Nordahl Lelandais est jugé devant les assises de Chambéry, ce lundi 3 mai, pour le meurtre du caporal Arthur Noyer, originaire de Bourges (Cher). Après quatre ans d'instruction, le procès du Savoyard devrait durer une dizaine de jours.
Quatre ans après le meurtre en Savoie d’Arthur Noyer, son meurtrier présumé Nordahl Lelandais comparait devant les assises de Chambéry, à partir de ce lundi. L’ancien maître-chien, également accusé dans l'affaire Maëlys, est jugé pour le meurtre du caporal de 23 ans, originaire de Bourges. Retour sur les dates marquantes de cette affaire :
12 avril 2017 : la disparition d’Arthur Noyer
Dans la nuit du 11 au 12 avril 2017, le caporal Arthur Noyer, membre du 13e bataillon de chasseurs alpins de Barby passe la soirée dans plusieurs bars et restaurants de Chambéry en Savoie. Pour rentrer à la caserne, il fait du stop. C’est la dernière fois où on le verra vivant. Au matin, l'alerte est donnée. Rapidement, les gendarmes lancent un avis de recherche. Le 20 avril, une information judiciaire pour "enlèvement et séquestration" est ouverte.
La famille se mobilise et organise plusieurs rassemblements, le 20 mai à Chambéry, ou encore le 26 novembre, à Bourges. "Le but est de remobiliser l’opinion publique et de faire savoir qu’on est toujours à sa recherche", expliquait à l’époque Cécile Noyer, la mère du militaire.
20 décembre 2017 : la mise examen de Nordahl Lelandais et la découverte de restes humains
Après 48 heures de garde à vue, Nordahl Lelandais est mis en examen pour assassinat, le 20 décembre 2017. Parmi les éléments à charge, la présence de sa voiture dans les secteurs où se trouvait le caporal Noyer. Les enquêteurs établissent par ailleurs que les deux téléphones utilisés par le Savoyard ont activé les relais de la place Paul Chevalier, à Chambéry, et des communes de Saint-Baldoph et Apremont, en même temps que le téléphone d'Arthur Noyer. Il a "contesté l’ensemble des faits qui lui sont reprochés, tout en admettant être à Chambéry et à Saint-Baldolph dans les mêmes créneaux horaires relevés par les analyses de la téléphonie et de la vidéoprotection", détaille Thierry Dran, le procureur de la République de Chambéry.
Lors de cette conférence de presse, le magistrat annonce également que le crâne du caporal berruyer a été retrouvé par un randonneur, le 7 septembre 2017 à Montmélian (Savoie). Les analyses ADN, rendues le 18 décembre, le confirment. "Aujourd’hui comme hier, nous faisons confiance aux enquêteurs et à la justice", réagit Cécile Noyer devant la presse.
29 mars 2018 : les aveux de Nordhal Lelandais
À l’issue d’une nouvelle audition devant le juge d’instruction, le 29 mars 2018, Nordahl Lelandais passe aux aveux. Arthur Noyer serait décédé à la suite d’une bagarre. L’ancien maître-chien aurait porté un coup de poing au visage, provoquant une chute fatale. Il n’explique pas les raisons de cette bagarre. Le 1er janvier 2018, les restes du caporal avaient été découverts. Un promeneur avait trouvé des ossements, sur les hauteurs des communes du Cruet et de Montmélian (Savoie).
7 septembre 2018 : les obsèques d’Arthur Noyer à Bourges
L’émotion est palpable lors des obsèques d’Arthur Noyer à la Cathédrale Saint-Etienne de Bourges, le 7 septembre 2018. Il est inhumé au cimetière Saint-Lazare. Les restes du caporal de 23 ans ont été restitués à sa famille fin juillet, après la fin des analyses et constatations nécessaires à l'enquête. "On pourra faire le deuil. On sait où il est, et qu’il repose en paix", estiment ses proches.
19 juin 2020 : la qualification d’assassinat est abandonnée
Nordahl Lelandais ne sera pas jugé pour assassinat mais pour meurtre. Les juges d’instruction ont suivi les réquisitions du Parquet de Chambéry. Maître Bernard Boulloud, l'avocat des parents d'Arthur Noyer, se dit déçu par cette décision. Mais pour lui, il y a "gros point de satisfaction : contrairement à la thèse de Nordahl Lelandais, c'est bien l'homicide volontaire qui est retenu et pas l'accident". Il encourt 30 ans de prison au lieu de la réclusion criminelle à perpétuité.
3 mai 2020 : début du procès à Chambéry
Le procès commence ce lundi (03 mai) sous fond de crise sanitaire. Parce que la capacité du tribunal est limitée, les débats seront retransmis en vidéo dans une autre salle du Palais de justice de Chambéry. La famille Noyer craignait également que leurs proches ne puissent pas se déplacer à cause des restrictions. Mercredi 21 avril, on apprenait que les déplacements entre régions, sans limitation de kilomètres, seraient à nouveau permis à partir du 03 mai. "C'est un soulagement", reconnait Didier Noyer, le père d'Arthur.
On va pouvoir rentrer dans une phase active de deuil. Et cette possibilité de se retrouver tout ensemble à Chambéry, savoir qu'il y a des gens pour Arthur, pour la famille, ça va nous rendre un peu plus fort.
"Ce qu’attend la famille, ce ne sont pas des manifestations de haine vis-à-vis de Lelandais. Ce que l’on veut, c’est rester dans la dignité", assure Bernard Boulloud, l’avocat de la famille Noyer, à nos confrères de France 3 Auvergne Rhône Alpes. "On sera, sur le fond, particulièrement déterminé pour faire éclater la vérité. On n’attend rien de Lelandais. S’il a quelque chose à dire, ce sera le moment. Mais on sait qu’il va tout faire pour essayer de sauver sa peau. Nous travaillons ce dossier depuis quatre ans. On a réuni un certain nombre d’éléments et on restera campés sur la théorie de l’assassinat". "On est prêts à aller au tribunal, à être face l’autre", résume Cécile Noyer. "On veut qu’il y ait justice pour la mort d’Arthur", conclut-elle.