Une rivalité amicale entre bretons des mers et des terres à l'origine des Vieilles Charrues

Des "Vieilles Charrues" rivalisant face à de "Vieux Gréements": le plus grand festival de musique de France est né d'une rivalité amicale entre une bande de copains bretons des terres et ceux des mers. Lire aussi ce grand format interactif: de la blague de potache au plus grand festival de France.

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"C'est au départ un rassemblement de jeunes d'un territoire, celui du pays du Centre Bretagne, qui voulaient s'amuser comme ceux des côtes", raconte Christian Troadec, l'un des fondateurs du festival des Vieilles Charrues en 1992.

Cette même année, les bretons du littoral ont lancé les fêtes maritimes de Brest, un rassemblement de prestigieux voiliers où se mêlent fanfares, artistes, marins et des milliers de passionnés de trois-mâts. 

Modeste, la première édition des Vieilles Charrues réunit pour sa part 500 "copains de copains" à Landeleau (Finistère). "C'était une fête privée, il fallait une invitation. On se connaissait tous", se remémore Christian Troadec, devenu l'édile de Carhaix où se tient dorénavant le rassemblement musical sur quatre jours.

Dès l'année suivante, la quinzaine d'amis à l'initiative des Vieilles Charrues créent une association et ouvrent le festival au public. Un port est reconstitué en eau douce avec son phare et son café, un nouveau pied de nez au voisin brestois.

"On a eu 2.000 personnes dès la 2e édition, 5.000 à la 3e puis 10.000...  On a à peu près doublé la fréquentation sur les dix premières années qui ont représenté les fondations du festival", explique M. Troadec, désormais président d'honneur.

Devant ce succès grandissant, le festival déménage et passe d'un terrain situé au centre-ville de Carhaix à la plaine de Kerampuilh: une vaste plaine de 104.000 m2 bordée d'un château, soit l'équivalent de près de 15 terrains de foot.

Sur ces étendues, les élus locaux, en lieu et place du traditionnel ruban à couper, sont invités à s'atteler à "une vieille charrue" et à tracer un sillon rectiligne à l'entrée du site.

Tiré de charrues

"Le tiré de charrues, c'est l'idée de tirer dans le même sens pour faire revivre une région en difficulté", explique Jérôme Tréhorel, le directeur général des Veilles Charrues qui privilégie les acteurs locaux pour l'organisation de ce mastodonte musical français.

"80% des fournisseurs du festival sont situés en Bretagne et 25% d'entre eux en Centre Bretagne. Les entreprises locales sont pleinement impliquées dans l'économie du festival, et de nombreux secteurs d'activités y sont représentés: professions du bâtiment, boulangers, commerçants, artisans, grossistes, techniciens, services de location de véhicules...", détaille le directeur.

Une manne financière non négligeable pour cette Bretagne de l'intérieur désertée et qui dépend pour beaucoup de l'agriculture.

Pour Christian Troadec, le festival est "le rendez-vous incontournable pour toute la Bretagne, un éclairage extraordinaire, un coup médiatique pour Carhaix et sa région". "Ça fait vivre beaucoup de monde à l'année", assure le maire de Carhaix.

Une fois par an, les projecteurs sont ainsi braqués vers cette petite commune de 7.600 habitants qui a accueilli l'an dernier 278.000 fans de musique, en faisant le festival de musique le plus fréquenté de France.

Le festival se caractérise par la diversité de sa musique et de son public: jeunes et moins jeunes se retrouvent autour d'artistes de renommée internationale, de fest-noz, ou iront se déhancher sur de la musique punk celtique ! Une ambiance bon enfant que les artistes apprécient au point de revenir plusieurs années d'affilée.
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