Roland Masse a été régisseur du domaine des Hospices de Beaune, en Côte d’Or, pendant quinze ans. Il s’apprête à tirer sa révérence après la 154e vente aux enchères des Hospices qui sera retransmise en direct sur le site internet de France 3 Bourgogne dimanche 16 novembre 2014.
Roland Masse est né dans les vignes
Roland Masse est né dans la côte chalonnaise il y a 61 ans. Dans quelques jours, il officiera à la 154e vente des Hospices de Beaune, qui sera sa dernière en tant que régisseur du domaine viticole réputé dans le monde entier."Rester simple et humble" avec le vin, voilà la recette pour "faire du bon vin", estime ce Bourguignon jovial et affable. Chaque matin, il déambule dans les longues travées de la cuverie. Là, s'alignent au cordeau les tonneaux - qu’on appelle des "pièces" en Bourgogne. Ils sont marqués du nom de prestigieuses appellations : Bâtard-Montrachet, Mazis-Chambertin, Corton-Charlemagne...
Quelques centilitres de liquide prélevés avec une pipette dans chaque fût permettent à l'oenologue d'analyser les 47 jeunes cuvées, qui "évoluent vite". "Les cuvées doivent être sans reproche pour la vente, donc c'est un peu de souci", dit le futur retraité, sous une apparente décontraction.
L'imminence des enchères, qui attirent des acheteurs du monde entier, fait toutefois monter la pression : "On n'a pas le droit à l'erreur. On est les premiers à présenter les vins du millésime", souligne-t-il. Depuis plusieurs jours, il accueille le défilé des clients internationaux qui vont se succéder à la cuverie pour les traditionnelles dégustations avant la vente.
Le métier de régisseur, c’est quoi ?
En tant que régisseur, Roland Masse dit réaliser un "travail de gérance" pour coordonner les 22 vignerons salariés du domaine. "Il s'agit de suivre chaque jour le travail du vignoble et impulser ses désirs, toujours selon le cahier des charges",explique-t-il, sans fanfaronnade.
Pourtant, "c'est un poste prestigieux, car il est devenu médiatisé", reconnait l'oenologue, particulièrement à l'aise devant les caméras.
Avant de prendre en main le domaine beaunois, Roland Masse a travaillé dans différentes maisons de vins en Bourgogne, de Chablis à la Côte de Nuits. Après quinze ans passés sur le domaine des Hospices de Beaune, il connaît comme sa poche les parcelles, qui bien que morcelées, s'étendent sur 61 hectares. Ce domaine des Hospices s'est constitué au fil des siècles grâce à des donations. 85% des vignes y sont classés en premier cru et grand cru.
De son passage aux Hospices de Beaune, Roland Masse retiendra bien sûr "l'augmentation du chiffres d'affaires" de la vente des vins, se félicitant qu'elle permette à l'hôpital de la ville "d'assurer son fonctionnement". En effet, les fonds récoltés chaque année lors de la vente des vins du domaine sont destinés à l'institution hospitalière fondée par Nicolas Rolin, chancelier du duc de Bourgogne au XVe siècle. L’hôtel-dieu d’autrefois continue sa mission sous la forme d’un centre hospitalier particulièrement bien équipé.
Les dernières vendanges de Roland Masse aux Hospices de Beaune : http://t.co/pV0lhIVzW5 Souvenir vidéo de 2010 https://t.co/grfSRL1WEi
— Bourgogne Live (@BourgogneLive) 17 Septembre 2014
"D'excellents vins même dans les mauvais millésimes"
"L'engouement du monde entier pour la Bourgogne nous a amenés à réfléchir et à améliorer la qualité", observe Roland Masse. C’est ainsi qu’un virage vers le bio a été opéré en supprimant notamment l'usage des désherbants sur le domaine. Le régisseur a eu le talent de faire "d'excellents vins même dans les mauvais millésimes" ces quinze dernières années, déclare Jacky Clerget, vigneron depuis 1983 pour les Hospices à Monthelie, en Côte-d'Or.En janvier 2015, Roland Masse passera la main à une régisseuse. Ludivine Griveau, œnologue de 36 ans, compte s'inscrire dans la "pérenisation" du travail de son prédécesseur. Elle sera la première femme à occuper cette fonction. Pour Roland Masse, "faire du vin, ce n'est une question de sexe, c'est une question de personnalité".
Durant sa retraite, l'ancien régisseur des Hospices de Beaune ne devrait pas s'éloigner du monde du vin, puisqu'il entend apporter son expérience dans les vignes familiales, en Saône-et-Loire. Toujours en Bourgogne.