Saône-et-Loire : après de nouvelles attaques imputées au loup, les éleveurs à bout de nerfs

Depuis vendredi 8 juillet, près de 20 ovins ont été tués ou blessés dans le Charolais. L'identité du responsable fait peu de doutes... mais plus que ces attaques de loup, c'est l'avenir de la profession qui inquiète les éleveurs.

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Trop, c'est trop. Mercredi 13 juillet, une douzaine d'agriculteurs s'est réunie à Champlecy, une commune de Saône-et-Loire, sur l'exploitation de Kevin Vesvres. Ce jeune éleveur, installé depuis 2019, a subi deux attaques sur ses troupeaux dans les nuits de dimanche et lundi derniers.

"La première fois, deux brebis ont été retrouvées mortes et une a été recousue par le vétérinaire", décrit-t-il. "La deuxième fois, trois brebis ont été attaquées. Il a fallu en euthanasier deux."

Des conséquences financières importantes

Depuis 2020, les attaques de loups se sont multipliées dans le département, comme en janvier dernier à Oudry, ou en décembre à Blanzy et Saint-Eusèbe. Pour les éleveurs touchés, ces incidents ont forcément des conséquences économiques. D'autant que cette fois-ci, ils ont eu lieu dans des élevages à haute sélection génétique, où chaque brebis vaut plusieurs centaines d'euros.

"En plus, on arrive à une saison où les animaux vont être mis en lutte, c'est-à-dire en reproduction", appuie Arnaud Lathuilière, le vétérinaire qui s'est occupé des bêtes de Kevin Vesvres. "Et là, les animaux seront forcément perturbés, donc peut-être que ça ne pourra pas se faire. Donc la perte peut être très importante pour l'éleveur."

"Les animaux sont traumatisés et il y a une perte de production significative sur le long terme, qui n'est absolument pas prise en compte", déplore de son côté Thibaut Renaud, secrétaire général des jeunes agriculteurs de Saône-et-Loire. "Oui, les pertes directes sont financées, mais les pertes indirectes ne sont pas prises en compte et sur une exploitation agricole, elles sont considérables."

"On a encore plus de stress"

En plus des considérations financières, c'est surtout la pression psychologique qui décourage les producteurs ovins. "C'est un traumatisme profond de se faire attaquer les animaux avec qui on travaille tous les jours", juge Thibaut Renaud.

Même sentiment chez Bernard Bonnot, éleveur à Champlecy depuis plus de 40 ans. Cinq de ses brebis ont été tuées récemment, et cinq autres ont été blessées. "Ça fait deux ans que la vie a totalement changé dans le Charolais à cause du loup. On a encore plus de stress, parce qu'on a toujours peur de ce phénomène !"

À terme, l'agriculteur craint surtout que la présence du loup sur le territoire décourage les jeunes de s'installer. "Moi je voulais apprendre et peut-être à l’avenir faire comme lui", admet Pierre Monnet, stagiaire sur l'exploitation. "Mais quand je vois les moutons, en un matin, y a plus rien, ils sont attaqués alors qu’on a travaillé toute l’année, c’est décourageant."

Dans les jours qui viennent, la brigade des louvetiers de Saône-et-Loire reste mobilisée sur les élevages à Champlecy. Suite à la mise en place de filets de protection pour garder les troupeaux, la préfecture de Macon a par ailleurs autorisé les tirs de défense simple.

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