EUROCKÉENNES. "Bar sourd", "cyclo-dance" : quand les personnes en situation de handicap deviennent acteurs du festival

Depuis 2009, les Eurocks ont mis en place un espace "all access". Années après années, ce lieu dédié à l'accueil des personnes handicapées a évolué. Aujourd'hui, il est devenu un lieu d'échanges et d'informations avec les festivaliers, tenu en partie par des hommes et des femmes en situation de handicap.

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Ils s'appellent Thierry, Sylvie, Sissaïd ou bien Eugenio. Tous ont en commun le fait d'être en situation de handicap. Mais, plus important encore, pendant quatre jours, ils sont des acteurs à part entière de ces 33ᵉ Eurockéennes de Belfort

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Depuis jeudi 29 juin, vous pouvez les retrouver sous une grande tente blanche aux motifs colorés, représentants des petits bonhommes, le sourire aux lèvres. Ici, c'est l'espace all access, "dédié aux personnes en situation de handicap depuis 2009" explique Yann Calley, référent des lieux. "On a disposé différents petits ateliers et services avec un objectif : répondre aux demandes des personnes handicapées, pour qu'elles soient dans les meilleures dispositions pour profiter du festival".

Profiter du festival, certes, mais s'y impliquer, aussi. "Dans un premier temps, il a fallu dire aux personnes en situation de handicap : "Venez, vous êtes les bienvenus"" reprend Yannick Calley. "Depuis quelques années, on augmente cette notion d'inclusion, en les faisant passer de spectateur à acteur".

Et ce de différentes manières. Sylvie a 55 ans et est amputée des deux jambes au niveau des genoux, depuis plus de 20 ans. Elle se déplace donc en fauteuil roulant. Fauteuil qui devient, le temps des Eurocks, son outil pour faire découvrir le cyclo-dance, une chorégraphie musicale entre une personne valide et une personne en fauteuil.

Les personnes sourdes peuvent aussi profiter des Eurocks ! Certes on n'a pas la musique, mais on ressent les vibrations, l'ambiance, on voit les gens heureux et les visuels des shows. C'est magnifique.

Sissaïd,

personne atteinte de surdité, serveur au "bar sourd" des Eurockéennes de Belfort

"Quand je danse, je fais du bien à tout le monde" confie-t-elle entre deux pas. "À moi, car je vis à fond mon festival. Aux autres handicapés, qui voient qu'on peut s'amuser même en fauteuil. Et enfin, à tous les festivaliers, à qui l'on ouvre les yeux sur notre quotidien et qui apprennent de nouvelles choses en s'adaptant à nos particularités".

Derrière ces paroles, un soupçon de pédagogie et de volonté d'ouvrir les esprits. "On ne le cache pas, instruire les valides, les faire s'intéresser à des personnes trop souvent exclues de la société, c'est aussi un de nos buts" reprend Yannick Calley. Le "bar sourd" en est l'exemple parfait. Là-bas, une dizaine de personnes sourdes ou malentendantes se relaient pour servir des boissons aux festivaliers, mais seulement en langage des signes.

"Pendant 4 jours, on inverse les rôles" salue Audrey, bénévole au sein de l'espace all access. "Pour une fois, ce sont les personnes valides qui s'adaptent aux handicaps, et pas l'inverse". Ainsi, des petites fiches traduisant les phrases de bases et les noms des boissons en langue des signes sont fixées sur le comptoir.

"On est dans l'échange constant, et c'est passionnant" témoigne Thierry Labouebe, atteint de surdité et barman d'un week-end. "En festival, les gens viennent pour boire. Quand ils arrivent, ils se rendent compte que l'on est sourd. On les fait alors regarder les affiches puis ils se mettent à dialoguer avec nous par les signes".

"On se sent vraiment utile" renchérit Sissaïd, lui aussi malentendant, calé derrière le comptoir. "Voir les gens découvrir la langue des signes française (LSF), c'est du bonheur. Plus il y aura de gens capables de communiquer en LSF, plus nous serons inclus dans la société. Et, en plus, on bosse entre copains".

Les festivaliers, eux, sont conquis par l'initiative : "J'ai découvert ça hier. Depuis, c'est ici que je viens pour prendre des bières" explique Gabrielle, 26 ans. "Maintenant, je connais quelques mots en LSF que j'ai appris à mes potes". "On boit tout en apprenant, que demander de plus" renchérit Léa. "Sans rire, on se rend aussi compte des difficultés de communication que les personnes sourdes peuvent rencontrer".

Le mot de la fin pour Eugenio, 38 ans, lui aussi atteint de surdité : "C'est la première fois que je bosse au bar. Sans vous mentir, me retrouver face à des gens qui ne parlent pas la LSF, prendre leur commandes... Cela me faisait un peu peur" raconte-t-il en souriant. "Mais au fur et à mesure des échanges, des efforts d'adaptation, on sent que notre bar a un impact. On apporte un peu de changement dans les mentalités des festivaliers. C'est là que l'on a tout gagné".

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