Rétrospective 2022 : la mort d’Yvan Colonna, grand bouleversement pour la société corse

Le 2 mars 2022, le militant nationaliste Yvan Colonna est violemment agressé au sein de la maison centrale d’Arles par un codétenu. Une agression qui entraîne une vague de manifestations en Corse qui aura, notamment, pour conséquence « l’ouverture d’un cycle de discussion sans précédent par le gouvernement ». Rétrospective.

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La mort d’Yvan Colonna, militant nationaliste, suite à une violente agression par un codétenu au sein de la maison centrale d’Arles a troublé la Corse en 2022. Elle a notamment conduit à l’organisation de manifestations regroupant des milliers de personnes dans plusieurs villes de Corse.

  • 2 mars : violente agression d’Yvan Colonna à Arles

Alors qu’Yvan Colonna, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour l’assassinat du préfet Claude Erignac, se trouve dans la salle de sport de la maison centrale d’Arles, il est violemment agressé par un codétenu, Franck Elong Abé.

Le militant nationaliste, en état de mort cérébrale, est transféré vers un hôpital de Marseille. Le ministère de la Justice annonce l’ouverture d’une enquête, notamment pour déterminer les circonstances exactes de l'agression.

À la demande du Premier ministre d’alors, Jean Castex, l’inspection générale de la Justice est saisie "pour faire toute la lumière sur les conditions de cette agression d'une particulière gravité."

  • 6 mars : manifestation de soutien à Yvan Colonna à Corte

Depuis l’agression d’Yvan Colonna, des manifestations de soutien sont organisées dans toutes la Corse. Néanmoins, le 6 mars, à Corte, se tient le premier grand mouvement de cette période, à l’initiative des syndicats étudiants. Tous les partis nationalistes appellent à la mobilisation.

Ainsi, entre 10.000 et 15.000 personnes défilent dans les rues cortenaises derrière une banderole « Statu francese assassinu ». À l’arrivée devant la sous-préfecture, des heurts éclatent entre manifestants et forces de l’ordre. 28 blessés sont à déplorer, 24 côté protestataires, quatre côté forces de l’ordre.

Ce même jour, à Paris, le parquet national anti-terroriste annonce la mise en examen de Franck Elong Abé pour tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste. Cette mise en examen sera requalifiée en assassinat en relation avec une entreprise terroriste après la mort d’Yvan Colonna.

  •  9 mars : le palais de Justice d'Ajaccio est incendié

Tous les soirs, au quatre coins de l'île, des heurts éclatent. Ils font parfois des dégâts considérables, comme ce 9 mars où le palais de Justice d'Ajaccio est incendié. 

  • 10 mars : création d’un collectif

Syndicats étudiants et partis nationalistes se rassemblent à Corte en assemblée générale. Après huit heures de discussions, un collectif voit le jour.

Il regroupe tous les syndicats étudiants (GP, GI et CGC), les quatre partis nationalistes (Femu, PNC, Core in Fronte et Corsica Libera), l'ensemble des associations de prisonniers, l'università di Corsica, le STC, l'APC, A Muvra ou encore Aiutu paisanu. Son but : entreprendre des actions de terrain pour « ne pas laisser la jeunesse corse exposée aux répressions et aux violences policières extrêmes. »

Un appel à la manifestation est lancée pour le 13 mars autour de trois thèmes portés par l’ensemble des signataires : "ghjustizia è verità per Yvan, libertà per i patriotti et ricunniscenza di u populu corsu."

  • 11 mars : levée du statut DPS pour Pierre Alessandri et Alain Ferrandi

Le Premier ministre, Jean Castex, tente d'apaiser la situation en annonçant la levée du statut de "détenu particulièrement signalé" (DPS) de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, deux autres membres du "commando Erignac" encore détenus sur le continent et condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité. Ce statut empêchait leur rapprochement vers une prison corse.

