Face à la pénurie de carburant, certaines régions proposent des réductions ou la gratuité pour emprunter leurs transports en commun. Une initiative que le Grand Est ne suivra pas. David Valence, président de la commission transport de la région, explique cette décision.
Alors que la pénurie de carburant touche encore près de 22% des stations-services françaises mercredi 19 octobre, certaines régions ont fait le choix de proposer le week-end des 15 et 16 octobre des réductions, voire la gratuité, de leur réseau de transports en commun.
C'est le cas de l'Auvergne-Rhône-Alpes et de l'Occitanie. Cette dernière renouvelle même l'opération des tickets à un euro en cette fin de semaine, suite à un accueil très positif. Malgré quelques soucis au moment de l'achat, près de 86.000 tickets ont été vendus le week-end dernier. La région Provence-Alpes-Côte d'Azur a de son côté annoncé des billets et abonnements à moitié prix du mercredi 19 au vendredi 21 octobre.
Pour quelles raisons le Grand Est ne met pas en place un dispositif similaire ? Explications avec David Valence, président de la commission transport, déplacement et infrastructure de la région.
Pas le moment adéquat
Tout d'abord, l'élu déplore la temporalité des mesures dans les régions mentionnées. Celles "qui ont lancé ces opérations sont à contre-temps", assure David Valence. "Mardi, il y avait un mouvement de grève", rappelle-t-il en évoquant le débrayage interprofessionnel de la veille. "Dire qu'on fait des tarifs très faibles, alors qu'il y a moins de trains, c'est risquer de faire monter plus de gens à bord", ce qui engendre selon lui un "risque de déstabilisation du système ferroviaire".
D'autant plus que, d'après le président de la commission transport, les situations ne sont pas comparables. L'Occitanie transporte moins de 70.000 voyageurs par jour sur ses lignes, tandis que le Grand Est en compte 170.000.
Des travaux réduisent l'offre
Autre problématique, la question des travaux. "Il y en a de nombreux en ce moment sur pas mal de lignes", comme sur la ligne Nancy/Saint-Dié-des-Vosges, précise David Valence, ce qui se traduit "par des aménagements de services". Il y a donc fatalement "moins de monde dedans". Pour lui, "réaliser des opérations commerciales avec moins de trains, c'est un grand risque".
Des tarifs déjà avantageux
David Valence rappelle également que la région Grand Est propose "des tarifs très simples et attractifs", comme la carte Fluo, "qui pour un euro par an pour les moins de 26 ans permet d'accéder à l'ensemble des trains et cars avec - 50% de réduction". Une carte également accessible aux personnes âgées de plus de 26 ans, pour 20 euros par an.
"Nous faisons aussi des opérations petits prix à 5 euros", continue l'édile. "Elles sont proposées sur des trains avec des horaires plus flexibles, comme un dimanche en milieu de journée par exemple." Des actions qui rencontrent un "grand succès surtout auprès des jeunes". Le député des Vosges se félicite de ces "opérations qui incitent les gens à prendre le train".
Une vision sur le temps long
Concernant les transports en commun, le Grand Est a une stratégie à long terme, pleinement assumée par l'élu. "Ce qui fait monter quelqu'un dans un train, c'est le fait qu'il circule", estime le député des Vosges. Pour la région, c'est la priorité : "Quand on a de l'argent, on préfère mettre davantage de trains que de faire des baisses artificielles de prix. C'est un vrai choix politique", poursuit David Valence.
Selon lui, "la gratuité est une illusion parce que ça déstabilise l'offre de transport. C'est une offre ponctuelle qui ne résout pas les problèmes". Y compris en cette période de pénurie de carburant, le Grand Est "préfère augmenter l'offre et faire rouler le plus de train possible" plutôt que de baisser les coûts.