Coronavirus : l'Ehpad de Valdoie, dans un état "calamiteux", de nouveau mis sous tutelle pour trois mois

Le conseil départemental du Territoire de Belfort et l'Agence régionale de santé ont décidé vendredi 31 juillet de poursuivre la mise sous tutelle pendant trois mois de l'Ehpad de la Rosemontoise, à Valdoie. L'établissement a été jugé dans un état "calamiteux".

Les mois passent et la situation est loin de s'arranger à l'Ehpad de la Rosemontoise. Déjà mis sous tutelle le 6 avril puis le 8 juin, l'établissement, situé à Valdoie, dans le Territoire de Belfort,va rester aux mains d'administrateurs provisoires - et non de l'association "Servir" - pendant trois mois, a annoncé le président du conseil départemental du Territoire de Belfort, Florian Bouquet, joint par téléphone dimanche matin.

"C'est le seul Ehpad en France à connaître une situation pareille", explique Florian Bouquet, qui a pris cette décision vendredi 31 juillet en accord avec le directeur de l'Agence régionale de santé (ARS) Bourgogne-Franche Comté, Pierre Pribile.

Deux administrateurs provisoires avaient pour mission, en avril, de "contenir la problématique Covid", selon M. Bouquet. "L'équipe a été renforcée, des pompiers du département sont venus en aide, les salariés ont été formés aux gestes barrières, les accès ont été limités voire supprimés", se réjouit le président du conseil départemental.

Un point de non-retour

Deux autres administrateur devaient de juin et août, consolider le fonctionnement de l'établissement et "identifier les process pas conformes". Le rapport, reçu par Florian Bouquet jeudi 30 juillet, est "glaçant", selon l'intéressé. "C'est calamiteux. Prolonger la tutelle était la seule solution convenable."

Trois principaux écueils ont été relevés : l'accueil et la prise en charge des patients, la gouvernance au sein de l'association "Servir" et le management.

Les services du département et l'ARS ont trois mois "pour ouvrir un dialogue" avec l'association "Servir". Florian Bouquet ne se fait pas d'illusions : "Ils sont dans le déni. Le lien de confiance est rompu, les choses sont allées beaucoup trop loin. Ils sont en totale déconnexion avec la réalité. Il y a un point de non-retour."

Désarroi et impuissance

Selon Florian Bouquet, les dysfonctionnements sont nombreux. "La liste est longue..." : mise en danger des résidents, absence de règles, manque de traçabilité des dossiers médicaux, parcours de soins pas respectés, linge non changé, non-respect du rythme biologique des pensionnaires, absentéisme des intérimaires, fort turnover... "L'association a une disponibilité financière de plus d'1,5 million d'euros, mais n'a pas été en mesure de fournir un thermomètre chaque matin à ses employés", peste t-il.

Pour lui, une reprise en mains de l'Ehpad par l'association est "inconcevable". "Les salariés étaient seuls pendant la gestion de la crise. Ils ressentent du désarroi, de l'impuissance et ne se sentent pas écoutés." Le décès de leur collègue, Patricia Boulak vendredi 24 avril, n'a pas arrangé la situation, loin de là. Ils ont "une dent" contre "Servir". "Je comprends la colère des familles, la situation est hallucinante."

Enquête administrative et judiciaire

Durant l'épidémie de coronavirus, plus de trente personnes - résidents, salariés - de l'Ehpad de la Rosemontoise, sont décédés. Depuis quelques semaines, il n'y a plus d'admissions dans l'enceinte.

L'établissement fait l'objet d'une double enquête. Outre le volet administratif, une enquête judiciaire est en cours. Fin juin, le parquet de Belfort a ouvert une enquête pour "homicide involontaire", enquête qui a permis l'ouverture un mois plus tard d'une information judiciaire pour "homicide involontaire" et trois autres qualifications.

A l'heure où nous publions ces lignes, nous n'avons pu joindre l'association "Servir".
 
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