Cible d'un casse spectaculaire, ce "trésor national" à plusieurs millions d'euros de nouveau exposé au public, saccagé

Le musée du Hiéron à Paray-le-Monial rouvre ses portes ce samedi 7 décembre. Il y a deux semaines et demi, il était la cible d’un braquage-éclair visant une œuvre classée “trésor national” : la Via Vitae, désormais irrémédiablement endommagée.

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"On a bien reconstruit Notre-Dame après l'incendie ; moi, j'aimerais reconstituer la Via Vitae." Le maire de Paray-le-Monial, Jean-Marc Nesme, n'est pas résigné, loin de là. Deux semaines et demi après le braquage qui a saccagé l'oeuvre centrale de la ville, c'est un jour très symbolique : le musée du Hiéron rouvre ses portes ce samedi 7 décembre.

"Il ne reste plus que la montagne nue"

"À mon avis, le public va défiler", prédit l'élu. Il faut dire qu'à Paray-le-Monial, cité de pèlerinage de renommée mondiale au coeur de la Saône-et-Loire, la Via Vitae était un passage obligé pour de nombreux visiteurs.

Mais que va-t-on voir désormais ? "Il y aura un visuel de la Via avant le vol, et elle sera exposée telle quelle à côté. Il ne reste plus que la montagne nue, en albâtre et marbre, sans les quelque 130 personnages", décrit Jean-Marc Nesme.

C'est une volonté du musée, confirme Maud Siron, la directrice du musée du Hiéron : "Nous avons fait le choix de la transparence. Ce sera sans doute une vision émotionnelle pour les visiteurs que de voir la Via Vitae ainsi, ils étaient très attachés à cette oeuvre."

C'est un choix de la laisser telle qu'elle est maintenant, en rappelant ce qu'elle fut.

Jean-Marc Nesme

maire de Paray-le-Monial

Côté sécurité, le musée a fait réinstaller la vitre blindée qui protège l'oeuvre originale, classée "trésor national". La présence d'un vigile a également été demandée, pour tous les jours d'ouverture du musée à compter de ce samedi.

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"Une volonté de surmonter l'anxiété"

Les agents du musée, eux, oscillent entre appréhension et joie de rouvrir. Pour rappel, ils étaient en première ligne lors du braquage (lire plus bas). "C'est surtout beaucoup de courage", salue Maud Siron, la directrice. "Les agents ont été choqués et ont vécu ce traumatisme au plus près ; ce n'est pas anodin de rouvrir si tôt. Mais il y a une volonté de surmonter cette anxiété." 

La réouverture ne durera qu'un mois, puisque la fermeture annuelle du musée est prévue le 5 janvier. Mais les équipes du musée tenaient au retour des visiteurs pour Noël. "Nous espérons qu'ils viendront pour voir la Via Vitae, mais aussi le reste des collections du musée." Et notamment deux expositions temporaires "exceptionnelles" consacrées aux cires de Nancy et aux crèches de Cracovie.

"Une enquête supplémentaire"

Mais le maire ne compte pas en rester là. "En contact avec la famille Chaumet et le ministère de la Culture", Jean-Marc Nesme a commencé à remonter des pistes et mène une sorte "d'enquête supplémentaire" : il s'est donné pour mission de recréer les personnages volés et de leur rendre leur place sur la statue. 

Mon objectif, c'est de réhabiliter l'oeuvre en retrouvant les plans, les archives d'origine et les personnages en résine que Joseph Chaumet a utilisés en ébauche, pour pouvoir les faire réimprimer en 3D.

Jean-Marc Nesme

maire de Paray-le-Monial

"Je vais y arriver", se promet l'élu qui ne veut pas trop en dire pour l'instant. "J'ai de bonnes pistes, mais pas de certitudes."

Façonnée en 10 ans, saccagée en 3 minutes

Le casse s’est produit jeudi 21 novembre, en pleine journée. Vers 16 heures, alors que des visiteurs sont présents, trois braqueurs casqués et armés pénètrent dans le musée. Un quatrième reste dehors pour faire le guet.

Après avoir tiré des coups de feu (sans faire de victime), les voleurs ciblent une seule oeuvre, majeure : la Via Vitae ou “Chemin de Vie”, un chef-d’oeuvre de l’orfèvre-joaillier Joseph Chaumet. L’artiste aura mis 10 ans à la façonner ; en 3 minutes, les braqueurs la saccagent. 

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Difficile en effet d’emporter la totalité de la Via Vitae, qui mesure près de trois mètres de haut. Les voleurs prélèvent les petites pièces, personnages et incrustations, en or, ivoire, diamants et rubis, simplement posées sur la structure. Ils endommagent aussi la "tête" de la sculpture, une allégorie - un acte vain puisque, soulève Jean-Marc Nesme, "ce n'était pas de l'or mais du métal doré".

Une tentative ratée deux ans plus tôt

Ces braqueurs sont-ils ceux qui avaient réalisé une première tentative en 2022 ? La question se pose. Dans la nuit du 24 au 25 septembre 2022, trois cambrioleurs avaient tenté de pénétrer, vers 4 heures du matin, dans la pièce qui abrite la Via Vitae. Mais le système d'alarme du musée du Hiéron avait fonctionné et mis en fuite les malfrats. 

Acquise pour 750 000 euros par la ville de Paray-le-Monial, la Via Vitae est en réalité valorisée à 4 millions d'euros, selon une estimation de 2022 commandée par la mairie.

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