Après les nouveaux rebondissements dans l'affaire de la "fausse médecin" de Montceau-les-Mines, Maître Laurence Grenier-Guignard, l'avocate de Samantha Avril, dépeint une femme en détresse psychologique qui n'arrive pas vraiment à expliquer ses actes d'usurpation.
Elle s'est entretenue avec sa cliente ce vendredi matin 30 septembre, au lendemain d'une nouvelle salve de révélations. Laurence Grenier-Guignard est l'avocate de Samantha Avril, la "fausse médecin" de Montceau-les-Mines dont on a récemment découvert qu'elle avait aussi tenté de se présenter dans une école de professorat à Mâcon avec un faux diplôme, et qu'elle avait réussi à se faire embaucher comme enseignante remplaçante dans une école du Beaujolais au mois de septembre. Nous avons parlé à Maître Grenier-Guignard à la mi-journée.
Vous avez vu Samantha Avril ce matin même. Dans quel état d'esprit est-elle ?
Laurence Grenier-Guignard : "Je l'ai trouvée totalement inexpressive, dans une espèce d'attitude interrogative envers elle-même. Elle ne sait pas pourquoi elle fait ça, elle n'a pas d'élément d'explication.
Elle ressent l'irrépressible besoin de présenter des diplômes pour travailler. Elle ne l'explique pas, mais pour elle, seul un diplôme peut lui permettre d'avoir un travail. Elle n'imagine pas que présenter un simple CV puisse lui permettre de travailler.
J'essaie de l'amener à une réflexion, mais elle est comme paralysée. Elle est très inquiète, elle s'attend à une incarcération. Ce que je peux en dire, en tout cas, c'est que c'est quelqu'un qui n'est vraiment pas bien dans sa peau. Elle n'a pas beaucoup d'estime d'elle-même. Elle me paraît triste, dépressive - l'état dépressif est d'ailleurs noté dans son dossier."
De quand datent les dernières expertises réalisées ?
Laurence Grenier-Guignard : "Depuis la procédure de 2020 [l'affaire de la "fausse médecin" de Montceau-les-Mines], il n'y a pas eu de nouvelle expertise. Il y a eu une première expertise très sommaire, il y a plusieurs années, lorsqu'elle avait présenté un faux diplôme d'infirmière (elle avait été condamnée à 4 mois de prison avec sursis pour cela), puis une seconde expertise en rapport avec l'affaire de Montceau-les-Mines.
Ces deux expertises avaient conclu à une forme d'altération du discernement, mais sans abolition [NDLR : en droit pénal, les personnes présentant une altération du discernement peuvent être jugées, mais pas celles qui présentent une abolition totale du discernement].
Ma cliente bénéficie par ailleurs d'un suivi psychiatrique depuis 2012, avec un gros traitement psychotrope, sur fond de troubles personnels. Il avait été évoqué un diagnostic de schizophrénie, mais cela a finalement été écarté. Les derniers rapports ne concluent pas à la schizophrénie, même si elle ressent des hallucinations auditives."
Selon vous, votre cliente peut-elle être jugée par un tribunal ou son cas relève-t-il de la psychiatrie ?
Laurence Grenier-Guignard : "Cette affaire est tellement énorme que pour moi, elle relève de la médecine. Mais si les expertises concluent à une simple altération du discernement, et pas à une abolition totale, c'est le tribunal qui décidera de la juger."
Quelle est la suite ?
Laurence Grenier-Guignard : "Je vais demander un complément d'expertise psychiatrique dans les prochains jours.
Concernant les dernières révélations, pour l'instant, rien ne nous a été transmis. On attend une convocation officielle pour avoir accès au dossier. Il est possible que Samantha Avril soit convoquée pour une révocation de son contrôle judiciaire. En tout cas, cela devrait arriver dans le courant de la semaine prochaine."