Témoignage. Covid-19 : "Je ne me voyais pas rester à la maison" une infirmière de la réserve sanitaire se confie

Publié le Mis à jour le Écrit par J.G.

Le sens de son engagement, la réserve sanitaire, la situation des patients et les difficultés du personnel hospitalier. Engagée dans la réserve, depuis quelques jours, Isabelle venue en renfort à l'hôpital d'Auxonne en raison de la crise sanitaire liée à l'épidémie de coronavirus. 

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Isabelle Polo est infirmière. Depuis le 30 mars, elle a intégré la réserve sanitaire et prête main-forte aux équipes de l’hôpital d’Auxonne. En 2017 elle avait choisi de ne plus exercer sa profession à plein temps pour se lancer dans l’ouverture d’un centre d’esthétique. Une activité interrompue par la crise sanitaire et soudainement beaucoup de temps libre pour Isabelle « comme j’ai du fermer mon centre j’ai décidé de me mettre à la disposition de la réserve sanitaire ».

Très vite, elle a proposé ses services. « Ca a été un peu compliqué au début. Je suis resté 15 jours sans nouvelles. Puis j’ai été contacté par l’hôpital d’Auxonne. LA RH m’a demandé du renfort en raison d’arrêts et de personnels touchés par le covid-19. Il y a aussi une grosse charge de travail ».
 

Je ne me voyais pas rester à la maison alors qu’il y avait des besoins


Pour Isabelle, c’est engagement était comme une évidence : « En fait, je ne me suis pas posé de question, étant infirmière ça me paraissait  logique. Je ne me voyais pas rester à la maison alors qu’il y avait des besoins ». Comme son mari pompier Isabelle est donc en première ligne depuis une semaine. « Oui, on prend des risques mais on a des métiers qui font qu’on en prend régulièrement ».
 

C’est pas de la rigolade, elles ont vraiment besoin d’aide


Cette maman de deux enfants a été intégrée dans le service EHPAD de l’hôpital d’Auxonne. « La première journée était dure car la charge de travail est phénoménale et travailler dans un service qu’on ne connait pas avec de nouvelles façons de fonctionner ça n’est pas évident. Je vous avoue que le soir je suis rentrée un peu dépitée. Mais les collègues sont supers et m’ont très bien accueilli ». Et Isabelle se sent vraiment utile dans ce service : « c’est pas de la rigolade, elles ont vraiment besoin d’aide ».
 

Humainement c’est très difficile car on demande aux personnes âgées de rester enfermées


Le plus dur dans cette crise ? « Humainement c’est très difficile car on demande aux personnes âgées de rester enfermées dans leur chambre. Ils ne voient que nous et on est masqués, cachés, ils ne voient en fait que nos yeux. Ils n’ont pas de visites, plus d’activités. Heureusement il y a un système de visio par skype qui a été mis en place pour maintenir le contact avec leurs familles ».

Isabelle Polo avait quitté le monde hospitalier parce que « les conditions de travail ne sont pas idéales mais j’avoue qu’à l’hôpital d’Auxonne j’ai reçu un bon accueil et il y a une véritable reconnaissance des personnels ». Une expérience qui réconcilie un peu cette infirmière avec l’hôpital.
 

Perdre des patients c’est difficile surtout si ça aurait pu être évité en respectant les mesures


Elle, comme tous les personnels de santé, sont applaudis tous les soirs par les Français. « C’est gentil mais la reconnaissance pour le métier doit durer dans le temps. Car il y a des services où c’est difficile en permanence, pas qu’en période d’épidémie ».

Isabelle appelle chacun à respecter les règles de confinement « perdre des patients c’est difficile surtout si ça aurait pu être évité en respectant les mesures ». Pour elle, la réserve sanitaire est un bon système. « J’avoue, je ne connaissais pas avant. Désormais je suis inscrite, je resterai dans cette réserve et en fonction des besoins et de mes disponibilités je pourrai encore participer, en espérant tout de même qu’il n’y ait pas trop de besoin ! ».

Comme Isabelle, l’hôpital d’Auxonne a déjà recruté une autre infirmière par le biais de la réserve sanitaire. Le service ressources humaines en a rencontré trois autres la semaine dernière, pour de premiers entretiens. Les profils sont très différents : infirmière n’exerçant plus son métier, retraitée ou encore infirmière à la SNCF. « Des renforts devenus nécesssaire » pour la responsable des resssources humaines « afin de remplacer des personnels malades ou classés comme fragiles qui doivent donc éviter d'être en contact avec le coronavirus ». 

 


 

Près de 850 volontaires en Bourgogne Franche-Comté


Selon l’Agence Régionale de Santé, près de 850 volontaires se sont ainsi d’ores et déjà manifestés dans le cadre de l’opération Renforts-Covid.

Le dispositif, repose sur la plateforme en ligne sur laquelle établissements de santé ou médico-sociaux postent leurs besoins urgents en soignants, tandis que les volontaires proposent leurs compétences pour y répondre, qu’ils soient étudiants ou diplômés, actifs ou retraités.

Au 3 avril, 300 établissements se sont inscrits et 60 en ont bénéficié pour plus de 110 renforts opérationnels sur l’ensemble du territoire de la région. Ces chiffres sont rapidement évolutifs, preuve, selon l'ARS, du succès de cette mobilisation.
 
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