Au large de Concarneau, François Gabart passe doucement la barre de son maxi-trimaran à Tom Laperche

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L'un prend doucement du recul, quand l'autre avance à pas de géant. Après avoir annoncé en avril tourner la page du solitaire, le navigateur François Gabart prépare désormais son successeur Tom Laperche à prendre seul la barre du maxi-trimaran SVR-Lazartigue.

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Au large de leur port d'attache à Concarneau (Finistère), François Gabart et Tom Laperche s'entraînent ensemble depuis des semaines sur le voilier géant, arrivé 2e de la dernière Route du Rhum, en vue des prochaines courses estivales.
"C'est toujours jouissif de parvenir à maîtriser ces bateaux. Il y a le défi physique de manœuvrer quelque chose qui fait à peu près la taille d'une maison et le défi technique d'aller toujours dans la bonne direction", décrit Laperche, 25 ans, en filant à près de 75 km/h sur l'océan.
Ses cheveux châtains décoiffés par le vent, le marin se glisse depuis le pont dans l'une des bulles du trimaran bleu, semblables à celle d'un avion de chasse, pour échanger avec son mentor et partenaire de course, située dans celle de devant.
Le duo communique casque sur les oreilles, vire de bord, teste les foils -ces appendices latéraux qui permettent au navire de décoller de la surface-, change les voiles. La Transat Jacques Vabre, en octobre prochain, sera leur objectif de l'année.

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De stagiaire à barreur 


"C'était une forme d'évidence de l'embarquer sur cette course, commente François Gabart, 40 ans, depuis le cockpit du navire, il a cette capacité assez rare à rester très calme dans des environnements stressants. On forme une bonne équipe".
Longtemps appelé "Le petit prince des océans", pour sa chevelure blonde et sa précocité à accomplir des exploits hors normes -il a remporté le Vendée Globe, la Route du Rhum, la Transat Jacques Vabre et la Transat Anglaise respectivement en 2013, 2014, 2015 et 2016-, Gabart a décidé en avril dernier de "mettre en pause" la navigation en solitaire.

J'ai toujours eu énormément d'admiration pour ce qu'il a fait. C'est ce qui m'a donné envie de faire de la voile. J'ai un peu l'impression d'être à sa place dix ans après

Tom Laperche

à propos de François Gabart


Effet de l'âge ou des voyages ensoleillés, de petites rides marquent aujourd'hui le coin des yeux du skipper charentais. "C'est un choix qui était longuement réfléchi. (...) J'avais envie de passer le relais à un marin", glisse-t-il d'une voix assurée.
Pour le très attendu tour du monde entre Ultim, en janvier prochain à Brest, il a décidé de confier la barre de son précieux voilier, mis à l'eau en 2021 et enfin aux normes après un an de débats au sein de la classe, à Tom Laperche... son ancien stagiaire.
"J'ai commencé à bien connaître François en 2019 lors de mon stage de fin d'études d'école d'ingénieur chez Mer Concept (écurie de course fondée par Gabart, NDLR)", raconte le jeune homme, originaire de la Trinité-sur-Mer (Morbihan).

Du dériveur au Maxi


Mais en parallèle de ses études, le Breton rêvait de multicoques. Il a toujours impressionné sur les pontons. Champion du monde sur un mini-dériveur à 11 ans, 2e de la Transat Jacques Vabre en 2021 et vainqueur de l'exigeante Solitaire du Figaro en 2022, il a longtemps été considéré comme l'étoile montante de la course au large.
"J'ai toujours eu énormément d'admiration pour ce qu'il a fait. C'est ce qui m'a donné envie de faire de la voile. J'ai un peu l'impression d'être à sa place dix ans après", se réjouit désormais Laperche.
Déjà patron d'une soixantaine de personnes à Concarneau, Gabart affirme continuer à découvrir au côté du jeune barreur. "J'essaye de transmettre ce que j'ai pu apprendre en naviguant avec des marins comme Michel Desjoyeaux, j'ai quelques années d'expérience en plus, deux tours du monde. Lui me partage son envie, son énergie et sa façon de faire", estime l'entrepreneur, qui n'en a pas fini avec le large pour autant.
Après la Transat Jacques Vabre et le Tour du monde en Ultim, l'équipe du SVR Lazartigue ambitionne de s'emparer du Trophée Jules Verne qui récompense le tour du monde à la voile le plus rapide réalisé en équipage, sans escale et sans assistance.

François D'ASTIER 

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