Comment les Francs-Comtois vivent-ils l'éventualité d'un troisième confinement ? Comment garder le moral quand depuis près d'un an notre vie se résume à une succession de règles à respecter ? Des Francs-Comtois nous confient leurs craintes. Témoignages.
Alors que le nombre d'hospitalisations liées au coronavirus est monté à 27 169 personnes mercredi (+128 par rapport à mardi) et que les nouveaux variants du Covid-19 se propagent, le mot "confinement" est dans la bouche de beaucoup. Invité de la matinale de France Inter ce jeudi 28 janvier, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a défendu l'hypothèse d'un "confinement serré" qui pourrait être annoncé dans les jours à venir, pour endiguer l'épidémie dans le pays.
Comment les Francs-Comtois vivent-ils l'éventualité d'un troisième confinement ? Colère et ras-le-bol d'un côté, fatalisme et dépit de l'autre, nombre d'entre vous nous ont confié leur désarroi face à cette situation rythmée par les annonces anxiogènes.
"Ca me gâche un peu la vie"
Nous vous en parlions il y a peu sur France 3 Franche-Comté. Les étudiants semblent effectivement arriver à bout de forces. "Je prends ça avec dépit. Ça m'embête, ça me gâche un peu la vie. Je ne l'imaginais pas comme ça l'année de mes 18 ans. C'est lassant à force. Mais que peut-on faire d'autre en attendant la vaccination ?" témoigne Danaël, étudiant franc-comtois à Paris. Le jeune homme est revenu dans sa région natale le week-end dernier "sur un coup de tête". "Et j'ai bien fait" dit-il.
A part pouvoir aller courir après les cours et non le matin, le confinement change peu mon quotidien. Mais ça veut aussi et surtout dire que je ne reverrai pas mes parents et ma Franche-Comté natale avant un long moment.
Pour l'instant, il n'a aucune idée de quand il pourra retourner physiquement à l'université, alors que les cours à distance sont de plus en plus pesant pour lui. "Je ne sais pas comment se passera mon retour à l'université en présentiel si dans le même temps nous sommes confinés par contre... Je suis censé retourner dans mes deux facs la semaine prochaine mais ça me semble limite trop éloigné pour passer entre les mailles du confinement" analyse-t-il.
Le dessinateur de presse franc-comtois Rodho, au sujet du troisième confinement :
#confinement3
— Rodho (@rodho_g) January 28, 2021
La vie écologique pic.twitter.com/LbkBy4lx1c
Pour Mathilde, en troisième année de thèse sur la transition énergétique, un troisième confinement rime avec un retour à la maison quelque peu redouté. "Concrètement, chez moi, j'ai une table qui fait tout : repas, travail, ... Donc pas de vraie séparation entre les moments de travail, de loisir ou autres. Ce n'est pas idéal et plus difficile d'avoir une bonne concentration" explique-t-elle.
"Plus vite on confine plus vite on sera débarrassé"
De son côté Valérie se dit fataliste. "J'ai de la chance, je bosse malgrè un confinement très dur. Et mon salaire est assuré. Je pense à ceux et celles qui ont des pertes de salaires et aux restaurants et autres..." nous confie-t-elle. Looxli, sur les réseaux sociaux, le vit très mal, ne pouvant plus du tout travailler. "Car je travaille aux remontées mécaniques l'hiver et en cuisine le reste de l'année" se désole-t-elle.
Rémy, quant à lui, préfère être reconfiné maintenant qu'au printemps : "J'ai toujours dit que s'il devait y avoir un 3ème confinement, autant que ce soit en février pendant qui fait froid, et non au printemps. Il ne faut pas qu'on sacrifie le printemps une deuxième fois, comme l'année dernière !" Delphine, une internaute, essaie de positiver : "Il faut se dire plus vite on confine plus vite on sera débarrassé de ce virus... "
"La petite goutte d'eau qui peut faire déborder le vase"
Comment les parents de jeunes enfants abordent-ils l'option du 3ème confinement ? Tout dépend de l'ouverture ou non des établissements scolaires. Pour l'instant, les vacances scolaires de février pourraient être "allongées" mais le gouvernement tient à garder les écoles ouvertes.
Pour François Xavier, Bisontin papa de deux enfants de 9 et 11 ans, un retour à l'école à la maison serait très compliqué à gérer, même s'il ne voit pas comment on peut échapper à court terme à un reconfinement. "Je bosse à la maison depuis des mois. J'ai adoré "donner des cours" aux enfants lors du début du premier confinement. Mais bon d'une part prof c'est un métier, d'autre part c'est important de mettre des barrières, des lieux, des distances dans les différents univers (école / maison / travail)" détaille-t-il. Et d'ajouter : "Au niveau professionnel évidemment gérer école + travail c'est compliqué."
Finalement, ce qui l'agace réellement en cas de reconfinement, c'est le retour de la fameuse attestation de déplacement : "Ce qui peut miner c'est le retour des attestations auto-certifiantes. Dans la série stupidité administrative ce n'est pas mal. L'impact/intérêt doit être proche de 0. La petite goutte d'eau qui peut faire déborder le vase."
"Il n'y a rien à faire je pète les plombs"
La période inspire Nicolas, 38 ans, originaire du Territoire de Belfort. Ce dernier a composé et écrit une chanson lors du deuxième confinement, qu'il voit comme un véritable enfermement. "J'ai la tête dans le dur, partout je vois des murs. Les experts disent que c'est un passage mais ça continue car on n'est pas sages. Vibrer le confinement, prison dans la tête, enfermement permanent. Cherche en vain quelque part ou fuir, cherche en vain à qui le dire. Ma tension qui fait des bons, il n'y a rien à faire je pète les plombs" chante-t-il sur un son électro.
Il nous explique s'attendre au 3ème confinement et s'y préparer en essayant de se fixer quelques objectifs réalisables comme de la lecture ou du ménage, "mais l'attente est aussi éprouvante que le confinement en lui-même". "Je repense aux façons dont j'ai traversé les deux premiers confinements, et je fais le tri entre ce qu'il faut faire ou pas pour maintenir un état d'esprit correct" ajoute le Franc-Comtois.
C'est triste à dire, mais on a presque de l'expérience dans le domaine maintenant.
Et l'avenir dans tout ça ? Comment se projeter vers un futur plus serein alors que personne ne sait quand la crise sanitaire sera terminée ? Jacques, un Bisontin amoureux de poésie, s'interroge sur les réseaux sociaux : "De confinement en confinement quel sera notre avenir si le virus résiste ? Netflix, repas à emporter, et si le ras le bol devient colère et si la colère devient fleuve, qui l' arrêtera ?"