Transports, industrie, éducation, place de l'Alsace : ce qu'il faut retenir de l'interview de Franck Leroy, le président du Grand Est

Un an après son arrivée à la tête du conseil régional du Grand Est, Franck Leroy était l'invité de "Dimanche en politique Grand Est" ce 4 février. Transports, industrie, éducation, écologie, voici ce qu'il faut retenir de l'émission.

Après la démission de Jean Rottner, Franck Leroy a été élu président du conseil régional du Grand Est le 13 janvier 2023. Après un peu plus d'un an d'exercice, l'élu divers droite, ancien maire d'Épernay dans la Marne, était l'invité de Lodoïs Gravel dans "Dimanche en politique Grand Est" ce dimanche 4 février 2024. L'occasion de faire un premier bilan sur la question des transports, de l'industrie, de l'éducation ou encore du développement durable.

La colère des agriculteurs

"Il est heureux que cette crise ait eu lieu, quelque part, parce que ces problèmes couvaient depuis un certain temps. Les agriculteurs étaient confrontés à des problèmes de revenus, à des problèmes de concurrence déloyale et un manque de considération de la part de la population", indique Franck Leroy.

"Ce mouvement, qui a été parfaitement orchestré sans débordement, a permis de mettre en évidence des questions qui traînent depuis longtemps. Il n'est pas normal que les gens qui travaillent entre 60 et 80 heures par semaine n'aient pas un revenu décent."

Arrêtons l'agribashing, arrêtons de considérer que l'agriculture est un problème, elle est une partie de la solution.

Franck Leroy, président du conseil régional du Grand Est

Le conseil régional a voté une motion d'urgence en soutien au monde agricole le 26 janvier. "Elle nous a permis de rappeler que notre région est la première région agricole française, qu'elle est aux côtés de ses agriculteurs. Nous devons impérativement travailler à leurs côtés pour leur permettre de mieux vivre et de se trouver dans une situation de concurrence loyale."

Le nouveau gouvernement

Après l'arrivée de Gabriel Attal à Matignon et l'annonce d'une partie des ministres en janvier, le reste de l'équipe gouvernementale se fait attendre. "On a effectivement besoin d'avoir assez vite l'identité des ministres, parce que sur des sujets de transports ou de développement industriel, on est aujourd'hui un peu paralysés parce que nos correspondants habituels ne sont pas là", explique l'élu divers droite. 

Il salue l'arrivée de Catherine Vautrin, ancienne présidente de la communauté urbaine du Grand Reims, à la tête d'un grand ministère. "Elle a des dossiers extrêmement complexes, le travail, les solidarités, la santé mais j'ai toute confiance en elle pour réussir."

Sa présence à Davos

Franck Leroy était présent au Forum économique mondial de Davos en janvier, aux côtés du président de la République et d'autres présidents de régions (Valérie Pécresse pour l'Île-de-France, Christelle Morançais pour les Pays de la Loire et Renaud Muselier pour Provence-Alpes-Côte d'Azur). Un déplacement qu'il présente comme "très utile".

"Je ne connaissais pas Davos. J'ai été impressionné par ce Forum économique mondial, par la qualité et la diversité des intervenants", explique Franck Leroy. Un déplacement utile, selon lui, pour "préparer de futures implantations industrielles dans nos territoires."

"Nous sommes un territoire industriel qui aime accueillir les investisseurs étrangers. Le déplacement de Davos a été très utile puisque nous avons eu un certain nombre de contacts privilégiés avec des gens que nous n'aurions peut-être jamais pu rencontrer autrement."

La transition écologique

En novembre 2023, Metz a accueilli la première COP territoriale de France. L'occasion d'afficher un objectif de baisse des émissions de dioxyde de carbone (CO2) de 20 millions de tonnes d'ici 2030 dans la région.

Si nous voulons stopper le réchauffement climatique, il faut ralentir l'utilisation des énergies fossiles et ça va se planifier secteur par secteur dans le cadre d'une concertation.

Franck Leroy

"Nous avons des objectifs d'arriver à la neutralité carbone à 2050, on n'y arrivera pas en claquant des doigts", reconnaît le président du conseil régional. "Secteur par secteur, territoire par territoire, nous avons chacun un bout de chemin à faire. Les agriculteurs, les industriels, les transporteurs, les énergéticiens, le monde de l'environnement… Tous les acteurs sont conscients qu'il faut bouger."

Les transports

Les transports en commun, et notamment les TER, sont le poste le plus important du budget du conseil régional du Grand Est. La mise en place du réseau express métropolitain européen (REME) à Strasbourg l'an dernier a eu lieu dans la douleur. Nous avons notamment fait le point sur ce sujet dans l'émission Enquêtes de région, diffusée en décembre 2023.

