Le ministre de l'Intérieur d'Emmanuel Macron était en Saône-et-Loire ce mardi. Face à la presse, il a multiplié les charges contre Marine Le Pen, la candidate du Rassemblement national, dont il juge le programme "pas financé et pas sérieux".
Chaque camp a deux semaines pour convaincre. Alors que l'entre-deux tours vient de commencer, les équipes des deux candidats qualifiés, Emmanuel Macron (LREM) et Marine Le Pen (RN) occupent le terrain et partent à la chasse aux électeurs. La veille, la candidate du Rassemblement National était à Soucy, dans l'Yonne. Ce mardi 12 avril, Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et pilier de l'aile droite de la macronie, a choisi le sud de la Bourgogne : Montceau-les-Mines, en Saône-et-Loire.
Offensive claire contre Marine Le Pen, qui "vit des problèmes des gens"
"Ce n'est jamais bon signe pour la démocratie que l'extrême-droite soit au second tour d'une élection présidentielle", attaque le ministre. L'objectif est clair : convaincre les électeurs qui n'ont pas voté pour le président sortant au premier tour, et les dissuader de donner leur voix à Marine Le Pen. "Madame Le Pen élue aggraverait les problèmes des classes populaires et moyennes qui ont manifestement voté pour elle", affirme Gérald Darmanin.
"Quand je vois Marine Le Pen qui sélectionne les journalistes (référence aux déclarations de la candidate qui "assume" de choisir elle-même les journalistes accrédités à ses conférences de presse, voir tweet plus bas), Marine Le Pen qui dit "on pourrait faire un référendum sur la peine de mort", je vois qu'elle est très loin de l'image qu'elle essaie de se donner."
"Bertrand Delanoë a eu une très belle formule : il a dit "Monsieur Zemmour pense tout haut ce que Marine Le Pen pense tout bas." Je pense que c'est exactement ça, et qu'on doit montrer dans cette campagne qu'elle n'est pas la solution aux problèmes des gens, mais qu'elle vit des problèmes des gens."
Le ministre de l'Intérieur appelle "tous ceux qui croient en la République et la démocratie, quel que soit leur vote du premier tour, à voter pour Emmanuel Macron. Soit parce qu'ils le soutiennent, soit parce qu'ils ne veulent pas de Marine Le Pen comme présidente de la République."
Un référendum sur les retraites possible, mais "ne mettons pas la charrue avant les bœufs"
Interrogé par France 3 Bourgogne sur Emmanuel Macron qui semble lever le pied sur la réforme des retraites, Gérald Darmanin a mis l'accent sur l'écoute du peuple. "Il n'a pas annoncé un référendum, mais il a dit que nous allions écouter. Écouter le vote du premier tour. Les Français ont voté pour Emmanuel Macron en 1, et pour Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon dans un mouchoir de poche, il faut bien le dire."
"Des gens ont des carrières longues et pénibles, et ne sont peut-être pas capables de faire ce qu'on avait prévu, la retraite à 65 ans d'ici 2030. Et que dit le président ? Il dit : j'écoute."
Quant à la possibilité d'un référendum sur les retraites, esquissé par Emmanuel Macron : "Si le président de la République et le parlement décident d'aller vers le réferendum, nous verrons bien. Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs", avertit Gérald Darmanin... avant de revenir à l'offensive contre Marine Le Pen :
"On peut se retrouver le 25 avril avec la gueule de bois, tous."
"On peut se retrouver le 25 avril avec les journalistes sélectionnés en conférence de presse, et avec la peine de mort, et non pas les retraites, comme question par référendum. Avec un pays qui sera enfermé sur lui-même, où les investissements étrangers ne viendront plus. Où le million d'emplois qu'on a créés disparaîtra. Où les taux d'intérêt vont manger l'économie des petits épargnants. Et où l'on sera obligé d'augmenter considérablement les impôts si madame Le Pen est élue, et donc on ruinera les classes populaires et moyennes."
"On voit bien que madame Le Pen fait des promesses en chocolat. Son programme n'est pas financé et ceci n'est pas sérieux. Je crois désormais qu'il faut prendre le Front national (sic) au mot, pied à pied, et démontrer que c'est une erreur profonde de voter Front national (sic)."
La majorité présidentielle peut en tout cas se targuer de plusieurs soutiens dans la région. La maire de Montceau-les-Mines, Marie-Claude Jarrot, vient d'annoncer qu'elle quittait Les Républicains pour rejoindre Horizons, le mouvement d'Edouard Philippe (ex-Premier ministre d'Emmanuel Macron) qui soutient LREM. Dans l'Yonne, le député Guillaume Larrivé, toujours membre des Républicains, appelle à voter pour Emmanuel Macron. Le maire socialiste de Dijon François Rebsamen, lui, affiche son soutien depuis plusieurs mois déjà. Ce matin, c'est le monde du sport qui se mobilise pour appeler à voter pour le président sortant : dans une tribune, une cinquantaine d'athlètes français appelle à "faire barrage à l'extrême-droite" en votant pour Emmanuel Macron. Parmi les signataires, plusieurs sont originaires de Bourgogne-Franche-Comté : le cycliste Thibault Pinot, le handballeur Jackson Richardson et le nageur Charles Rozoy.