EUROCKÉENNES. Ils conduisent les stars jusqu'au festival, découvrez le quotidien des "runners" des Eurocks

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Depuis plus de 10 ans, Xavier Bailleux et William Taque font partie des "runners" des Eurockéennes de Belfort. Leur mission : conduire les stars et leurs équipes à l'aéroport, à leur hôtel, sur scène et parfois dans des endroits insolites. Un travail discret, pourtant créateur d'anecdotes mémorables au plus près des artistes. Témoignages.

Pour eux, les Eurockéennes sont une longue course contre-la-montre. Dans leur SUV noir, ils enchaînent les allers-retours. Festival-aéroport. Aéroport-hôtel. Hôtel-festival. Rouler, toujours, pour assurer la bonne marche des Eurocks. Un long ballet partagé avec des « partenaires » d’exception, les artistes et leur équipe. Bienvenue dans le petit monde des runners, une des professions les plus importantes pour la tenue d’un festival et pourtant méconnue.

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"Alors que des anecdotes, on en a de belles". Xavier Bailleux fait partie des 36 runners de ces Eurockéennes 2023. À 53 ans, il n’en est pas à son coup d’essai. "En 2009, je bossais à l'usine Peugeot de Sochaux lorsqu'elle a signé un partenariat avec les Eurocks" explique-t-il. "C'était simple, on leur fournissait des voitures, mais il fallait les chauffeurs !"

Un tirage au sort est alors organisé parmi les salariés de Peugeot intéressés. Xavier Bailleux est choisi. Pour coordonner les voitures de cette petite troupe, William Taque, lui aussi employé de l'entreprise. "De 2009 à 2013, je vérifiais si tout se passait bien. Mais j’ai très vite voulu me mettre à conduire" sourit l’homme à la barbiche grisonnante, aujourd'hui âgé de 65 ans.

Quand ils répondent à nos questions, Xavier et William viennent de finir leur tournée de travail. Démarrage à 7h30 et au volant jusqu’à 14h. "Et ça ne s’arrête jamais" reprend Xavier. "D’autres équipes assurent des missions de 13h30 à 21h, et enfin de 20h30 jusqu’au bout de la nuit". Nous aurions adoré les suivre dans leur quotidien mais "ça aurait été trop compliqué" s’excuse William. "On convoie des artistes et leurs équipes. On ne peut pas vous faire rentrer comme cela, vous auriez des ennuis".

Chaussettes en laine d'Ecosse et eau plate des Fidji

Qu’à cela ne tienne, ce sera à eux de tout nous raconter. À commencer par une question logique. Qu’est-ce-que c'est, un runner ? "C’est plutôt simple" répond William Taque. "On s’occupe de conduire les artistes et leurs équipes. On va les chercher pour les amener au Malsaucy et vice-versa. Il y a aussi tous les trajets jusqu’aux hôtels. Et puis toutes les petites courses internes, parfois pas prévues sur le planning".

Car oui, malgré un "programme millimétré", l’adaptabilité est un des maîtres mots du métier. "J’ai eu une fois un manager qui s’est trompé d’aéroport" reprend Xavier. "Il a fallu que j’aille à Genève plutôt qu’à Mulhouse, au dernier moment. Ce fut long. À l'opposé, le bassiste des ZZ Top m’a une fois demandé de le conduire des loges de la Grande Scène jusqu'à la régie technique, pour regarder un match de foot. 70m ! Le run le moins long de ma carrière".

William, lui, se souvient de demandes plus farfelues : "J’ai eu un manager qui a voulu trouver à tout prix des chaussettes en laine d’Écosse et de l’eau plate des Fidji. Autant vous dire que vers Belfort, ça a été du sport". L'esprit rock'n roll n'est donc pas qu'une légende, les deux hommes peuvent en témoigner. "C'est sûr, on en a vu" se remémore William. "Alcools, substances plus ou moins litigieuses. Et des choses que l'on ne peut même pas dire. C'est le showbizz".

Je me souviens de Pete Doherty qui était rentré avec quatre danseuses dans ma voiture. Il avait retourné son hôtel. Il y avait des bouteilles partout. On avait dû mettre une heure pour le réveiller. Lors du retour, il a dormi sur la banquette arrière pendant tout le trajet. Mais, arrivé à l'aéroport, il m'a quand même signé le petit autographe.

Xavier Bailleux,

runner aux Eurockéennes depuis 2009

Toutes ces anecdotes et ces moments de vie font le sel du métier de runner. Et apprennent "la patience" sourit Xavier Bailleux. "On conduit des personnalités. Avec quelques personnes, surtout les manageurs d’artistes, ça peut parfois être compliqué. Mais dans l’ensemble, ce sont des rencontres incroyables. Je me souviendrai toujours du fou rire que j’avais eu avec le duo mexicain Rodrigo y Gabriela, en parlant de Metallica".

Quatre journées "d'évasion"

C’est aussi ça être un runner. "L’aspect social est très important" se justifie William Taque. "Nous sommes le premier contact entre les artistes et le festival, donc on doit aussi bien présenter (sourire)". Il n’est ainsi pas rare que les runners se transforment en guide touristique. "J’aime raconter aux Américains que le sculpteur du lion de Belfort est le même que celui de la statue de la Liberté" témoigne Xavier. "Hier, avec un technicien de Skrillex, on a échangé sur l’histoire de Mulhouse. Et je me souviens même du chanteur des ZZ Top qui a voulu faire une course express pour aller se chercher des cartes postales".

Certes, le métier a aussi ses contraintes : travail de nuit, stress, attitudes des personnes transportées... Mais les deux runners n'arrêteraient pour rien au monde. "On est avant tout des passionnés de musique" avoue Xavier. "Voir ces grands noms, leur parler, c'est assez irréel. Et ça fait des souvenirs à vie". "On a commencé entre potes de l'usine de Sochaux" conclut William. "Aujourd'hui, certains sont partis mais on garde toujours cette bonne ambiance. Pour nous, ces quatre jours sont vraiment des instants d'évasion".

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