Emmanuel Macron a annoncé, jeudi dernier dans les Alpes-de-Hautes-Provence, que les "prélèvements" de loups passeraient de 12% de la population à au moins 17%. L'Yonne, où la présence du loup est attestée, est-elle concernée ? Les éleveurs ovins qui ont subi des attaques le souhaitent.
Depuis quelques mois, plusieurs troupeaux d’ovins de l’Yonne ont été attaqués par un prédateur. Pour l'instant, seule l'attaque d'Arthonnay, qui a eu lieu le 21 juin 2018, a bien été commise par un loup. Un piège photographique avait été installé. L'image ne laisse guère de doute.
Pour les autres attaques de 2018, l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) n'exclut pas que cela soit un loup sans pour autant l'affirmer, sauf lors de la dernière prédation commise en décembre 2018 à Athie où il a été conclu que c'était un chien.
Mais l'inquiétude n'en reste pas moins forte chez les éleveurs de moutons et de brebis du département. Ils ont donc prêté une oreille attentive à la déclaration du président de la République la semaine dernière lors d'un grand débat consacré au thème de l'environnement et de la transition écologique. à Gréoux-les-Bains
Qu'a dit exactement Emmanuel Macron ?
"Aujourd'hui, on sait qu'on est passé au dessus des 500 loups à travers le pays, a affirmé Emmanuel Macron même si son ministère convient qu'un comptage fiable ne pourra être fait qu'au sortir de l'hiver. "C'est pourquoi le ministère a pris des dispositions très claires pour adapter le niveau des prélèvements, et passer de 10-12% à 17-19%", a-t-il ajouté."Après, il faut décliner cela avec beaucoup de souplesse, et il faut pour chaque département une réponse attachée aux réalités du terrain", a-t-il insisté, en donnant l'exemple des Alpes de Haute-Provence, où "les meutes sont passées de 12 à 16 en l'espace de quelques années".
Les réactions des éleveurs de l'Yonne
A Mélisey, dans l'Yonne, plusieurs attaques d'un grand prédateur sur son troupeau a bouleversé la vie Laurence Godin. Elle a installé des fils électrifiés pour protéger une partie de ses bêtes. La possibilité d'abattre plus de loups en France est vécue comme une avancée.« On se doute bien qu'on ne sera pas prioritaire car il y a des départements où il y a plus de loups qu'ici. Mais ça nous rassure », explique l'éleveuse d'ovins. « On peut y prétendre même si nous ne sommes pas dans la zone la plus touchée. Ceci dit, nous n'avons pas d'arrêté préfectoral en ce sens. Pour autant, l'administration a fait savoir qu'il y aurait indemnisation si dégâts il y avait. Et il y en déjà eu », renchérit Etienne Henriot, de la Chambre d'agriculture de l'Yonne.
Le reportage de B. Djaouti et Y. Etienne avec :
- Laurence Godin, éleveuse à Mélisey
- Etienne Henriot, Chambre d'agriculture de l'Yonne
Un quota d'abattage déjà relevé
Les autorités françaises ont déjà relevé fin 2018 le quota d’abattage de loups de 43 à 51 bêtes pour l’année, soit 12% de la population estimée. Les scientifiques s'en sont émus. Ils recommandaient alors de pas prélever plus que ce pourcentage sous peine de menacer l’espèce.Ce que réfute le ministère de l'Environnement qui assure qu'un nouveau taux « ne remettrait aucunement en cause la viabilité démographique de l’espèce ». Quitte à revoir sa copie à la baisse « si des indices de diminution des populations de loups en dessous du bon état de conservation étaient observés ».
Quelle présence du loup en Bourgogne ?
L'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) a mis en ligne une carte de la présence du loup en France, chaque année réactualisée. La carte avec les données collectées en 2018 n'est pas encore disponible. Mais on voit très clairement la présence régulière du loup dans le Morvan et occasionnelle en Côte-d'Or.