Crise des Urgences. Pour les fêtes, la Bretagne dans le rouge

En cette fin d’année 2022, le malaise est profond dans les services d’urgences des hôpitaux bretons. Le plan blanc a été déclenché dans plusieurs établissements pour essayer de faire face à l’afflux de patients et au manque de soignants, mais certains services demandent à leurs usagers de composer le 15 avant de venir aux urgences. D’autres sont même contraints de fermer la nuit.

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Les urgences sont en souffrance, le diagnostic est clair. Et l’affection semble se nourrir de ce malaise et empirer chaque jour. Après des moments difficiles dans les services, les soignants, médecins, infirmières, aides-soignantes sont épuisés et beaucoup décident de changer de voie. Mais chaque départ complique encore un peu la tâche de ceux qui restent car ils se retrouvent en sous-effectif. 
En cette période de fêtes, beaucoup ont aussi posé des vacances ou sont victimes, comme le reste de la population des microbes qui pullulent. 

Pour toutes ces raisons, en France, 20% des lits d’hôpitaux sont fermés alors que c'est traditionnellement une période difficile à cause des maladies hivernales. Et cette année, les virus s’en donnent à cœur joie. Une triple épidémie s’est répandue sur l’hexagone : un joli concentré de toux, de fièvre, de problèmes respiratoires. La grippe se déchaine alors que la bronchiolite n’en finit pas et que le Covid traîne toujours.

Un diagnostic sévère 


Comme il n’y a plus assez de lits d’hospitalisation, les patients restent dans les services d’urgences et les engorgent. Les temps d’attente deviennent inacceptables. "A Brest, ces jours-ci, il faut parfois patienter 12 à 16 h pour voir un médecin, et si celui-ci décide qu’une hospitalisation est nécessaire, une nouvelle attente commence, et peut durer jusqu’à 48h. Les malades sont sur des brancards dans des conditions d’insécurité et d’intimité très limites",  regrette Thomas Bourhis, délégué syndical CGT au CHRU de Brest. 

Le plan blanc en guise de remède ?

Le Plan blanc, qui permet de maintenir le personnel soignant nécessaire sur site et le cas échéant de rappeler du personnel lorsque la situation le justifie a été déclenché à l’hôpital de Morlaix dès la fin du mois de novembre. Depuis, les hôpitaux d’Ille-et-Vilaine, ceux de Lannion, Brest- Carhaix et Morlaix  ont fait de même. 

"On écope un bateau qui est en train de couler, se désespère Thomas Bourhis. On redéploye du personnel". A la grimace qui se dessine sur son visage lorsqu’il prononce le mot, on devine que le redéploiement est douloureux. "On va tirer au sort, détaille-t-il. Des soignants qui étaient en repos et qui devaient réveillonner tranquillement chez eux vont être rappelés pour venir renforcer les urgences." 


Ce 20 décembre, les hôpitaux de Vannes et de Ploërmel ont activé le niveau 2 de leur plan blanc. "Les urgences adultes et pédiatriques du CHBA et les urgences adultes du CH de Ploërmel connaissent une activité très soutenue ", expliquent-ils dans un communiqué.  "Cette forte tension impacte les délais d’attente de prise en charge et d’hospitalisation." Les deux centres ont donc décidé "d’adapter leurs organisations selon un dispositif de montée en puissance gradué et adapté au contexte."

Des appels au 15 pour gérer l’urgence


Ces derniers jours, pour faire face aux afflux de blessés et de malades, les hôpitaux de Fougères, Quimper et Saint-Brieuc ont prié les usagers de composer le 15 avant de se déplacer aux urgences. 

A Saint-Brieuc, la recommandation est même devenue la règle. Il y a quelques jours, les urgences de l’hôpital ont accueilli 246 patients dans la journée quand la moyenne est de 170.

Hors urgences vitales, à compter du 24 décembre jusqu’au 2 janvier, les patients sont priés de téléphoner au 15. Un régulateur les orientera suivant leurs pathologies, vers l’hôpital ou la médecine de ville. 

"Cette mesure, régulant l’accès aux urgences, vise donc à garantir une prise en charge adaptée et sécurisée pour les patients nécessitant effectivement un recours aux urgences", précise l’hôpital. 

Des services d’urgence fermés la nuit

A Landerneau, faute de personnel suffisant, à compter de ce 23 décembre, les urgences seront fermées la nuit de 23h à 8h30. "Fermer les urgences la nuit pendant les vacances scolaires, quand l’offre de soin est déjà réduite et que l’on est en pleine épidémie virale, c’est extrêmement inquiétant", regrette Xavier Hamon, le chef du service des urgences. 

A Vitré et Redon en Ille-et-Vilaine, seules les urgences vitales sont acceptées entre 20h et 8h du matin. 

Le procureur de Brest saisi pour mise en danger de la vie d’autrui


La CGT de Brest a porté plainte  "pour mise en danger de la vie d’autrui." "La salle d’attente des urgences, c’est un hall de gare, explique Thomas Bourhis. Quand un vieux monsieur ou une vieille dame de plus de 90 ans doit attendre des heures pour voir un médecin, c’est une perte de chances et donc une mise en danger de la vie d’autrui", insiste-t-il. 

Le délégué syndical espère que le procureur de la République se saisira de la situation et contraindra la direction de l’hôpital et l’ARS à prendre des mesures nécessaires pour améliorer la situation.

Il demande la création de postes et l’ouverture de lits d’hospitalisation. Il faut recruter, dit-il, pour améliorer les conditions de travail des soignants et les conditions de vie des patients.  

Et dans cette situation déjà tendue, le mouvement de médecins généralistes  "Médecins pour demain" appelle à une grève dure à partir de lundi 26 décembre. Les urgences pourraient donc voir encore plus rouge dès la semaine prochaine. 

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