Ce mardi 1er octobre, l'agresseur d'un généraliste exerçant à SOS Médecins Auxerre (Yonne) comparaît devant le tribunal correctionnel. Déjà présenté à un juge en avril dernier, l'homme avait reconnu les faits.
La scène se déroule un vendredi soir, 15 décembre 2023, vers 20 heures. Dans la salle d'attente bondée du cabinet SOS Médecins d'Auxerre (Yonne), une femme s'impatiente. Accompagnée de son conjoint, elle dit avoir attendu près de quatre heures et exige d'être immédiatement examinée par le médecin.
Elle tente donc de s'introduire dans le cabinet, insultant copieusement le praticien au passage. Ce dernier lui demande plusieurs fois de sortir, sans succès. Le conjoint de la patiente s'énerve alors, frappe le médecin à coups de pieds jusqu'à le faire tomber au sol.
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Ce sont d'autres patients présents dans la salle d'attente qui parviennent finalement à maîtriser l'agresseur. Interpellé par la police, il est placé en garde à vue avant d'être relâché le lendemain. Le médecin, blessé au thorax, à la hanche et au poignet, porte plainte.
L'homme a reconnu les faits
L'affaire devait être instruite par le tribunal d'Auxerre en février 2024, mais le tribunal l'a finalement renvoyée au 29 avril. À cette date, l'agresseur, qui reconnaît les faits, est jugé dans le cadre d'une procédure de reconnaissance préalable de culpabilité. Le parquet demande qu'il soit condamné à six mois de prison avec sursis.
Mais au cours de l'audience, la juge d'instruction refuse de suivre les recommandations du parquet. "Elle a décidé que l'agresseur allait passer devant un tribunal correctionnel, c'est ce que nous demandions", détaillait Me Raphaël Nizan, avocat des parties civiles, à la sortie du tribunal. Pour lui, la justice reconnaissait là "le délit, l'infraction sérieuse" qu'est "une agression caractérisée d'un médecin dans son cabinet médical".
"Si la ville perd ses médecins, elle se meurt"
Depuis, au moins une autre agression - cette fois-ci verbale - a eu lieu au cabinet SOS Médecins d'Auxerre. "Les agressions de médecins sont un phénomène largement sous-déclaré", note toutefois Didier Honnart, président du conseil régional de l'Ordre des Médecins. "C'est très néfaste, car ça décourage forcément de continuer à exercer dans les endroits où on peut se faire agresser."
Or, "Auxerre ne peut pas se permettre de perdre SOS Médecins", souligne Patrica Triboulet, membre d'un collectif de soutien aux praticiens agressés. "C'est déjà un désert médical : si la ville perd ses médecins, elle se meurt." Le collectif, qui sera présent pour l'audience, ne demande donc qu'une chose de la justice : "l'exemplarité, pour que ces agressions cessent et que les docteurs puissent exercer sans se faire frapper ou insulter".