Le début du procès de l'attentat du marché de Noël de Strasbourg est marqué par la colère de certains avocats de parties civiles, qui ne comprennent pas pourquoi une webradio n'a pas été mise en place pour permettre aux victimes de suivre les débats à distance.
Ce vendredi 1er mars, au deuxième jour du procès de l'attentat de Strasbourg, un enquêteur de la sous-direction antiterroriste prend la parole. Dans le même temps, un autre sujet annexe au procès importe les parties civiles et leurs avocats : l'installation d'une webradio pour les nombreuses victimes qui vivent en dehors de Paris.
Le dispositif avait été utilisé pour les procès des attentats du Bataclan, celui de Nice ou encore la catastrophe de Millas. Une webradio, accessible aux victimes et à leurs familles, qui permet de suivre les débats à distance. Un outil bien utile quand les audiences doivent durer des semaines, voire des mois. Encore plus quand la plupart des parties civiles se trouvent à Strasbourg.
Oui mais voilà. Au grand désespoir des avocats des plus de 200 parties civiles, le dispositif n'a pas été prévu pour ce procès qui doit durer cinq semaines jusqu'au 5 avril. Quelques jours avant le début de l'audience, un avocat dénonçait "un procès low cost au niveau de l'intendance".
Je suis en colère
Catherine ZwarcAvocate de nombreuses parties civiles
Au premier jour, Catherine Szwarc s'est fait la porte-parole des avocats des parties civiles, demandant à la présidente d'installer cette webradio. "Je suis en colère. Pourquoi les victimes de Strasbourg n'ont pas accès à ce système technique alors que la salle dans laquelle nous sommes, qui a coûté des millions d'euros, en est équipée ?", avait-elle lancé aux caméras.
Ulysse Verdenne a 27 ans. Le 11 décembre 2018, son père Pascal a été tué par Chérif Chekatt dans le centre-ville de Strasbourg. Présents les deux premiers jours du procès, il ne pourra pas se rendre tous les jours à Paris en raison de ses impératifs et du coût que tous ces déplacements impliqueraient. Il est loin d'être le seul. "Cette webradio, c'est une idée super, je l'écouterais si on l'avait. J'espère que ça sera accepté. Mais surtout, ça aurait dû être mis en place dès le début. On ne devrait pas perdre deux heures pendant le procès pour discuter de ça, c'est ridicule", dénonce-t-il.
Audrey Wagner, dont l'ami est un miraculé, veut aller plus loin. "Je ne pense pas que j'écouterai cette webradio. Par contre, si le procès était retransmis au tribunal de Strasbourg, j'y serais allée", témoigne-t-elle. "Écouter tous ces débats, chez soi, sur son canapé, c'est quand même glauque", complète son compagnon.
Une webradio sans l'accompagnement d'un professionnel, certains n'en veulent pas
Faouzia SahraouiPsychologue
"Ces nouvelles technologies apportent un certain confort aux victimes. Mais une webradio sans l'accompagnement d'un professionnel, certains n'en veulent pas. Parce qu'une personne qui écoute les débats toute la journée, elle va avoir des interrogations", explique Faouzia Sahraoui, psychologue et directrice générale de l'association SOS France Victimes 67.
"Ne pas pouvoir écouter les débats, c'est un vrai manque pour certaines victimes. Pour d'autres, pas. Ça dépend vraiment des besoins de chaque personne, on n'éprouve pas tous la même chose. Mais pour celles qui souhaitaient réellement cette webradio, c'est affligeant de ne pas avoir tranché cette question plus tôt", ajoute-t-elle.
Réponse après le week-end
En réponse, le parquet rappelle ce que dit la loi tandis que la présidente laisse le président de la cour d'appel de Paris trancher. Une réponse est attendue le lundi 4 mars, pour le deuxième jour d'audition des enquêteurs.