Édouard Philippe, accompagné du ministre de la Santé, Olivier, a fait hier dimanche 19 avril le point sur l'épidémie de Covid-19 en France. Un discours qui lui a notamment permis d'aborder la stratégie du gouvernement pour préparer le déconfinement, à partir du 11 mai prochain.
Edouard Philippe est catégorique : après presque cinq semaines de confinement, si nous "marquons des points, et la situation s'améliore, lentement mais sûrement", nous ne sommes pour autant "pas sortis de la crise sanitaire". Le Premier ministre tenait hier, dimanche 19 avril, une conférence de presse, accompagné du ministre de la Santé, Olivier Véran.
Le rendez-vous, qui a duré plus de deux heures, a été l'occasion pour les deux hommes de dresser un point sur l'épidémie en France - on compte, à ce stade, 112.606 cas confirmés sur le territoire, et 19.718 décès - ; et d'esquisser les contours et les conditions pour amorcer le déconfinement.
Avec une affirmation principale à retenir : quoi qu'il arrive, "notre vie, à partir du 11 mai (date de déconfinement annoncée, ndlr), ne sera pas exactement la vie d'avant le confinement".
Application rigoureuse des mesures barrière
"Penser que l'épidémie est derrière nous serait une erreur"a insisté Edouard Philippe. Les appels au respect des gestes barrière et de la distanciation sociale se poursuivront donc après le 11 mai.Il s'agit d'ailleurs de la condition sine qua non pour assurer la réouverture progressive des commerces - à l'exception des bars et restaurants, pour l'heure toujours contraints de garder portes closes -. Ainsi, et quel que soit "le commerce en question", des files d'attente permettant un espace de plus d'un mètre entre chaque client devront être organisées, de même que la mise en place de gel hydroalcoolique " à l'entrée du magasin, ou juste avant la caisse".
Pour les autres corps de métiers, et autant que possible, "le maintien du télétravail" devra être privilégié. Faute de quoi un respect strict des mesures barrières sera de rigueur.Les commerces qui vont progressivement rouvrir ne pourront le faire qu'en respectant les gestes barrières : files d'attente organisées de telle manière à respecter la distance d'un mètre entre les clients, mise à disposition de gel hydroalcoolique à l'entrée du magasin...#COVID19
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) April 19, 2020
Plus de tests... mais pas pour tout le monde
Si le nombre de personnes testées va continuer à augmenter, avec un objectif de 500.000 tests PCR par semaine contre autour de 150.000 aujourd'hui, il n'y aura pas de généralisation des tests au sein de la population, a indiqué le ministre de la Santé. Ainsi, seules les personnes présentant des symptômes ou ayant été en contact avec des malades seront testées après le déconfinement.Une stratégie essentielle pour "isoler les porteurs du virus" estime Edouard Philippe. Et approuvée par le médecin biologiste Jean Canarelli, à la tête d'un des laboratoires effectuant les tests de Covid-19 pour la Corse, à Ajaccio.Pourquoi tester uniquement les personnes symptomatiques, et pas l’ensemble des Français ? Voici la réponse ⤵️ pic.twitter.com/uU5JsxA4GM
— Olivier Véran (@olivierveran) April 19, 2020
"Aujourd'hui, nous effectuons entre 600 à 700 tests par semaine, contre près de 1500 au plus fort de la crise, explique-t-il. Nous sommes en capacités d'en réaliser plus, notamment considérant que nous ne sommes plus le seul laboratoire à réaliser des tests pour la Corse, à condition qu'il n'y ait pas de rupture dans l'approvisionnement des réactifs", secteur sous tension depuis le début de l'épidémie.
Les personnes testées positives auront le choix entre un isolement à domicile, avec une interdiction stricte de sortie pour l'ensemble des membres qui composent son foyer ; ou dans un hôtel.
Le port du masque obligatoire dans certains lieux
La question des masques et de la nécessite ou non de leur port dans l'espace public durant cette crise sanitaire fait débat au sein de la population, du corps médical, et de la classe politique depuis le début du mois de mars.En Corse, deux millions de masques (un million de type chirurgicaux, un million de FFP2) ont été commandés par la Collectivité de Corse le 30 mars dernier : 1,2 millions d'unités sont déjà arrivées, et le reste devrait être livré dans les jours à venir.
Hier, dimanche, le ministre de la Santé a semblé faire un nouveau pas vers la banalisation du port des masques dans l'espace public, indiquant qu'ils pourraient être "un outil utile en complément des autres gestes barrière".Sur les masques pour les soignants : cette semaine pour la première fois, nous importons beaucoup plus de masques que nous n’en consommons. Ces chiffres nous permettent d'envisager un élargissement de la politique de distribution des masques dans les prochaines semaines. #COVID19 pic.twitter.com/y5TlkSaJ4Q
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) April 19, 2020
Ils resteront cependant, au moins dans un premier temps, d'abord à destination des soignants et des malades. "Nous devons être vigilants à ne pas dépenser ce stock (de masques, qui s'est au cours des dernières semaines largement renforcé et devrait continuer à grossir, ndlr) immédiatement" a averti Olivier Véran.
Également, il est probable, a indiqué le Premier ministre, "que s'agissant des transports publics, où la densité est mécaniquement assez forte, il soit obligatoire de porter un masque grand public".
Les visites dans les Ehpads de nouveau autorisées, mais sous conditions
Depuis ce lundi, un droit de visite, "exceptionnel", est mis en place dans les Ehpads et les établissements accueillant des personnes en situation de handicap. Un rendez-vous fixé à la demande du résident, et limité à deux personnes de sa famille en même temps.Les contacts - autres que visuels - restent strictement interdits, et le bon respect des mesures barrière doit être supervisé par le personnel des établissements concernés.
Les mêmes règles de visites s'appliqueront aux personnes handicapées en établissements pour rompre l'isolement https://t.co/Z5qbPb3y2d
— Sophie Cluzel (@s_cluzel) April 19, 2020
Incertitudes autour des vacances d'été, mariages, et le second tour des municipales
Pour le Premier ministre, il n'est "pas raisonnable" d'imaginer qu'une célébration de mariage "avec 200 personnes dans un endroit confiné soit immédiatement réalisable". Même tarif pour les réservations de vacances à l'étranger : "le transport aérien ne pourra pas reprendre rapidement" et le passage des frontières restera encore quelques temps "exigeant".Un appel à la prudence déjà relayé le 7 avril dernier par le secrétaire d'Etat aux Transports Jean-Baptiste Djebbari, interrogé par France Info : "Je conseille aux Français la plus grande prudence sur la préparation de leurs voyages. La situation aujourd'hui est encore trop incertaine."
La date de report du second tour des municipales, enfin, reste encore indeterminée. D'abord annoncé au plus tard au mois de juin, le scrutin pourrait finalement avoir lieu à l'automne, ou se voir repoussé à plus tard encore dans l'année.Le trafic aérien est très réduit (2%) et les taux de remplissage sont de 40% en moyenne ce qui garantit le respect des gestes barrières.
— J-Baptiste Djebbari (@Djebbari_JB) April 20, 2020
Certains vols ont toutefois connus des affluences plus élevées. J’ai demandé à @AirFranceFR de prendre les mesures nécessaires.? https://t.co/iafw1yL1dg