Un pompier volontaire d'une trentaine d'années est jugé ce lundi 8 janvier, au tribunal de Chalon-sur-Saône. Il est mis en cause dans l'incendie des cinq fermes du village de Simandre, dans la Bresse.
L'affaire avait créé la psychose parmi les 1 700 habitants de Simandre, village agricole de la Bresse, à l'automne 2023. En quelques mois, les cinq fermes de la commune ont été incendiées, certaines plusieurs fois - sept incendies au total. Puis le 9 novembre, coup de théâtre : les gendarmes arrêtent un homme d'une trentaine d'années qui reconnaît les faits... et qui s'avère être pompier volontaire, à Simandre.
Comment expliquer ces actes ?
Ce lundi 8 janvier, on comprendra peut-être ce qu'il s'est passé dans la tête de ce pompier pyromane. Il est jugé à 14 heures au tribunal de Chalon-sur-Saône. D'après nos confrères du JSL, le mis en cause a expliqué durant son audition qu'il agissait sous le coup de l'alcool, et qu'il avait des problèmes financiers. Bien connu à Simandre, il est en détention provisoire depuis son arrestation début novembre 2023.
Pour lui mettre la main dessus, les gendarmes ont déployé une vaste enquête, mobilisant "l'ensemble des techniques d'enquête autorisées par le parquet", expliquait la gendarmerie dans un communiqué quelques jours après l'arrestation.
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Pourtant, au début de l'affaire, les gendarmes croient à des incendies accidentels. Un premier départ de feu le 30 juin, suivi d'autres au cœur d'un été chaud et sec... Le doute est permis. Mais "la réitération des faits dans un périmètre restreint" dissipe les derniers soupçons : il y a bien un incendiaire qui se cache dans le village.
Planques et lunettes de vision nocturne
Dès lors, les grands moyens sont engagés. Les enquêtes, au départ séparées, sont réunies en une seule. Les militaires du PSIG de Louhans passent plusieurs nuits "en planque", avec des lunettes de vision nocturne. Les habitants, eux, sont enjoints à la discrétion pour ne pas divulguer d'informations au coupable. Les forces de l'ordre font des rondes, se relaient à Simandre, pour rassurer les habitants... mais aussi, enquêter discrètement sur les comportements suspects. Pendant ce temps, les incendies continuent.
Mais le dernier incendie, dans la nuit du 8 au 9 novembre, vient "accélérer la résolution de l'enquête" et permet aux gendarmes de "disposer d'élements probants", selon le commandant de la compagnie départementale de Louhans, le chef d'escadron Paul Remy-Neris, qui parle d'une "partie de billard à plusieurs bandes" pour résoudre cette enquête.
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Sept incendies en quelques mois
La série noire a commencé au début de l'été. Puis, les faits se sont enchaînés jusqu'à l'automne.
- 30 juin 2023 : l'exploitation de Stéphane Galopin est touchée la première. Au départ, il n'envisage pas la possibilité d'un acte criminel : "Quand mon frère et mon neveu sont arrivés sur les lieux de l'incendie avant moi, ils se sont dit : bon, ben c'est le tracteur qui a pris feu, quoi", déclarait-il à France 3 Bourgogne. Un expert dépêché sur place par l'assurance émet toutefois des doutes sur cette hypothèse. Et finalement, le schéma va se répéter : six autres départs vont avoir lieu dans le village, en général en pleine nuit, visant du matériel ou des bâtiments agricoles.
- 30 juillet : deuxième incendie, dans une autre exploitation de Simandre.
- 5 août : le même agriculteur est à nouveau touché à moins d'une semaine d'intervalle. Cette fois, plusieurs centaines de tonnes de fourrage partent en fumée.
- 26 septembre : vers 23 heures, un troisième exploitant, Xavier Janniaux, est visé. Il perd la quasi-totalité des 400 tonnes de fourrage qu'il conservait pour l'hiver. Surtout, ses parents ont la peur de leur vie : ils se trouvent dans le logement attenant à la grange détruite. Plus personne ne croit à un accident. "C'est quelqu'un qui a mis le feu, il n'y a pas à se poser de question", affirme Xavier Janniaux.
- 7 octobre : cinquième incendie nocturne, dans une ferme jusqu'alors épargnée. Une centaine de tonnes de fourrage part en fumée.
- 24 octobre : sixième incendie, mais cette fois, il a lieu en pleine matinée. Un tracteur et une remorque sont calcinés. Pourrait-il s'agir d'un véritable accident, pour une fois ? Les gendarmes estiment que "cet incendie ne peut être rapproché des affaires en cours". Mais pour le maire Christophe Galopin, cela n'aide en rien à apaiser les esprits. "La psychose se renforce. Tout le monde est très inquiet."
- 8 novembre : septième et dernier incendie, dans la cinquième ferme du village, la seule qui restait épargnée jusqu'alors. C'est le lendemain de cet incendie que le suspect est arrêté.