"On nous voyait comme des extraterrestres, personne n'y croyait" : une bière française première d'un concours international

La Marne, sur le podium du Concours international de Lyon. Cette cérémonie récompense notamment les meilleures bières du monde. Mathieu Aubert, brasseur de Cormontreuil, près de Reims, a obtenu la médaille d'or dans la catégorie "bières triples".

Pour trouver la meilleure "bière triple", rendez-vous au pays du champagne. C'est à Cormontreuil, près de Reims (Marne) que se trouve la brasserie artisanale la Bouquine. À sa tête, Mathieu Aubert, 48 ans : sa production a obtenu la médaille d'or dans la catégorie des "bières triples".

Il s'agit précisément d'une "triple pan houblon", connue aussi sous le nom de "triple pan cascade". La boisson a triomphé d'environ 8 700 échantillons en compétition, venant de 49 pays. Une consécration pour ce producteur artisanal de la Marne que nous avions déjà suivi, il y a quelques années

Après l'obtention de ce titre, Mathieu Aubert et son équipe comptent s'ouvrir à de nouveaux projets. En attendant, ils savourent une victoire qui couronne des années d'efforts. 

Satisfaction et singularité

"Cela fait 13 ans que l'on travaille sur cette bière, alors automatiquement, cela représente une petite consécration. Ce titre vient récompenser énormément de sacrifices faits depuis 13 ans. Nous avions déjà été médaillés d'or, lors du concours général agricole : avoir désormais une récompense internationale, cela fait chaud au cœur et c'est une belle récompense pour toute l'équipe", nous confie l'artisan-brasseur rémois. 

Dans cette brasserie artisanale, neuf personnes composent l'équipe. Tous se concentrent notamment sur ces "bières triples". "Toutes les bières sont codifiées, contrairement à il y a 10 ans. On ne parle plus de blonde, de brune ou d'ambrée. Les triples sont principalement composées de bières belges. La Chouffe, la Triple Karmelite, la Délirium et la Troll sont des marques qui ont fait découvrir ce genre. Elles tirent entre 7 et 9 degrés, ont beaucoup de corps et sont plutôt cuivrées, avec des mousses assez abondantes", complète-t-il. 

Dans cette production, il faut distinguer deux catégories : "Il y a soit la triple pan classique, soit la triple pan houblon ou triple pan cascade. C'est celle qui a été médaillée. Elle se caractérise par un houblon riche en huiles essentielles. Un houblon particulier appelé cascade, qui donne des notes légères d'agrumes, de pamplemousse rose. La triple cascade est une déclinaison houblonnée de la triple pan, que l'on fabrique depuis 13 ans."

Un choix de production que Mathieu Aubert et son équipe justifient par un constat. "La bière triple est une des plus consommées. Depuis quelques années, on ne trouvait que des bières belges dans les bars, c'est dommage. Nous, Français, faisons de bons produits, c'est dommage", détaille ce brasseur. 

Des efforts et des projets futurs

La récompense internationale obtenue couronne des efforts continus. "Il y a 13 ans, on nous voyait comme des extraterrestres, personne n'y croyait. Tout a commencé dans le fond d'un garage, à Verzenay, dans la Marne. Une ancienne caserne de pompiers, où on a commencé à bricoler, dans un petit hangar qui était la réserve à pompes des pompiers. À l'époque, on concevait notre matériel : il n'y avait pas de salle à brasser pour les petits volumes, pas de petites cuves, et il a fallu détourner des lignes d'embouteillage de vin, pour nous", se souvient Mathieu Aubert.

Au cours des premières années, les brasseurs artisanaux évoluent dans seulement 80m2. Aujourd'hui, leur surface s'étend sur plus de 1200m2. 50 à 60 hl (hectolitres) de bière sont produits : bien moins qu'actuellement. "Nous produisons désormais 2500 hl de bière toutes catégories confondues. La triple pan et la triple cascade correspondent à 40% de notre production", précise l'ancien ingénieur de l'aérospatiale. Désormais, les bières de cette brasserie se vendent "dans un peu plus de 1000 points de vente en France", mais aussi "en Belgique, aux Pays-Bas et au Luxembourg".

Ils ont aussi élargi leur cible : au-delà du domaine des grandes et moyennes surfaces, ce sont les cafés, hôtels et restaurants qui écoulent leurs produits. "On n'est plus sur une bière que l'on boit pour se désaltérer, on est aussi sur une bière de dégustation. On a aujourd'hui une belle part sur les tables de restaurateurs, classiques comme étoilés. On est de plus en plus sur bières gastronomiques, de sorte qu'on a réussi à changer l'avis de certains chefs, qui nous mettent sur leurs cartes", relate Mathieu Aubert. 

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Forte de cette reconnaissance, l'équipe de Cormontreuil (Marne) envisage de nouveaux projets : "On sort au minimum une bière éphémère par mois : c'est une bière où on s'amuse. La bière de fraîcheur d'été, la Tiki, avec de l'ananas frais au cours de la fermentation. On réfléchit aussi à une bière d'automne, la Bouqupord. Puis l'Irish coffee : on collabore avec torréfacteur local, les cafés Miguel. Ils concoctent un café spécialement fait pour nous. En fin de torréfaction, le café est arrosé de whisky. On fabrique alors un stout (NDLR : bière noire) que l'on fait ensuite macérer dans le café crée par le torréfacteur."                     

Des bières qui pourront être dégustées sur place, dans cette brasserie de Cormontreuil. Avec modération, bien évidemment, pour apprécier toute leur saveur. 

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