Ils et elles sont en première ligne dans « la guerre » contre le coronavirus covid-19. Une lutte quotidienne pour sauver des vies sans ménager leurs efforts et en mettant aussi la leur en danger. Témoignages de ces soignant(e)s, dans le Doubs, le Jura et le Territoire de Belfort.
Bénédicte, 28 ans, aide-soignante au CHRU de BesançonJ’ai été diagnostiquée hier (samedi) comme cas suspect au coronavirus-covid 19. Ça va, même si je suis très fatiguée.
Je travaille au pool remplacement de l’hôpital. C’est la guerre à l’hôpital, on fait tous front, ensemble. Il y a une magnifique solidarité, beaucoup d’entraide même si on est nous aussi paniqués et surtout très fatigués. On se bat, nous ne formons plus qu’un seul service unique contre le covid-19.
Les applaudissements chaque soir à 20h, nous font un bien fou, merci à tous ceux qui nous épaulent ainsi !
Anne (prénom modifié pour préserver l'anonymat), aide-soignante à l’hôpital Nord Franche Comté
Je suis aide-soignante depuis 10 ans, c’est la première fois qu’on voit une telle situation. Ici, on se prépare à la vague. On sera comme à l’hôpital de Mulhouse dans le courant de la semaine prochaine, nous dit-on.
Nous travaillons beaucoup, on a des masques, un pour chaque horaire de travail, du gel aussi. Personnellement, beaucoup d’angoisses, de questionnements.
Pas facile de laisser mes deux enfants et mon conjoint confinés et partir travailler, mais c’est ma mission.
Professionnellement, là aussi, du stress, des angoisses. On parle beaucoup entre collègues mais ce qui nous permet de tenir c’est vraiment la solidarité, l’entraide et notre métier de soignant.
Sophie (prénom modifié pour préserver l'anonymat) aide médico-psychologique dans une Maison d’accueil
Je m’occupe de personnes en situation de handicap dont certaines sont positives au covid-19.
Ce monde est complètement oublié. Nous ne sommes pas prioritaires, tout arrive donc lentement pour le réapprovisionnement en masques notamment alors que nous sommes en contact direct avec le virus.
Les professionnels reviennent sur leur repos pour éviter les allées et venues des intérimaires et limiter toute éventuelle propagation de l’épidémie.
Les personnes handicapées sont en isolement dans leur chambre, c’est très angoissant pour elles. La difficulté, c’est aussi de gérer les troubles du comportement en plus des symptômes du coronavirus, notamment dans l’unité autisme où je travaille.
. Personne ne parle du monde du handicap, de son isolement. Nous sommes très fatigués nous aussi et nous nous sentons seuls, sans soutien de l’Etat.
Angélique (le prénom a été changé pour préserver l’anonymat), infirmière dans un hôpital du Jura
Je ne travaille pas dans un service d’urgence et réanimation, mais tous les services ont été réorganisés dans l’attente de la vague de l’épidémie. On travaille donc tout autant mais on se sent un peu mises à part
Est-ce qu’il y a des conséquences sur ma vie personnelle ? Oui, bien sûr, j'ai peur pour ma famille, mes enfants... Pour les protéger, je ne rentre plus par la porte mais par le garage ! Et je vais tout de suite prendre une douche et laver mes vêtements...