"On découvre ce que la Terre a encore à nous offrir" : à la grotte d'Azé, c'est la reprise des recherches spéléologiques

Après deux ans d’arrêt à cause de la pandémie, l’exploration de la grotte d’Azé, en Saône-et-Loire, a repris. Ce week-end, une douzaine de bénévoles ont chaussé les bottes pour extraire de l’argile...et faire de nouvelles découvertes.

Attention travaux ! Casques de chantiers, lampes frontales, combinaisons, seaux d'eau, gants et bêches...Dimanche 26 février, une douzaine de bénévoles s'était donné rendez-vous dès 9h devant la grotte d'Azé, en Saône-et-Loire. L'objectif : reprendre l'exploration du lieu, après deux ans d'interruption à cause du Covid-19.

"Nous circulons dans des galeries assez étroites, où nous sommes proches les uns des autres. Nous ne pouvions donc pas continuer pendant la pandémie, explique Lionel Barriquand, spéléologue et président de l'Association pour la Recherche et la valorisation des Grottes d'Azé et du Mâconnais-Clunisois, à l'initiative de l'événement. Et puis l'été, nous n'avons pas assez de dioxyde de carbone là-dedans pour travailler en sécurité".

La petite troupe se met en marche. Direction une partie de la grotte non-ouverte au public. La mission du jour est d'excaver le plus d'argile possible pour constituer des galeries empruntables. Comment s'y prend-on ? A l'aide de votre bêche, ou même de vos mains, remplissez les seaux d'argile, suspendez les à un rail qui court le long du plafond de la grotte et amenez tout cela jusqu'à l'extérieur du site.

L'intérêt est de faciliter la spéléologie et l'accès à des endroits encore inconnus. Dernière trouvaille en date, avant l'arrivée de la pandémie : la salle dite "du palindrome", découverte en 2020 par Lionel Barriquand. Selon lui, elle est l’une des seules au monde à avoir ces morceaux de calcaires aux formes particulières. "On les appelle les chips ! On les aperçoit sur les parois de la salle. Le calcaire se craquèle et ces craquelures sont fossilisées par l'eau d'infiltration qui ruisselle par les stalactites, détaille le spéléologue. A un moment, les chips deviennent trop lourdes, elles se décrochent de la paroi puis tombent. C'est quelque chose, je pense, d'unique".

Cette découverte, Lionel l’a attendue 39 ans. Une ténacité dont il nous révèle le secret : "La passion ! J'ai toujours envie d'en savoir plus, au niveau de la spéléologie, en me disant "Où va la grotte ? Qu'est-ce qu'il y a derrière ?", mais aussi au niveau de la connaissance scientifique, car il y a toujours des choses qui évoluent ici".

Son enthousiasme semble communicatif. Chaque année, plus d’une soixantaine de passionnés participe aux travaux d’excavation. Et malgré la pénibilité, les spéléologues en herbe y trouvent leur compte, comme Jocelyn, un jeune bénévole : "Il y a une bonne ambiance. On rencontre des gens, on sympathise avec des autres passionnés. Quand j'arrive dans ces profondeurs, je ressens de l'émerveillement ! On découvre ce que la Terre a encore à nous offrir !"

Trois tonnes d'argiles sorties pendant la journée

A la fin de la journée, environ 3 tonnes d'argile ont été sorties de la grotte d'Azé. Les travaux, eux, vont se poursuivre jusqu’à la fin de l’hiver, à raison de deux opérations par mois. Avec pourquoi pas, à la clé, une nouvelle surprise : Lionel Barriquand pense en effet trouver une salle encore plus grande. Des échos de ruissellements lointains, entendus durant la matinée, pourraient lui donner raison.

Avec Alexandre Baudrand