Il a présenté le premier journal de Radio France Auxerre : Denys Baudin, grande voix de l’Yonne, prend sa retraite

Denys Baudin, journaliste emblématique de France Bleu Auxerre (ex-Radio France Auxerre), première voix de la radio icaunaise, prend sa retraite ce dimanche 8 septembre. Il revient sur 36 ans de carrière, "que des bons souvenirs".

Pour les auditeurs, il est avant tout une voix. Mais pas n'importe laquelle : "la" voix, la toute première à avoir émis sur les ondes de Radio France Auxerre, le 31 décembre 1988. Ce jour-là, Denys Baudin présente le premier journal d'informations de la jeune radio nouvellement implantée dans l'Yonne.

36 ans plus tard, ce dimanche 8 septembre, il fera son au-revoir aux ondes, aux auditeurs et à ses collègues. Il présente son dernier journal à midi sur France Bleu Auxerre, avant de prendre une retraite bien méritée.

 

En 36 ans, "que des bons souvenirs"

"J'ai commencé en faisant des matinales, et je finis en matinale. Je me sens très bien, j'ai l'impression de terminer un cycle !" commente Denys Baudin, interrogé par France 3. À bientôt 64 ans, il se souvient avec enthousiasme de ses débuts à la radio.

Cette époque-là était géniale. On était tous jeunes, peu nombreux. C'était vraiment une époque pleine d'enthousiasme.

Denys Baudin

Lorsque Radio France décide d'ouvrir une antenne à Auxerre, tout est à construire. "Ma première mission était de rapporter des livres, des disques et des voitures de la Maison de la Radio à Paris. J'ai même participé au choix des moquettes de la station !" raconte Denys.

Ensuite, les années filent. Arrivé quatre ans après Denys, Rémy Gemble, ex-cadre historique de la radio, se souvient. "Il y a eu une époque glorieuse où Denys était rédacteur en chef, moi responsable technique, Stéphane Deschamps aux programmes... C'était l'une des meilleures époques de la radio."

La DRH de Paris nous disait : "Auxerre c'est merveilleux, il faudrait vous cloner !"

Rémy Gemble

ex-cadre technique France Bleu Auxerre

Depuis, en près de 40 ans, les métiers ont évolué, la radio a connu des révolutions. Aujourd'hui tout est numérisé, mais ce n'était pas le cas dans les années 90, se rémémore Denys Baudin. "L'enregistreur Nagra pesait 10 kilos. On travaillait sur bandes avec une paire de ciseaux, une petite réglette et des autocollants bleus pour les montages... Il fallait tout mettre bout à bout, et amener une grosse "galette" au technicien d'antenne. Quand la galette était trop grosse, elle pouvait partir en vrille et se défaire..." De cette époque, Denys conservera une précieuse archive : ses ciseaux de montage.

Au fil des années, les machines à écrire cèdent la place aux ordinateurs ; les Nagras à bandes sont remplacées par des enregistreurs numériques, bien plus légers. Le montage est numérisé, tout devient plus rapide. En 2000, Radio France Auxerre devient France Bleu Auxerre. Devenu rédacteur en chef, Denys quittera l'Yonne pendant 10 ans pour la station d'Orléans, avant de revenir à Auxerre pour présenter les infos.

"Je n'ai que des bons souvenirs", confie le journaliste. "Ce que j'adorais faire, c'était les soirées électorales. J'ai également des souvenirs de rencontres : Fidel Castro, Propovitch, Gainsbourg... C'est ce qui est sympa en radio : on rencontre des tas de gens." En 36 ans, il reconnaît "des moments plus ou moins difficiles", mais assure ne s'être "jamais ennuyé".

Un "vrai gentil" d'un professionnalisme "à toute épreuve"...

Au sein de la radio, tous saluent le professionnalisme et l'humanité de Denys Baudin. "Il a un ton qui lui appartient ; toujours poli, avec le mot juste, des jeux de mots toujours fins et subtils, un vrai regard sur l'actualité", salue Isabelle Rose, journaliste arrivée un an seulement après Denys en janvier 1990.

Delphine Martin, actuelle rédactrice en chef de France Bleu Auxerre : "Il ne bafouille pas, ne se trompe pas, n'a jamais eu de fou rire à l'antenne. Même sur des phrases ou des noms compliqués à dire : je n'ai aucun souvenir que Denys ait un jour "savonné" ! Il est d'un professionnalisme à toute épreuve."

Au-delà du grand professionnel qu'il est, il a la faculté de ne jamais s'emporter, ce qui est une vraie qualité dans notre métier.

Isabelle Rose

journaliste France Bleu Auxerre

"Denys, tu ne peux que le respecter et pas l'emmerder. C'est un archi-facilitant, un vrai, vrai gentil, tout en étant carré et rigoureux. Lui et moi, on manageait un peu "à la papa", à l'empathie", relate Rémy Gemble, l'ex-responsable technique de la station.

Pour Delphine Martin, actuelle rédactrice en chef de France Bleu Auxerre, "Denys a été quelqu'un de bienveillant, avant que la bienveillance ne devienne un mot à la mode. Il a foncièrement le souci des autres."

"J'ai toujours cherché le positif", réplique tout simplement l'intéressé. "Il faut toujours voir le bon côté des êtres humains."

...et un humoriste hors pair !

Les collègues du journaliste décrivent aussi "quelqu'un d'extrêmement ordonné", "qui aligne ses stylos" sur son bureau. Mais Denys Baudin s'est aussi fait connaître pour un talent... plus insolite, que les auditeurs ne soupçonnent sans doute pas.

Ce qui est très drôle avec lui, c'est que sous son air posé et discret, presque effacé, il a un vrai talent d'imitateur et il est extrêmement drôle !

Isabelle Rose

journaliste France Bleu Auxerre

Il faut savoir qu'avant d'être journaliste, "j'ai fait du café-théâtre !", rappelle Denys. Dans sa jeunesse, il anime une émission "Rire en cascade" sur Radio Cadet Roussel. Il se produit dans de petits spectacles, notamment dans les amphis de la fac de Dijon. "C'est ensuite devenu mon hobby." Une passion qu'il ne lâchera jamais, dont il fera profiter ses collègues au fil des années.

Sa spécialité : les hommes politiques. "Il prend la voix, les tics, les expressions... Il nous a fait tous les présidents de la Ve République, jusqu'à Macron, c'est à mourir de rire !" sourit Isabelle Rose. Les personnalités locales ne sont pas en reste, témoigne Rémy Gemble.

Sa spécialité reste quand même l'imitation de Jean-Pierre Soisson !

Rémy Gemble

ex-cadre technique France Bleu Auxerre

Ce n'est pas un hasard, les deux hommes se connaissaient bien : "Je le voyais à tous les conseils municipaux que je suivais au début de ma carrière, je le connaissais un peu par coeur", se souvient Denys Baudin. À tel point que France Inter lui demande un jour, pour l'émission L'oreille en coin, de parodier Jean-Pierre Soisson, alors ministre.

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Denys Baudin sera donc à l'antenne une dernière fois ce dimanche 8 septembre. Vous pourrez l'entendre dans la matinale, et dans son tout dernier journal, à midi.

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