  • 13 mars : manifestation de soutien à Yvan Colonna et aux prisonniers "politiques" à Bastia

Une deuxième grande manifestation se tient à Bastia à l'initiative du collectif rassemblant l'ensemble de la famille nationaliste et réunit environ 10.000 personnes.

Depuis Marseille, où son frère Yvan est toujours dans le coma à l'Hôpital Nord, Stéphane Colonna remercie et apporte son soutien aux manifestants. Dans le même temps, dans les rues bastiaises, 300 cocktails Molotov sont saisis.

Des heurts entre manifestants et forces de l’ordre éclatent une nouvelle fois. 67 personnes sont blessées (44 policiers et gendarmes, 23 manifestants) et une personne est interpellée.

  • 16 et 17 mars : visite de Gérald Darmanin en Corse

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, se rend en Corse afin de faire revenir le calme dans l'île et ouvrir un nouveau cycle de discussions avec l'exécutif insulaire. Dans une interview accordée la veille au quotidien Corse Matin, il déclare : "Nous sommes prêts à aller jusqu'à l'autonomie".

Dans un compte rendu des réunions du 16 mars, l’ouverture d’un "processus à vocation historique de discussions" est actée. Ce dernier doit se tenir entre l’État et la Corse afin de construire une réponse politique globale à la question Corse, impliquant l’ensemble des élus et des forces vives. "Ce processus à vocation à être ouvert à l’ensemble des acteurs insulaires concernés dans la recherche et la mise en œuvre de solutions adaptées". Il est annoncé que le processus débutera à Paris dès la première semaine du mois d’avril par un premier cycle de réunions.

  • 21-25 mars : mort d’Yvan Colonna et obsèques

Dans le coma depuis le 2 mars, Yvan Colonna meurt à l’hôpital nord de Marseille le 21 mars. Son cercueil est accueilli à Ajaccio et accompagné par 2.000 personnes trois jours plus tard.

Les obsèques du militant nationaliste se tiennent le 25 mars dans son village de Cargèse. Des milliers de personnes, réunies en silence, ont fait le déplacement en Corse-du-Sud.


  • 3 avril : manifestation en mémoire d’Yvan Colonna à Ajaccio

Une troisième manifestation de grande ampleur se tient à Ajaccio à l’appel du collectif réunissant toute la famille nationaliste. Les revendications sont les mêmes que celles affichées lors des manifestations de Corte et de Bastia : "Justice pour Yvan Colonna, libération des prisonniers politiques et solution politique".

Environ 10.000 personnes se mobilisent. Dans les rues la tension monte très rapidement et des heurts éclatent une nouvelle fois entre manifestants et forces de l’ordre dans plusieurs secteurs de la ville. La préfecture de région fait état de 13 blessés (12 manifestants et un membre des forces de l'ordre). Sept personnes ont été hospitalisées, dont deux pour des blessures graves (une femme de 54 ans blessée à la jambe et un homme de 20 ans blessé à la main).

  • 11 avril : transfert de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi à Borgo

Incarcérés jusqu’à présent sur le Continent pour l’assassinat du préfet Erignac, les deux détenus arrivent dans l’île le 11 avril. Après avoir atterri à Poretta, ils ont été transférés en hélicoptère au centre pénitentiaire de Borgo.

  • 28 juillet : publication du rapport de l’inspection générale de la Justice

Le rapport de l'Inspection générale de la justice sur l'assassinat d'Yvan Colonna, remis à Elisabeth Borne, a été rendu public mais anonymisé dans la soirée du jeudi 28 juillet. La mission d'inspection pointe notamment plusieurs manquements de la part du personnel de la maison centrale d'Arles.

Soulèvement de la jeunesse, processus de discussions, travail parlementaire, 2022 aura été rythmé par une série d’évènements qui ont tous découlé de la mort d’Yvan Colonna et avec l’ouverture des travaux de la commission d’enquête parlementaire le sujet devrait continuer d’animer la Corse en 2023.

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