Belfort : Le rappeur PihPoh sort le clip « Je m’voyais déjà », une reprise de la chanson de Charles Aznavour

Pierre Enderlen, alias PihPoh, est le seul rappeur à avoir été validé par Charles Aznavour, lui-même. Les paroles de « Je m’voyais déjà » résonnent avec sa trajectoire, de Belfort jusqu’à Rio au Brésil, en passant par le métro parisien. Retour en paroles sur son parcours.
 

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Au téléphone, PihPoh fait les cent pas, dans son bureau. « J’angoisse à faire du surplace », confie-t-il, confiné dans sa maison près de Belfort. Aujourd'hui, son clip de « Je m’voyais déjà » sort sur Youtube. La chanson qui a fait décoller la carrière d’Aznavour, est aussi celle qui a permis à PihPoh d’être connu du grand public.

Sa version de « Je m’voyais déjà » a beaucoup amusé le grand Charles : « Il l'a tout de suite validé », reprend PihPoh. Réaliser un clip sonne comme une évidence pour le Belfortain. C’est chose faite, grâce à Célestin Soum et Yaniss Lespert. La vidéo montre un homme qui part au travail, tous les jours, un régisseur-homme de ménage sur la scène de l’Olympia. « J’ai voulu retracer l’histoire d’un homme qui se voyait en haut de l’affiche, mais qui n’y serait jamais », détaille PihPoh.

 



Le Comtois raconte : « "Je m’voyais déjà", c’est un texte qui me parle. Une chanson que j’ai tellement chantée, que j’aurais presque pu l’écrire … mais sans les mots d’Aznavour. » PihPoh reste quand même surpris par cette ressemblance dans la manière d’écrire et de dire : « à force de la chanter, je me la suis appropriée, même ses tournures de phrases. » L’histoire du rappeur belfortain pourrait parfois se confondre avec les paroles de l'illustre chanteur.


Reportage de Rémy Poirot et Eric Debief

 

A 18 ans, j’ai quitté ma province …


Pierre Enderlen part de Belfort à sa majorité, pour tenter sa chance dans la capitale. Ses premières années à Paris sont consacrées aux études, dans une école de musique. « Je m’voyais déjà adulé et riche … Ce sont mes tout premiers rêves. Adulé, bien sûr. Pas riche ! », blague PihPoh. Dans sa voiture, dans un avion, un train ou à côté d’une gare, le jeune homme écrit ses premiers textes, ses mélodies. Une sensation de s’évader dont PihPoh a encore besoin aujourd’hui pour créer. Il avoue : « Même parfois, quand je conduis, je m’enregistre. »
 


Et le Belfortain a fait de la route. Ses valises en mains, PihPoh a voyagé en Colombie, au Maroc, au Kurdistan d’Irak pour y transporter ses notes, ses rythmes … « M’asseoir dans un avion, grâce à la musique, jamais je n’aurais cru ça », lance-t-il. C’est sa première tournée au Brésil, à 19 ans, qui l’aura le plus marqué. Un lieu en particulier : à Rio, la favela Morro de Encontro.

« C’est mon "frère de son", Papo Reto, qui m’a invité à Rio », se souvient PihPoh. 15 heures d’avion plus tard, rendez-vous en terre inconnue. Les débuts sont compliqués pour le Comtois : « Je ne parlais pas la langue, c’était difficile : au bout de trois jours, j’avais envie de rentrer. » Très vite, pourtant, le Comtois découvre une vie joyeuse dans la favela, loin des clichés. « Des maisons cabanons, faites de bric et de broc », se rappelle-t-il. Il est accueilli « comme un prince, dans un cocon » dans la famille de son ami musicien. De ce souvenir fort, PihPoh en tire une « nouvelle sensibilité par rapport à la musique, et au regard franco-français ». Il résume : « Je parlais avec ma musique et avec des gestes, j’ai appris à écouter en observant leurs mains. »
 

Mes traits ont vieilli bien sûr sous mon maquillage ...

Avant de monter sur la scène, sous les ovations et les projecteurs, c’est le trac, l’angoisse. Le Belfortain ne tient pas en place. Quand le concert commence, il se libère, assuré. Pierre Enderlen et PihPoh, deux visages différents, mais un seul visible par le public : « C’est un partage, une rencontre, mais bizarrement, le public ne voit qu’une facette, un maquillage ». C’est peut-être dans les souterrains parisiens que PihPoh aura pu apparaître sans fard, grâce à l’opération Musiciens du métro de la RATP.
 


En 2017, il fait partie des finalistes du Concours des 20 ans de la RATP. Le prix ? Un aller pour L’Olympia. La mythique scène parisienne aura permis à PihPoh de reprendre « Je m’voyais déjà ». Des beaux moments qui lanceront définitivement le Belfortain : « Les loges de l’Olympia, c’est un truc que je n’oublierai jamais. » S'inscrit alors, son nom en haut de l'affiche de plusieurs festivals : des Eurockéennes de Belfort au Hip hop Al Parque à Bogota en Colombie, en passant par les Solidays à Paris.

Mais, cet été, des dizaines de dates ont été annulées en raison de la crise sanitaire liée au coronavirus. Même dans son bureau, PihPoh, énergique, s’occupe. Il est le directeur artistique de Chiloo, un rappeur parisien. « Je me diversifie, j’apprends beaucoup de choses, et j’espère lui apporter d’un point de vue sonore », déclare-t-il. Avec un peu de chances, le rappeur comtois, toujours en mouvement, reprendra la route : les premières parties de Claudio Capéo en octobre, et la tournée et les ateliers d’écriture à l’Institut Kénitra au Maroc.
 


 
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