L'aventurier icaunais Arnaud Chassery montera le Kilimandjaro en août 2024 pour promouvoir l'intégration des personnes en situation de handicap. Un nouveau défi pour lequel il se prépare déjà. Interview.
Plus de trois mois après avoir essayé de traverser la Manche à la nage, il va cette fois-ci prendre de la hauteur. Arnaud Chassery se lance dans une nouvelle aventure : celle de s’attaquer au Kilimandjaro (Tanzanie), la montagne la plus haute d’Afrique avec ses 5 895 mètres de hauteur.
L’explorateur né à Joigny (Yonne) réalisera son nouveau défi en août 2024. Une ascension de 5 jours aux côtés de deux jeunes adultes en situation de handicap, un homme atteint d’autisme et une femme en rémission du cancer du sein. Le but : faire parler du handicap à France. L’aventurier nous parle de cette cause qui lui tient à cœur et de cette ascension qu’il réalisera pour la deuxième fois.
Pourquoi vous lancez-vous dans ce nouveau défi ?
Arnaud Chassery : "L’ascension du Kilimandjaro, c’est un gros morceau. On a l’ambition de conduire deux joëlettes (un fauteuil tout terrain à une seule roue, ndlr) au sommet. On aura dans notre équipe un jeune autiste et une femme en rémission du cancer du sein. L’idée, c’est de parler de ces différentes causes au travers de cette aventure. Le sport est un super vecteur de communication. Quand on y associe l’aventure, c’est encore plus fort. Ça va nous permettre de parler du handicap."
Même avec un handicap, on peut faire des choses incroyables. Comme monter le Kilimandjaro !
Arnaud Chassery, aventurier
"En 2023, l’agenda de l’accessibilité programmée va prendre fin. C’est l'obligation pour les établissements de rendre accessibles leurs locaux aux personnes en situation de handicap. Mais il y en a encore beaucoup à mettre en conformité. On veut mettre ça en lumière.
Et puis il y aura aussi les Jeux Paralympiques en 2024. Il ne faut pas les oublier. Toutes les actions qui mêlent sport et handicap permettent de faire une piqûre de rappel et de montrer que même avec un handicap, on peut faire des choses incroyables. Comme monter le Kilimandjaro !"
Qu'est-ce qui vous pousse à mettre en avant cette cause ?
Arnaud Chassery : "Avec les gens qui se retrouvent en situation de handicap, il n’y a pas de triche ! Ils sont vrais, ce sont des gens entiers. L’expédition va me permettre de côtoyer des gens qui ont su s’élever et aller au-delà de leur handicap, qui font preuve de résilience."
"À choisir, je préfère partir avec une équipe de gens en situation de handicap qu’avec une équipe de valides ! Ce sont des gens qui apportent beaucoup, qui sont plein d’amour. On fait des efforts pour eux mais ils nous le rendent vraiment bien."
Vous partirez en août 2024. À quelles difficultés vous attendez-vous ?
Arnaud Chassery : "Le Kilimandjaro, c’est un trek en haute altitude, il n’y a pas besoin de techniques d’alpinisme. Il faudra un entraînement adapté. On ne peut pas faire n’importe quoi. La personne en joëlette participe à l’aventure. En haute montagne, il y a des endroits difficiles d’accès. Il faut vraiment que la personne joue avec son corps pour équilibrer le fauteuil adapté. Ça peut être épuisant.
On a prévu 5 jours d’ascension en plusieurs étapes. La dernière nuit, on sera à 4 700 mètres. Nous qui venons de la plaine de l’Yonne, on n’est pas habitués à ces altitudes ! On ne dort pas en fait ! Il y aura un départ à 2-3 heures du matin pour aller au sommet. On descendra dans la foulée. Arrivés à 6 000 mètres d’altitude, on ne pourra pas rester trop longtemps. Ce sera 15 ou 16 heures de marche. C’est une tentative d’exploit sportif !
D’où l’importance de la préparation. On a déjà commencé avec une première randonnée. Il y aura une randonnée de préparation tous les mois. L’idée, c’est de parcourir l’Yonne mais aussi des départements en Bourgogne. On a la chance d’avoir des terrains très variés. Les prochaines, il y en aura dans le Chablisien, dans le Tonnerrois, dans le Morvan."
Vous avez déjà monté le Kilimandjaro en 2017, quel souvenir vous gardez de cette aventure ?
Arnaud Chassery : "Le Kilimandjaro, c'est pas dur, c'est très, très, très dur ! Passé 5 000 mètres, on avance pierre par pierre. On marche très lentement car on manque d’oxygène, l’air est très sec. On aura cette fois une soixantaine de porteurs, d’accompagnants, qui sont extraordinaires. Ils chantent tout le temps ! Chanter ça aide. On se prend au jeu, on chante avec eux.
C’est une ambiance incroyable. Quand on aime le sport, la haute montage, c’est incroyable. Les Tanzaniens dégagent une énergie extraordinaire. Il y a une générosité, une solidarité, c’est ce qui m’a marqué. Ça force le respect. Ce sont des moments forts, à vivre, c’est fabuleux.
Je suis très heureux d’y retourner, j’ai beaucoup de chance ! J’envisageais de remonter une expédition sur le Kilimandjaro depuis longtemps. Je suis obligé de faire une expédition à la fois mais là c’est vraiment l’occasion d’y retourner."