"On a pensé, et la SNCF l'a reconnu aussi, que ça allait aller plus vite, admet l'élu. En réalité, on a rencontré des difficultés avec un manque de conducteurs, une problématique d'organisation au niveau de la gare de Strasbourg, qui est la gare de province qui supporte le plus de mouvements de trains en France."

Les ratés du début sont désormais de l'histoire ancienne, selon l'élu, mais l'objectif de 1000 trains supplémentaires n'est pas encore atteint. "Les choses se sont remises en place puisqu'à date, nous avons 650 trains de plus qu'à l'automne 2022, ce qui veut dire que c'est déjà aux deux tiers un succès."

Plus de transports, c'est plus de solutions pour nos concitoyens et c'est aussi une empreinte carbone qui baisse. Parce que le transport public à cette vertu, c'est qu'il est propre.

Franck Leroy

"Il nous manque encore une partie de l'offre, qui va être consolidée au fil du temps. Des travaux sont sûrement nécessaires à certains endroits. Mais 650 trains de plus par semaine en gare de Strasbourg et jusqu'à 40 ou 50 km de Strasbourg, c'est déjà un progrès immense."

L'élu "assume totalement" les erreurs de communication avec les promesses du REME bien loin de la réalité. "On a pensé finalement qu'arriver aux 950 ou 1000 trains viendrait très vite. En réalité, il faut un peu plus de temps, mais les progrès sont là et de très nombreux usagers du train le constatent aujourd'hui."

La densification des circulations des trains doit également devenir une réalité dans d'autres secteurs de la région. "Le premier REME a été monté, on a connu quelques difficultés. On a appris. Demain, entre Mulhouse et l'EuroAirport et entre la Lorraine et Luxembourg - et un peu plus tard autour de Reims dans ce qu'on appelle l'étoile de Reims - nous aurons des systèmes de transports métropolitains de grande qualité", assure-t-il.

Les lycées

La gestion des lycées fait aussi partie des missions des conseils régionaux. Dans le Grand Est, une réorganisation a été annoncée au printemps dernier. Des bâtiments doivent être regroupés, plusieurs lycées doivent fermer.

Franck Leroy confirme la fermeture du lycée de Pulversheim près de Mulhouse. "Il fermera à la rentrée 2025, puisqu'on prend le temps de faire les travaux pour que les élèves qui se trouvent à Pulversheim se retrouvent dans les lycées qui sont tous à moins de 15 km."

On a concentré plusieurs sites en un seul de manière à rationaliser l'offre. Mais pas une formation n'a été fermée.

Franck Leroy

L'élu affirme que "les élus locaux ont parfaitement compris la logique de la région" concernant cette réorganisation des lieux d'enseignement. "C'est concentrer les élèves sur des établissements dans lesquels les plateaux techniques sont refaits à neuf. Nous avions des lycées qui étaient occupés à 45%. Au moment où on paye l'énergie si cher, quand vous chauffez 100% d'un lycée pour 45% d'occupants, il y a un vrai problème de gestion publique."

La sortie de l'Alsace du Grand Est

Franck Leroy réfute l'idée d'un nouveau redécoupage du Grand Est, avec une sortie de l'Alsace défendue par exemple par le président de la collectivité européenne d'Alsace. 

"Les relations avec Frédéric Bierry sont cordiales. Nous avons quelques différends. Lui pense évidemment que la collectivité européenne d'Alsace doit devenir une région, alors même que les accords de Matignon que nous avons signé ne le prévoient pas, indique Franck Leroy. Je note que le président de la République lui-même est venu en Alsace annoncer que le Grand Est resterait le Grand Est et que nous devons travailler ensemble. C'est ce que nous faisons au quotidien."

"On a des institutions stables aujourd'hui. Tous les présidents de région refusent catégoriquement qu'on revoit les périmètres parce que ce serait du temps et de l'argent de perdu pour tout le monde. Nos concitoyens attendent qu'on travaille, ils attendent des résultats."

La remise en cause du concordat

Plusieurs députés LFI, dont l'élu du Bas-Rhin Emmanuel Fernandes, ont déposé une proposition de loi visant à élargir la loi de séparation des Églises et de l'État à tout le territoire français, avec dans le viseur le régime local des cultes en Alsace-Moselle.

Franck Leroy se dit "profondément choqué" par cette proposition. "Le Conseil constitutionnel a rappelé l'importance du droit local et le considère comme constitutionnellement établi", affirme l'élu. "On sait que la stratégie de LFI est de semer le chaos partout, et de bousculer les institutions. Notre pays a besoin de stabilité et le droit local est un acquis qui nous est très cher et que nous devons absolument conserver."

L'émission "Dimanche en politique Grand Est", présentée par Lodoïs Gravel et diffusée le 4 février 2024, est à retrouver en replay sur la plateforme france.tv.

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