Il est de plus en plus courant de pouvoir observer des chamois en Bourgogne : certains individus sont à présent visibles dans le massif du Morvan. L'espèce reconquiert progressivement un territoire qu'il a quitté il y a des milliers d'années.
C'est une rencontre pour le moins insolite qui a émerveillé Morgane Legigan en Janvier 2024. "C’est un moment magique, j’en ai profité au maximum car je me suis dit que ça n’allait pas se reproduire de sitôt". Morgane se retrouve face à un chamois dans un pré, près de Roussillon-en-Morvan (Saône-et-Loire). "Il ne semblait pas apeuré car il est resté pas très loin de nous". Un moment que Morgane a pu immortaliser sur une vidéo.
"C'est un phénomène récent"
Pour Daniel Sirugue, directeur de la Société d'histoire naturelle d'Autun et l'Observatoire de la faune de Bourgogne (SHNA-OFAB), ce n'est pas surprenant. "On peut observer depuis plus de trente ans des individus qui viennent notamment du Jura. Dans le Morvan, la première mention date de 2015. En novembre 2023, on a pu observer un ou deux spécimens dans les hauteurs du Morvan. C’est un phénomène récent. C’est une espèce qu'on a laissée tranquille, donc elle regagne ses anciens fiefs".
Dans certains secteurs de la Bourgogne, "le chamois était présent il y a plusieurs milliers d’années, à la période holocène". Mais il fut la victime d'une chasse intensive, qui a entraîné sa disparition dans certains territoires. Il a failli disparaître au 19e siècle.
Le chamois était présent dans le Morvan il y a plusieurs milliers d’années
Daniel SirugueDirecteur de Société d'histoire naturelle d'Autun et l'Observatoire de la faune de Bourgogne
Des observations qui restent rares
Les premières observations du chamois en Bourgogne commencent dans le milieu des années 80 en Saône-et-Loire, puis dix ans plus tard en Côte-d'Or. Mais leurs apparitions restent encore très rares dans le Morvan.
Pour Daniel Sirugue, "on a affaire à des jeunes mâles qui sont éjectés de la harde et qui essayent de trouver des nouveaux territoires. Ils doivent affronter de nombreuses difficultés, il faut traverser la Saône, l’autoroute et toutes les infrastructures humaines. Mais ils y arrivent".
Le Morvan pourrait devenir une terre d’accueil. On a déjà observé des reproductions dans le Val Suzon, c’est donc possible
Daniel SirugueDirecteur de Société d'histoire naturelle d'Autun et l'Observatoire de la faune de Bourgogne
Le Morvan, terre d'accueil des chamois ?
Alors, le Morvan deviendra-t-il un territoire peuplé de chamois ? "Si on les laisse tranquilles et qu'on les observe, ils peuvent réussir à s'implanter. Le Morvan pourrait devenir une terre d’accueil. On a déjà observé des reproductions dans le Val Suzon, c’est donc possible", précise Daniel Sirugue. Mais une implantation stable pourrait prendre des dizaines d'années.