Dans les Côtes-d'Armor, depuis l'apparition du premier foyer de grippe aviaire, près de 1,2 millions de poules pondeuses ont été abattues et 23 tonnes d'oeufs détruits. L'oeuf frais se fait rare. Ce fabricant de biscuits bretons a dû se résoudre à utiliser des oeufs pasteurisés pour pallier la pénurie.
En temps normal, Eric Le Goff s'approvisionne en oeufs frais, à quelques kilomètres de la biscuiterie familiale, installée à Belle-Isle-en-Terre dans les Côtes-d'Armor. Mais depuis que la grippe aviaire a décimé les élevages de poules pondeuses dans le département, pas simple de mettre la main sur ce précieux ingrédient pour confectionner les galettes et autres gâteaux bretons.
Le prix de l'oeuf flambe
Ce maître artisan pâtissier n'a guère eu le choix : il s'est tourné vers les oeufs pasteurisés. "Jusque-là, je me fournissais chez un aviculteur qui est à 10 km d'ici, relate-t-il. Mais avec ce virus, j'ai dû me résoudre à abandonner l'oeuf coquille pour du pasteurisé qui vient de Rennes. Et c'est forcément moins bon".
L'homme, à la tête d'une biscuiterie qui a pignon sur rue, ici, depuis 1875, parle de "déchirement" et ne cache pas son inquiétude pour les prochains mois. "Est-ce que l'on aura des oeufs frais cet été ? interroge-t-il. Surtout que la saison touristique va démarrer en avril et que le plus gros de notre production intervient d'avril à fin septembre".
Depuis fin octobre 2022, et la détection d'un premier foyer de grippe aviaire dans les Côtes-d'Armor, près de 1,2 millions de volailles ont été abattues. Au total, ce sont 27 foyers qui ont été dénombrés dans le département, dont deux déclarés le 17 février 2023 près de Guingamp.
Le prix de l'oeuf, devenu rare, a forcément flambé. L'artisan pâtissier de Belle-Isle-en-Terre constate que l'oeuf pasteurisé est lui aussi plus cher. "Je ne répercute pas cette augmentation sur le prix de mes biscuits pour l'instant, indique Eric Le Goff. On a une baisse de prix sur les autres ingrédients, donc ça compense un peu".
Vers un repeuplement progressif des élevages
L'épizootie semble néanmoins marquer le pas depuis une dizaine de jours mais elle eu le temps de faire des ravages. Exemple à Saint-Connan où 7 des 12 élevages que compte la commune ont été touchés. "Ce serait bien d'aider un peu plus les aviculteurs" glisse Eric Le Goff.
L'Etat a débloqué, en décembre dernier, 469 millions d'euros pour indemniser les éleveurs de volailles français, selon des critères d'éligibilité.
Le repeuplement des élevages va se faire au compte-gouttes et en fonction de la situation dans les différentes régions. "La stabilisation de l’épizootie d’influenza aviaire en élevage sur une grande partie du territoire – notamment en Pays-de-la-Loire – ouvre aujourd’hui la porte à une stratégie de repeuplement progressif dans les exploitations" a ainsi annoncé le ministre de l'Agriculture ce 28 février 2023.
Ce repeuplement sera long et va prendre des mois. La filière est éprouvée par des semaines de mise sous cloche. Certains producteurs hésitent à repartir, d'autant que les aides promises pour se maintenir à flot mettent du temps à arriver.
(Avec Jean-Marc Seigner)