Carole Soltysiak, 13 ans, a été tuée, mutilée et violée en Saône-et-Loire en 1990. Plus de trente ans après, l'affaire connaît une avancée spectaculaire : un troisième homme est mis en examen.
C'est un rebondissement presque inespéré, 34 ans après la mort de l'adolescente de 13 ans près de Montceau-les-Mines. Ce 10 octobre 2024, l'avocat de la famille de Carole Soltysiak, maître Didier Seban, annonce qu'un troisième homme vient d'être mis en examen.
La famille espère "l'organisation rapide d'un procès"
"Après des années d’immobilisme et d’indifférence, la justice s’est mobilisée pour faire la lumière sur le meurtre de Carole Soltysiak", écrit Didier Seban dans un message transmis à France 3 Bourgogne.
Pour ce crime, deux hommes sont, depuis 2000, mis en examen et un troisième homme vient d’être mis en examen aujourd’hui à la lumière des nouveaux éléments d’enquête.
Didier Sebanavocat de la famille de Carole Soltysiak
"La famille de Carole, ses parents et ses sœurs, ainsi que l’association Christelle saluent l’engagement des enquêteurs de la cellule d’identification criminelle d’Auxerre et de la section de recherches de Dijon, ainsi que l’investissement sans faille de Madame Kheris, vice-présidente au pôle des crimes non élucidés de Nanterre, et de madame Duby sa greffière qui par leur action ont permis d’avancer vers la vérité et de mettre fin à l’inaction coupable de la justice chalonnaise", poursuit l'avocat, spécialiste des "cold cases" - il a notamment suivi plusieurs affaires des "disparues de l'Yonne", victimes de Michel Fourniret.
"Nous espérons que ces dernières avancées majeures permettront l’organisation rapide d’un procès", ajoute Didier Seban.
La conséquence d'une relance des investigations au printemps 2024 ?
Cette mise en examen pourrait être une conséquence des investigations relancées fin avril 2024. Comme nous l'expliquions dans cet article, la juge Sabine Kheris s'était rendue en Saône-et-Loire pour visualiser les lieux du kidnapping, collecter des témoignages et des objets qui n'avaient pas été analysés à l'époque.
Sabine Kheris avait aussi réentendu les témoins de l'époque et la famille des victimes. Surtout, de nouveaux examens génétiques avaient été réalisés.
Poignardée, violée, étranglée et brûlée
Le martyr de Carole Soltysiak reste non élucidé depuis 34 ans. Le 17 novembre 1990, un chasseur découvre le corps de l'adolescente de 13 ans, suppliciée dans un bois près de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire).
L'examen du corps révèle que Carole a subi de nombreux sévices. "Elle est dénudée, présente quatre plaies dans le thorax, son corps est partiellement calciné, elle a une sangle autour du cou, et elle a été violée", raconte le major Claude Jeanguenin, enquêteur à la section de recherches de Dijon.
Un poil masculin est découvert sur le corps de la victime, ainsi que des traces de gasoil et des traces d'alcool. Mais à l'époque, de nombreuses techniques d'enquête sont encore balbutiantes. Il faut attendre dix ans pour que se produise une réelle avancée : deux hommes sont arrêtés et mis en examen en 2000.
"Iaco" et "Le sphinx", arrêtés 10 ans après
Surnommés "Iaco" et "Le sphinx", "ils font partie d'une bande qui squattait une ferme, la ferme du Rozelay, qui s'avère être située à 300 mètres du lieu de découverte du corps", précise à l'époque le major Jeanguenin. L'un d'eux est obsédé par l'affaire : "Il en parle souvent et, tous les ans en novembre, il pleure, comme s'il avait un fardeau", se souvient le policier.
Les enquêteurs parviennent à obtenir des aveux. Mais "Iaco" et "Le sphinx" présentent des profils psychologiques fragiles - le journal Le Parisien les qualifie de "simples d'esprit" - et ils sont internés dans des centres spécialisés... puis finissent par revenir sur leurs déclarations. Ils nient avoir tué Carole.
Au final, ces deux hommes sont mis en examen depuis plus de 20 ans, mais aucun procès n'a jamais eu lieu. Le pôle "cold cases" de Nanterre a repris l'enquête en novembre 2022. Deux ans plus tard donc, l'enquête vient de prendre un nouveau tournant significatif.
Le récit complet de cette affaire est à lire dans cet article.
► Avec Christophe Gaillard