La région Grand Est reste fidèle à son slogan "Faire du cinéma n'a jamais été aussi simple", mais peut se targuer, à Cannes, d'avoir accueilli 709 jours de tournage en 2018, contre 411 en 2017, soit une hausse de 70%.
Parmi les longs-métrages têtes d'affiche tournés au cours de l'année 2018, la région Grand Est détient à son palmarès Perdrix, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs, tourné dans les Vosges, qui sortira le 14 août (voir ici) et Les crevettes pailletées, succès inattendu du box-office, tourné en partie à Mulhouse et à Strasbourg (voir encadré ci-dessous).
Deux locomotives qui tractent une production pléthorique en cette année 2018 avec 10 longs-métrages et 18 courts-métrages tournés pour le cinéma, mais aussi et peut-être surtout une explosion des tournages pour la télévision, avec 10 téléfilms et 8 séries télévisées. Le nombre de jours de tournage a bondi de 70% par rapport à 2017.
"Les chiffres confirment deux choses, se félicite Pascal Mangin, le président de la commission Culture de la région : le potentiel de Champagne-Ardenne que nous avons développé et le réseau Plato (*) qui apporte une contribution financière et aussi un accompagnement pour les tournages."
La forte augmentation du nombre de tournages, on la doit donc principalement aux productions télé, et tout particulièrement celles de la société Makever. Cette filiale de Mediawan, l'un des plus grand producteur audiovisuel européen indépendant, a investi et aménagé deux hangars d'une ancienne base aérienne (la BA 112), située au nord de Reims. C'est là qu'y ont été tournés Double je, la nouvelle série de France 2 (dont la diffusion commence le vendredi 24 mai), ainsi que la série Chérif, toujours sur France 2, dont le tournage a été transféré de Lyon à Reims.
L'arrêt annoncé de la série policière ne semble pas inquiéter la région :"Nous avons rendu possible l'aménagement de la BA 112. Pour la société de production, les tournages y sont beaucoup moins chers qu'à Paris" insiste Pascal Mangin, confiant sur les productions qui seront tournées à l'avenir dans ces studios proches de la capitale.
Un budget en hausse de 16%
La région Grand Est consacre en 2019 un budget de 6 millions d'euros au fonds de soutien (8 millions si l'on ajoute les aides à l'écriture et au développement), contre 4,8 millions en 2017, soit une hausse de 16% par rapport au budget de l'année précédente, lequel était déjà en augmentation. "C'est un choix assumé, mais ça ne se fait pas au détriment d'autre chose comme le spectacle vivant ou le patrimoine" précise Pascal Mangin. Le Grand Est, en termes de financement, arrive en 3e position des régions (hors Ile-de-France), derrière les Hauts-de-France et Nouvelle Aquitaine. S'ajoute également le fonds de soutien de l'Eurométropole de Strasbourg, dont le budget, 840.000 €, reste stable.Soutenir les artistes et les films populaires
La région continue sa politique de soutien aux artistes qu'elle a déjà aidés, comme Rachel Lang, la réalisatrice de Baden-Baden, Clément Cogitore, réalisateur de documentaires et de fiction, ou Hubert Charuel, le metteur en scène de Petit paysan, mais veut aussi être davantage présente dans les films grand public. "Notre politique, c'est protéger les artistes, se montrer bienveillants sur les projets difficiles mais aussi s'inscrire dans des films plus populaires à budget moyen", résume le président de la commission culture de la région. Les crevettes pailletées, film populaire aidé par la région, en est l'un des meilleurs exemples.Renforcer l'accompagnement des films lors de leur sortie (ou leur diffusion pour la télévision), et pas seulement lors du tournage, devient le nouveau chantier de la région Grand Est : "le plus grand nombre de gens doivent savoir que ça a été tourné près de chez eux, c'est une question de donner de la fierté aux territoires" s'enflamme Pascal Mangin. Des avant-premières mais aussi des campagnes publicitaires vont donc accompagner les productions grand-estiennes.
(*) Créé en 2018, le réseau Plato regroupe 11 collectivités du Grand Est qui se sont engagées à favoriser l'accueil de tournages cinéma et audiovisuel : le Conseil départemental des Vosges, Mulhouse Alsace Agglomération, Troyes Champagne Métropole, la ville de Colmar, Metz Métropole, la communauté d'agglomération d'Epinal, la communauté urbaine du grand Nancy, la ville de Nancy, la communauté de communes Ardenne Rives de Meuse, la ville et l'agglomération de Reims, la ville de Châlons-en-Champagne et la ville de Vittel.
"Les crevettes pailletées", un succès inattendu, tourné dans le Grand Est
A l'affiche depuis le 8 mai, Les crevettes pailletées ont démarré en trombe au box-office, en réalisant le cinquième meilleur démarrage de l’année pour un film français. Au départ, le succès n'avait rien de garanti, avec cette histoire mettant en scène un champion de natation condamné par sa fédération, après des propos homophobes, à entraîner une équipe de water-polo gay, davantage motivée par la fête que par les perfomances sportives.Les crevettes ont été en partie tournées en Alsace, à Mulhouse, Illzach, Eschentzwiller, Muespach et Strasbourg (voir ou revoir ici notre reportage lors du tournage en juillet 2018). La Région Grand Est a financé le projet à hauteur de 150.000 euros, et Mulhouse Alsace Agglomération a versé 25.000 euros. Les retombées économiques du tournage sont estimées à environ 350.000 euros.