Alors que de nombreux projets sont à l'étude dans la Nièvre, la Confédération paysanne organisait, samedi 20 janvier, une journée de débats autour de "l'agrivoltaïsme". Entre les agriculteurs partisans d'un revenu complémentaire et ceux qui appellent à la préservation des terres agricoles, le sujet divise.
Les céréales cesseront-elles de pousser sur ces 15 hectares de terres arables ? À Saint-Éloi (Nièvre), une parcelle agricole est considérée pour l'installation d'un projet "agrivoltaïque". Comprendre : installer des panneaux photovoltaïques sur des terres agricoles.
Mais dans les rangs des agriculteurs, le sujet divise. À ce titre, la Confédération paysanne organisait, samedi 20 janvier, une journée de discussions et de débats pour évoquer l'avenir de "l'agrivoltaïsme".
"La production alimentaire est la priorité"
L'installation de panneaux photovoltaïques est un procédé contraignant. "Ces projets se font sur une durée de 25 à 30 ans", explique Denis Sanchez, exploitant à Varennes-Vauzelles et membre du syndicat. "Ça signifie qu'on va figer pendant toutes ces années une production alimentaire, qui va passer de 5 tonnes de farine à 150 kilos de viande d'agneau. Demain, si on a besoin d'une production céréalière, on ne pourra pas la réaliser."
Dans le cas de Saint-Éloi, le projet est d'autant plus incompréhensible pour les agriculteurs que la parcelle se situe à deux pas d'une zone industrielle en plein déclin. "C'est du gâchis agricole", poursuit Denis Sanchez. "On n'a jamais dit qu'on était contre les panneaux, mais il faut les installer ailleurs que sur les parcelles agricoles. Sur les toits de bâtiments, de magasins, de hangars agricoles..."
On déforme l'agriculture.
Denis Sanchez,agriculteur
Car les exploitants le revendiquent : le "cœur du métier" est la production alimentaire, pas celle d'énergie. "On parle de souveraineté alimentaire ? La production alimentaire est la priorité", insiste Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne. "Plus il y aura de panneaux au sol, moins il y aura d'aliments. On ne peut pas abandonner les agriculteurs et ne plus chercher à avoir du revenu de nos productions."
Mobilisation nationale de la Confédération paysanne contre l'#agrivoltaïsme. Nous n'abandonnerons jamais le combat pour le revenu paysan issu de notre activité agricole. @afpfr @FranceAgricole pic.twitter.com/AJCV4lMvkd
— Conf' Paysanne (@ConfPaysanne) January 20, 2024
Des projets soutenus par la Chambre d'agriculture
Dans la Nièvre, la Chambre d'agriculture encourage l'agrivoltaïsme depuis plusieurs années, en vantant les revenus complémentaires dont pourraient bénéficier les agriculteurs. "On considère que ça peut apporter une meilleur rémunération pour les exploitations et agriculteurs concernés", détaillait à France 3 Bourgogne Didier Ramet, président de la Chambre en septembre 2022.
Au total, une soixantaine de projets est à l'étude dans le département. Un seul a cependant vu le jour depuis 2017 : il se trouve à Verneuil, à quelques kilomètres de Decize, et s'étend sur près de 70 hectares.