"J'avais les larmes aux yeux, c'est tellement inattendu" : cette autrice de Saône-et-Loire est finaliste du Prix Goncourt

Ils ne sont plus que quatre en lice et parmi eux, une autrice de Saône-et-Loire. Sandrine Collette fait partie des finalistes pour le prix Goncourt qui sera remis le lundi 4 novembre. Sa fierté, son roman, son amour pour la Bourgogne, elle a répondu à nos questions.

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Simone de Beauvoir, Marguerite Duras, Leïla Slimani, Châteaubriant, Romain Gary ou encore Patrick Modiano. Le 5 novembre prochain, Sandrine Collette pourrait rejoindre la prestigieuse liste des gagnants du Prix Goncourt.

Cette autrice de Saône-et-Loire fait partie des quatre finalistes. Elle est en lice avec son roman Madelaine avant l’aube. En cas de victoire, elle deviendrait la 14ème femme à remporter le mythique concours littéraire.

Installée à La Comelle, dans l’Autunois, depuis plusieurs années, c’est en Bourgogne qu’elle puise son inspiration. A quelques jours de la date fatidique, elle nous a accordé une interview. Sa fierté, ses inspirations, sa passion pour les mots et la nature, elle nous raconte tout, malgré la fatigue liée à sa tournée des librairies et des médias. En tout cas en Bourgogne, une Colette peut en cacher une autre…

Sandrine Collette, être finaliste du Goncourt, ça représente quoi pour vous ?

Sandrine Collette : (rires) En dehors d'une énorme surprise ? C'est un rêve, un truc auquel vous ne croyez pas du tout. On s'était dit que ce serait un petit miracle et voilà c'est fait. Et pour tout vous dire, mon éditrice était même partie en vacances ! On se disait qu'il y avait de grosses maisons d'édition en face. 

Comment avez-vous appris que vous étiez parmi les finalistes ?

Sandrine Collette : Ma deuxième éditrice m'a appelée. J'étais au fond des bois. Mon téléphone a sonné. J'ai vu que c'était elle. Cette éditrice m'appelle en général quand c'est fichu, pour les mauvaises nouvelles. C'est l'autre qui m'appelle quand tout va bien. Donc en voyant son nom s'afficher, je me suis dit 'voilà, c'est foutu'. Je décroche et il y a eu un hurlement au bout du fil qui me disait 'tu y es !'. 

On a crié ensemble au téléphone. Ca nous a fait rire de joie. J'avais les larmes aux yeux. C'était tellement inattendu !

Que pouvez-vous nous dire sur Madelaine avant l'aube ?

Sandrine Collette : C'est un univers rural ancien. L'histoire d'un hameau parfaitement immobile et immuable dans lequel les paysans travaillaient la terre depuis des générations et générations. Jusqu'au jour où arrive Madelaine, une petite fille perdue. C'est un livre sur le froid et la faim, inspiré des famines qui ont traversé la France à la fin du XVIIème siècle et au début du XVIIIème. Des moments pendant lesquels un Français sur dix mourraient. 

Les parents de Madelaine sont morts de faim quelque-part. Historiquement, quand tout le monde mourrait, on jettait les enfants sur les chemins en espérant qu'ils trouvent une ferme avec un petit morceau de pain. La plupart mourraient sur les chemins, et quelques-uns étaient sauvés. Madelaine fait partie de ceux-là. Elle est adoptée. Après, ce qu'elle représente, c'est quelqu'un qui n'a pas les codes de cette soumission qui habite les familles depuis toujours. La petite révole entre dans le hameau. 

Selon vous, comment expliquer cette finale du Goncourt ? Qu'est-ce qui a plu  dans votre ouvrage ?

Sandrine Collette : C'est compliqué de se juger soi-même. Je peux imaginer, parce que je le reçois des libraires et des lecteurs, que c'est l'écriture qui plait. L'écriture est à la fois dure, émotionnelle et poétique dans cette dureté. Le livre se passe il y a 300 ans mais parle de thématiques actuelles. On parle de relation de domination entre les maîtres et les paysans. Ces relations de domination, aujourd'hui ça parle aussi. Ca parle de la place des filles et des femmes, du rôle des hommes, des relations entre les hommes et ça, ça n'a pas de date. 

Le Goncourt, ce sont d'importantes perspectives de retombées ?

Sandrine Collette : Oui complètement. Je m'en suis rendu compte d'un coup. Il y a de la reconnaissance, notamment internationale. L'étranger s'intéresse plus à vous. Et puis, c'est la reconnaissance du travail accompli. Je suis avec les éditions Lattes, une équipe que j'ai rejoint il y a 4 ans. On se dit 'enfin, eux-aussi sont reconnus'. 

On n'a par contre pas d'objectif de chiffres de ventes. Je sais que l'éditeur les suit au jour le jour. Mais c'est plutôt pour ne pas être en rupture de stock. On se laisse porter. Il y a 50 000 livres qui ont été appelés dans les librairies, mais ce ne sont pas les ventes réelles.

Comment êtes-vous arrivée en Bourgogne ? Vous n'êtes pas née en dans la région.

Sandrine Collette : J'ai une branche de ma famille qui est de Bourgogne. Je n'ai fait que revenir. Mon arrière-grand-mère vivait à 7 km de là où je suis aujourd'hui. Depuis bébé, j'ai été au pied du Mont Beuvray. 

La Bourgogne est une terre d'inspiration pour vous ?

Sandrine Collette : La nature en général et puis la Bourgogne. Plus jeune, j'ai transité par l'Aisne mais qui est beaucoup plus domestiquée et moins sauvage. Là, je trouve un épanouissement de la nature, une explosion, une force que j'essaie de retranscrire dans mes romans. Alors de façon plutôt sombre et hostile. Mais l'inspiration sur la puissance de la nature est partout autour de moi chaque jour.

C'est également le lieu idéal pour écrire ?

Sandrine Collette : il y a des gens qui n'écrivent que dans les cafés car il leur fait de l'agitation. Moi je fais partie de ceux qui écrivent dans le calme. Et pour ça, c'est fantastique ! On peut passer des journées entières sans voir personne. Alors, ce n'est pas le but de ne voir personne pour moi, mais c'est possible !

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