ENTRETIEN. "Certains n'ont plus rien à faire là" : Denis Thuriot charge "l'ambiance délétère" à l'hôpital de Nevers

Le maire (Renaissance) de Nevers, également président du conseil de surveillance de l'hôpital, prend la parole sur la situation au sein du centre hospitalier, placé sous tutelle.

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Le 9 octobre, l'ARS annonçait le placement du centre hospitalier de Nevers sous "administration provisoire" de six mois, décrétée après une inspection de la HAS (Haute autorité de santé) qui pointait de "grandes difficultés" : problèmes d'organisation, de coordination, de fonctionnement, manque de personnel... 

Au sein de l'hôpital, le syndicat CFDT évoquait un problème de personnalités : "deux clans irréconciliables qui se dénonçaient l'un l'autre, s'envoyaient des noms d'oiseaux". Des rumeurs, des ressentiments, qui auraient grippé le fonctionnement de l'hôpital. 

► À LIRE AUSSI : Victime de "grandes difficultés", l'hôpital de Nevers placé sous tutelle : comment en est-on arrivé là ?

Contacté le 9 octobre, le maire de Nevers Denis Thuriot, également président du conseil de surveillance de l'hôpital de Nevers, n'avait pas souhaité communiquer pour l'instant. Ce 30 octobre, il s'est finalement décidé et répond aux questions de France 3. 

Que pensez-vous de la décision de placer l'hôpital sous administration provisoire ?

Denis Thuriot : "Je n'y étais pas favorable, je l'avais dit au directeur général de l'ARS. Je pensais qu'une mission d'appui au directeur aurait pu suffir. Je trouve un peu injuste de l'éjecter, il n'était pas responsable de tout. Cette décision est assez radicale, mais maintenant elle est là et il faut faire avec, positivement. 

En revanche, les instances continuent à fonctionner. Un conseil de surveillance aura d'ailleurs lieu le 2 novembre."

Étiez-vous au courant des alertes au sein de l'hôpital ?

Denis Thuriot : "Moi, je ne suis pas directeur : je préside le conseil de surveillance et je valide les grandes directions. Sans doute que, depuis 9 ans que je suis là, j'ai mis plus de temps qu'on avait dit pour essayer d'aider cet hôpital. Je rappelle que la première année, on a eu un directeur condamné pour harcèlement sexuel et moral qui a été protégé pendant un an.

Il y a des difficultés. Comme partout ailleurs, nous manquons de médecins. Nous avons tenu, sans fermer les urgences ni la maternité, mais il n'empêche qu'on a un gros manque de personnel."

Que faudrait-il faire selon vous ?

Denis Thuriot : "Il faut maintenant faire un peu de ménage dans cet hôpital. Parce que vous avez des gens qui ne partagent pas le projet médical, qui sont là égoïstement, à faire des guéguerres internes et ne portent pas le projet commun. Tant que ce sera comme ça, personne ne pourra mieux gérer cet hôpital."

"Donc je souhaite que des professionnels de santé, qui ont un certain niveau intellectuel, prennent conscience qu'il y a des difficultés aujourd'hui parce que certains ne se supportent pas, se jalousent, voire n'acceptent pas d'autres médecins ou soignants que l'on arrive à faire venir ici, alors qu'ils sont parfois les premiers à se plaindre qu'ils ne sont pas assez nombreux."

Vous parlez de "faire le ménage"... Ces personnes doivent partir ?

Denis Thuriot : "Oui, je pense que c'est très bien. Tous ceux qui pourrissent le fonctionnement de l'hôpital n'ont rien à faire là. Il vaut mieux qu'ils partent ailleurs, en espérant qu'ils s'assainissent... Mais ça ne sert à rien de garder des gens qui ne sont pas dans un esprit de partage et d'esprit commun. 

Il faut que l'ambiance change dans cet hôpital. C'est terrible à dire, mais l'ambiance est délétère ! Et ce n'est pas la faute du président de l'hôpital. Un exemple : le directeur fait une note de service, celle-ci n'est pas appliquée, ou alors tous les médecins se mettent en arrêt maladie de complaisance."

"Moi, je dis les choses : j'ai beaucoup de respect pour les professions médicales, mais certains ici n'ont pas leur place."

"Et parfois, moi-même je mouille le maillot, je trouve des personnels de santé qui ont des diplômes, qui acceptent de venir à Nevers... Et on les éjecte, on les fiche dehors au prétexte qu'ils ne travaillent pas assez. Quand on veut piquer son chien, on dit qu'il a la rage. C'est pareil."

► À LIRE AUSSI : Huit nouveaux médecins en huit mois : l'hôpital de Nevers attire, un effet secondaire des "flying doctors" ?

"Donc oui, effectivement, j'estime que des gens n'ont plus rien à faire chez nous dans la mesure où ils continuent à dégrader cet hôpital alors que nous avons des services qui fonctionnent super bien, et des médecins qui ne comptent pas leurs heures, ce qui n'est pas le cas de tout le monde."

"Mais si vous saviez tout ce qu'on me fait remonter... C'est atterrant. Il y a des choses pas possibles, des choses qui sont même hors déontologie."

Comment faire partir ces gens ?

Denis Thuriot : "J'ai donné des instructions aux administrateurs provisoires, je leur ai envoyé une note pour expliquer ce qu'il se passait. Ensuite, ce sera à l'ARS, ou au ministre de la Santé (que j'ai d'ailleurs convié), de prendre des décisions."

Et les patients, dans tout cela ?

Denis Thuriot : "Je ne veux pas les effrayer. Il y a des procédures, il y a des plaintes comme dans tout hôpital ; certaines sont fondées et d'autres non. Je veux rassurer les gens : qu'ils ne croient pas que l'hôpital est une pétaudière qui empêche les médecins de faire leur travail.

Il y a quelques services qui pourraient faire mieux, on ne va pas se mentir. Je le sais aussi parce qu'on écoute les internes, on sait dans quels services ils sont heureux ou pas. Il y a plein de pistes à améliorer, comme partout. Sauf qu'ici, on était arrivé à un point où les décisions de la direction n'étaient plus appliquées.

Je crois que nous allons bientôt arriver à une direction à deux têtes, avec un directeur administratif et un médecin. Le président de la CME (commission médicale d'établissement) a aussi un rôle à jouer et je lui demande de le faire, pour pacifier l'ambiance entre les médecins. C'est à eux de s'accepter, de se supporter, et d'arrêter de se voir parfois comme des concurrents."

"Il y a du travail pour tout le monde, et à Nevers particulièrement. Si on ne supporte pas les autres, il faut se mettre tout seul, en libéral. Ailleurs."

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