La rentrée approche et beaucoup d'étudiants cherchent encore désespérément à se loger. Le marché immobilier tendu, avec une demande est plus forte que l'offre, est le terrain de jeu des escrocs qui publient de fausses annonces de location. Romaine en a fait les frais. L'étudiante rennaise témoigne.
Tout commence par une annonce qu'elle poste, le 6 août 2024, dans un groupe public sur Facebook. Romaine indique qu'elle recherche une location ou une colocation proche du centre de Rennes. Elle précise également son budget. L'étudiante en master de communication reçoit des messages privés dont un qui retient son attention.
"La personne s'est présentée comme la fille du propriétaire d'un logement, relate Romaine. Elle m'a dit que suite au départ de la précédente colocataire, il y avait une place à prendre". La discussion est amorcée, des vidéos et photos de l'appartement envoyées. "Il me semblait très correct, pas trop moderne, c'était crédible par rapport à certaines annonces où on a l'impression que c'est trop beau, trop faux" explique la jeune femme de 21 ans qui pense avoir trouvé la perle rare dans une ville où le marché immobilier est en tension, avec plus de demandes que d'offres.
Elle flaire l'arnaque
Celle qui affirme être la fille du propriétaire de l'appartement situé en plein centre de Rennes pose les questions habituelles. "Comme le ferait n'importe quel proprio, souligne Romaine. Elle m'a demandé si j'avais des garants, quels étaient les revenus de mes parents, pour combien de temps je souhaitais louer, quels étaient mes hobbies. Cela faisait très sérieux".
Romaine exprime le souhait de visiter les lieux. "Là, c'est devenu bizarre, note-t-elle. Elle m'a répondu qu'il fallait attendre le 30 août pour les visites mais que si je voulais bloquer la location, je devais lui faire un virement". Elle flaire l'arnaque. Et s'étonne dans un message de devoir verser de l'argent alors que d'autres personnes, selon son interlocutrice, sont également intéressées. "Elle est devenue agressive, raconte l'étudiante. J'ai mis fin à la conversation et tout de suite après, elle a commencé à effacer ses messages ainsi que les vidéos".
Retour à la case départ pour la jeune femme qui évoque son "découragement". "Je vais devoir recommencer mes recherches. J'ai perdu un temps fou, déjà que ce n'est pas évident de trouver une location". Elle se dit "soulagée" aussi de n'être pas tombée dans le piège et d'avoir su "détecter les petits signaux" d'une arnaque de plus en plus fréquente.
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Ne jamais verser d'argent avant de signer
"Les arnaqueurs profitent du marché tendu, constate le directeur d'une agence immobilière rennaise. Ils savent que les étudiants sont inquiets, stressés de ne pas trouver de logement et ils appuient sur ce ressort". Les escroqueries sont, selon lui, "de plus en plus poussées" : elles intègrent la rédaction de baux "qui sont envoyés par mail", ou encore l'usurpation d'identité des agences de location.
Les annonces, publiées sur Facebook, LeBonCoin ou des plateformes telles que Se Loger, sont tellement bien tournées que rien à priori ne semble clocher. Le prix est attractif, les photos et la description de l'appartement également. Il suffit ensuite de mettre la victime en confiance pour obtenir des informations personnelles dont des pièces d'identité, des avis d'imposition et un RIB.
Première règle : ne jamais transmettre ses coordonnées bancaires (ou tout autre document) ni verser d'acompte avant d'avoir effectué l'état des lieux d'entrée dans le logement. "Si l'on vous demande de l'argent en amont pour réserver la location, c'est une arnaque" prévient cet agent immobilier.
Néanmoins, dans le cas d'une annonce sérieuse, il est recommandé d'utiliser dossierfacile.fr pour monter votre dossier et envoyer vos justificatifs. Les documents sont automatiquement recouverts de filigrane pour vous protéger contre la fraude.