaines heures et l'argent restitué aux donateurs.
"On pourrait continuer pendant 15 jours, mais on n’en a pas l'envie"
Une fois la décision du tribunal annoncée, une question s'est immédiatement posée pour tous les habitués du lieu : le Cornemuse rouvrira-t-il pour une dernière danse d'ici à la fin du mois ?
Si Nicolas Petiot laissait encore planer le doute chez nos confrères du Journal du Centre lundi soir, ce mardi matin, il nous assure que la décision est prise : la dernière, c'était ce week-end.
Même si on pourrait, sur le papier, continuer pendant 15 jours, on n’en a pas l'envie. Et pour nos salariés qui perdent leur emploi, faire une dernière en faisant la fête, ça ne serait pas leur faire un super cadeau.
Nicolas PetiotCogérant du "Cornemuse" à Arleuf
Quant aux associations culturelles hébergées dans le tiers-lieu, mais qui ne sont pas concernées par la décision judiciaire, elles devraient, sauf surprise de dernière minute, être dissoutes. "À partir du moment où il n'y a plus le lieu qui tourne autour, la mécanique est finie", juge Nicolas Petiot.
Et maintenant ? "Il faut qu'on voie ce qui n'a pas marché"
Le Cornemuse dépose le bilan, mais l'équipe du bar à concerts va elle aussi essayer de tirer les leçons de ces quatre années tumultueuses. Ouverture en pleine crise sanitaire, baisse du pouvoir d'achat liée à l'inflation, difficultés avec les élus locaux ou encore météo des derniers mois capricieuse : les défis ont été nombreux.
"Mais les conditions sont les mêmes pour tout le monde dans le secteur, et quelque soit notre bonne volonté, on reste des gens qui n'ont pas su rendre ça viable, alors il faut qu'on voie ce qui n'a pas marché. Parce que c'est tellement fou qu'un lieu avec un tel soutien soit tombé", s'attriste Nicolas Petiot.
Désormais, il estime qu'il "faut clore ce chapitre sans aigreur, et le faire bien, parce que c'est ce qui nous permettra de rebondir. Maintenant il faut qu'on soit capables de répondre rapidement aux gens qui nous ont exprimé leur soutien [à travers la cagnotte], parce que ça serait dommage de pas proposer un après à cet esprit qu'on a forgé."
Le bâtiment iconique du Cornemuse à Arleuf sera prochainement remis en vente, dans l'espoir qu'il trouve rapidement un repreneur pour faire de nouveau vivre le lieu, et son village. Quant à l'équipe actuelle de l'établissement, Nicolas Petiot "reste optimiste", précisant que "nous, on est des gens en mouvement". Nul doute que leur prochain mouvement sera suivi par les fidèles du Cornemuse.