Mauvaises récoltes en 2021, arrêt des exportations à cause de la guerre en Ukraine... Autant de raisons qui expliquent la flambée du cours du blé, et donc les coûts de production des meuniers et boulangers. Un phénomène qui pourrait rapidement faire grimper le prix de la baguette de pain.

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La baguette de pain prochaine victime de la hausse du coût de la vie ? Le cours du blé, déjà impacté par les mauvaises récoltes de 2021, flambe à nouveau à cause de la guerre en Ukraine. Mathématiquement, cela signifie une augmentation des coûts de production de la farine, et par extension du pain.

"À cause des pluies cet été, et des mauvaises conditions météo en général, nous disposions d'une quantité de blé moindre, et de moins bonne qualité", explique Hervé de Romémont, président du directoire des moulins Dumée, à Gron (Yonne). "Aux États-Unis, il y a eu la sécheresse. Donc il a fallu se fournir là où le blé était disponible, c'est-à-dire en Ukraine et en Russie. Quand les chars ont pénétré à Marioupol et Odessa, les principaux ports de transit, la réponse a été immédiate."

Avant le lancement de l'invasion, le prix de la tonne de blé s'élevait entre 260 et 280 euros. En quelques semaines, elle a dépassé les 400 euros. Et comme les prix de vente de cette céréale sont indexés sur le cours mondial, les répercussions sont inéluctables.

Autre source d'inquiétude : le marché maghrébin. L'Algérie, la Tunisie ou même l'Égypte disposent de gros contrats avec l'Ukraine. Avec la fin présumée des exportations dans les mois qui viennent, ces pays se tournent vers la France ou l'Australie, "à n'importe quel prix", selon Hervé de Romémont. "Ils veulent à tout prix éviter des émeutes de la faim, ce qui pourrait peut-être entraîner des pénuries."

Comment la crise se répercute-t-elle sur le prix du pain ?

La hausse du prix du blé devrait être amortie par le fait que la farine, utilisée pour la fabrication du pain, ne représente que 10 à 15% du coût d'une baguette. Mais les boulangers doivent également composer avec l'augmentation de la facture d'énergie et du carburant, ainsi que celle d'autres matières premières.

"Le beurre, par exemple, a augmenté de 35 à 40%", déplore Hervé de Romémont. "Pour la poudre de lait, c'est presque 50% !" Face à l'explosion de tous les coûts de production, l'augmentation du prix de la farine, puis de la baguette, est selon lui la seule solution pour que les producteurs survivent.

Sur le court terme, une augmentation de quelques centimes

Bruno Liégeon, boulanger à Beaune (Côte-d'Or), s'attend lui aussi à devoir demander un effort financier à ses clients. 

"On est tellement pris dans cet étau de hausse généralisée que l'avenir s'annonce compliqué", avance-t-il. "Ça ne m'étonnerait pas de voir, d'ici quelques semaines, des petites baguettes à 1,20€, ou des 'tradition' à 1,50€."

Il évoque, dans les mois qui se profilent, une augmentation de 20 à 25%. 

Un budget nourriture rogné ?

Alors, au milieu de cette avalanche de hausse des prix, les Français seraient-ils prêts à abandonner la baguette de pain ? "Je ne pense pas", lance plein d'espoir le boulanger beaunois. "Sur une année, une augmentation de 5 à 10 centimes sur la baguette, ça n'est pas énorme. Mais si ça continue de grimper, là en revanche, on n'est sûr de rien."

Un avis partagé par Hervé de Romémont. "Il y a des abonnements 'incompressibles', comme l'énergie ou l'essence. S'ils continuent d'augmenter, les Français vont piocher sur d'autres budgets, dont celui de l'alimentation. Donc si le conflit se poursuit, et que le coût de la vie poursuit son ascension, on va commencer à s'inquiéter", conclut-il.

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