Des maires sortants reconduits, une abstention forte et peu de maires écologistes. C'est ce qu'il faut retenir de ce dimanche 28 juin en Champagne-Ardenne. Pour mieux comprendre ces résultats, nous avons posé trois questions à Olivier Dupéron, politologue spécialiste de la région.
Les résultats sont nets. Dans la majorité des villes où un second tour a eu lieu en Champagne-Ardenne, les maires sortants sont sortis vainqueurs du scrutin. Un seul maire écologiste a été élu, c'est à Fagnières, dans la Marne. Autre point important, le taux d'abstention a été très important, alors que les élections municipales font partie des scrutins les plus suivis des Français. Retour sur ces résultats hors du commun avec Olivier Dupéron, politologue spécialiste de la région Champagne-Ardenne.
France 3 Champagne-Ardenne : Que peut-on retenir des résultats de ce second tour des élections municipales ?
Déjà une participation qui a été un peu meilleure qu'au premier tour, mais qui reste très faible pour un second tour d'élections municipales, en tout cas, plus faible qu'en 2014. Dans certaines communes, je pense à Châlons-en-Champagne, le taux de participation a été très faible.
Ensuite des maires sortants qui ont plutôt été confortés, même s'ils étaient en difficulté, je pense à Revin notamment et dans une moindre mesure à Jean-Pierre Bouquet à Vitry-le-François et à Aÿ-Champagne, avec des listes en face d'eux qui fusionnaient ou des retraits qui pouvaient jouer en leur défaveur. Ils ont finalement très bien résisté, sauf à Langres où Sophie Delong a été battue, mais elle partait très en retard face à Anne Cardinal.
Est-ce qu'il y a eu un "effet covid" qui aurait avantagé les maires sortants ?
C'est très compliqué. Je ne suis pas certain que l'"effet covid" domine dans l'issue du second. Alors c'est vrai que les maires ont été prolongés, qu'ils ont été davantage visibles par la nature des choses puisqu'ils étaient aux commandes de leur commune et que les opposants ne pouvaient plus communiquer. Ils ne pouvaient ni sortir ni développer une campagne comme d'habitude.
Malgré tout, les résultats ne sont pas si étonnants par rapport à ce qu'on peut connaître dans un entre-deux-tours, même s'il est plus court d'habitude. Peut-être que le maire de Revin a pu profiter de cette période pour récupérer son retard. En même temps à Revin, il y avait des circonstances particulières dans l'union de la gauche qui s'est mal faite.
Strasbourg, Lyon par exemple sont passées aux mains des écologistes. En Champagne-Ardenne, seule Fagnières a élu un maire écologiste, comment expliquer ce retard des écologistes dans la région ?
C'est un retard des écologistes, c'est plutôt un effet qu'on a déjà connu avec des soirées où la gauche l'emportait massivement en France sur des législatives ou des municipales. Elle dominait moins en Champagne-Ardenne. Ça reste quand même une région plutôt ancrée à droite, au centre-droit, autour des Républicains, parfois d'autres partis comme les centristes.
Et puis il y a une autre difficulté pour les écologistes, c'est que tous les programmes se verdissent. Aujourd'hui, tout le monde fait de l'écologie à sa manière et il faut pour Europe-Ecologie-les-Verts réussir à nouer des alliances, avoir une construction politique qui lui permette de s'implanter dans une ville. C'est davantage possible dans une ville avec une tradition écologique plus ancienne comme Strasbourg. En Champagne-Ardenne ce n'est pas encore le cas, mais on peut imaginer qu'au fil des élections, c'est une force qui a vocation à exister dans la plupart des régions.