Votre commune organise peut-être un budget participatif. Un outil, né au Brésil à la fin des années 80, qui permet d'impliquer directement les citoyens dans les décisions budgétaires. Il y en a de plus en plus. Exemple à Rennes, où l'on peut déjà dresser un bilan.
Ils ont voté pour un skate park, une fresque, un cimetière pour animaux. Des réalisations choisies par les habitants lors des budgets participatifs. 66 villes en Bretagne proposent ce dispositif qui permet aux citoyens non élus, grâce à un certain montant alloué par la collectivité, de proposer et décider de projets d'intérêt général.
En 2022, la France comptait 400 communes engagées dans un budget participatif, pour un budget global à l'échelle nationale de 80 millions d'euros. Huit ans auparavant, il n'y avait que 7 communes de l'Hexagone engagées dans ce dispoitif. Aujourd'hui, en Bretagne, le budget global des budgets participatifs est de 7 millions d'euros. La Bretagne, une pionnière en la matière, avec Rennes comme locomotive.
A Rennes justement,Thierry Renaud a proposé un projet il y a deux ans. Une micro forêt dans ce square de 165m2 en bas de son immeuble : objectif faire baisser la température l’été : "J'ai eu l'idée à l’été 2022. J’habite dans un appartement orienté ouest où il a fait chaud, j'ai lu article de presse sur les micros forêts et j'ai trouvé le concept très intéressant. L'espace où j'habite s'y prêtait de façon très évidente pour moi".
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A Rennes, un budget conséquent de 16 euros par habitant
Cet habitant s’est démené pour que son projet soit plébiscité par la population. Les travaux ont commencé et les arbres seront plantés cet hiver. A l’autre bout de la ville, on trouve le budget le plus important de tous les budgets participatifs à Rennes. Un jardin chinois de plus de 5000 m2 avec 600 théiers : "La ville de Rennes n’aurait jamais eu cette idée de faire un jardin chinois au parc de Maurepas. C'est une proposition d'habitants. Ils ont une vraie expertise d’usage de leur territoire, de leur zone de vie et on peut s'appuyer sur cette expertise pour adapter les équipements à leurs besoins", explique Xavier Desmots, adjoint délégué à la démocratie locale et à la participation citoyenne.
Initialement prévu autour de 250.000 euros, le coût du jardin chinois avoisinera le million d'euro. Un fort dépassement dû à un système de distribution d'eau trop ancien.
600 habitants avaient voté pour ce projet. Et c’est là toute la difficulté du budget participatif. 8% des Rennais seulement participent au vote. Le budget est pourtant conséquent : 3 millions et demi d’euros, 16 euros par habitant.
A Loudéac dans les Côtes d'Armor, le budget est de 20 000 euros, 2 euros par habitant. C’est la 4ème édition. Cette fresque sur le gymnase est emblématique du budget participatif de la ville : "Là on a la fresque, on aura aussi bientôt les serviettes hygiéniques au cinéma, c'est plein de projets. C’est pour tout le monde et ce sont des Loudéaciens qui ont mis ça en place. Je trouve ça top !", témoigne Rozenn Bougeard, élue municipale.
Marie-Emmanuelle Grignon, porteuse justement du projet de "distributeur de protections hygiéniques" ajoute : "Même s'il y a toujours une dimension politique dans les projets, mais la politique elle est moins marquée, donc là c’est transpartisan et ce sont des projets qui peuvent toucher tout le monde, quelque soient les convictions politiques".
"La taille des villes est déterminante"
Pour qu’il y ait plus d’habitants concernés, il faut des projets qui profitent à un maximum de personnes, indique Antoine Bézard, consultant spécialiste de la participation citoyenne : "On a tendance à faire beaucoup de petits projets qui vont donner de petits aménagements partout dans la ville, mais on n'a pas une vision où on va mettre le paquet sur un ou deux gros projets qui vont vraiment donner une assise à cette démarche pour dire aux gens, vous voyez participez ça va avoir un véritable impact sur votre ville".
Rennes, Loudéac, Guichen, Quimper ou Saint-Brieuc, la taille des villes est déterminante. D'ailleurs, 160 collectivités, plutôt des petites, ont arrêté d'organiser des budgets participatifs en 2022. Trop peu d'engouement pour tant d'énergie déployée, ou tout simplement trop peu de budget disponible.
(Avec Sylvaine Salliou)